Conjoncture économique Maroc : La conjoncture économique actuelle

Dans un contexte mondial et national marqué par la crise sanitaire, le CMC présente un rapport sur la conjoncture économique du pays selon différentes perspectives.
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Posté Le : Lundi 7 septembre 2020

Où en est la conjoncture économique du Maroc ?

En 2019, la baisse concomitante de la production et des échanges a mis un sérieux coup de frein à la croissance mondiale, qui est tombée à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008, avec un taux de croissance tombé à 2,4 % seulement. L’économie marocaine, elle, tournait à un niveau inférieur à son potentiel, le secteur agricole non irrigué contribuant à sa volatilité, bien que les autres secteurs enregistrant une reprise timide.

Chacun prétendait que l’économie mondiale devrait redémarrer en 2020, en partie à la faveur de la poursuite des politiques de soutien monétaire. En janvier, l’ONU avait publié son rapport « Situation et perspectives de l'économie mondiale » pour l’année 2020. Selon ce rapport, si les risques sont maîtrisés, l’activité économique mondiale pourrait repartir légèrement à la hausse. Toutefois, les perspectives de croissance économique déprendraient de la résorption des différends commerciaux et des incertitudes. Mais aujourd’hui avec la pandémie du COVID-19, le monde a considérablement changé depuis les dernières mises à jour des perspectives de l'économie mondiale. Qu’en est-il alors de la conjoncture économique actuelle au Maroc ?

L’impact produit par la pandémie du COVID-19 sur la conjoncture économique marocaine

Ces dernières années, la conjoncture au Maroc a été caractérisée par une stabilité macroéconomique et un faible niveau d’inflation. Il faut dire que le Royaume a renoué avec la croissance économique depuis le début des années 2000, néanmoins celle-ci reste corrélée au secteur agricole et à la conjoncture économique mondiale. Ainsi depuis 2014, on note un ralentissement du PIB, et a atteint 2,2 % en 2019, contre 3 % en 2018. Selon la Banque Mondiale, ce ralentissement est principalement dû à la volatilité du secteur agricole et une croissance faible du secteur tertiaire. L’agriculture représente globalement environ 40 % de l’emploi, les services 40 %, l’industrie 11,3 %.

Mais la crise liée au COVID-19 ne ressemble à aucune autre. La crise sanitaire en elle-même et les mesures de confinement et d’arrêts d’activités prises par différents pays auraient significativement affecté l’économie et le commerce à l’échelle mondiale au cours du deuxième trimestre 2020. Un scénario de pandémie avait été évoqué comme une possibilité lors des précédents débats de politique économique, mais aucun n'avait une idée précise de la forme concrète qu'il prendrait et de ses conséquences pour l'économie. L’épidémie alliée à une sécheresse prolongée a par ailleurs déjà fait sentir ses effets sur l’économie marocaine. Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB réel devrait atteindre seulement 1,7% en 2020.

Durant le deuxième trimestre 2020 et dans un contexte de fort recul de la croissance et du commerce mondial, l’économie nationale se serait contractée de 13,8%, après une hausse de 0,1% au trimestre précédent, sous l’effet d’une baisse de 14,4% de la valeur ajoutée non agricole et d’un repli de 6,1% de celle de l’agriculture. Depuis juillet, la baisse de la valeur ajoutée hors agriculture s’atténuerait progressivement avec la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières, s’établissant à -4,1%. Compte tenu d’un abaissement de 5,9% de la valeur ajoutée agricole, l’activité économique régresserait de 4,6%. Il faut noter qu’au cours de la même période en 2019, l’activité économique marocaine a connu une hausse de 2,4%.

Peu de secteurs ont été épargnés par la crise, mais la contraction de la conjoncture économique du Maroc est principalement due à une baisse de la production de biens et services, une réduction des exportations, une perturbation des chaînes de valeur mondiales, ainsi qu’à une baisse du tourisme due aux restrictions de voyage et aux fermetures de frontières.

Les dernières prévisions et perspectives de croissance

Les effets mondiaux de la pandémie de COVID-19 viennent s’ajouter aux effets nationaux et à ceux de la sécheresse. Néanmoins, le fonds COVID-19 qui a été créé pour atténuer l’impact économique et social de la pandémie pourrait bien permettre d’éviter la faillite d’un bon nombre d’entreprises et de sauver des emplois.

Sous réserve de la reprise économique mondiale post-pandémique, la croissance du PIB devrait augmenter jusqu'à 4,8 % en 2021, selon les prévisions actualisées du FMI (avril 2020). La production devrait atteindre de nouveau les niveaux d’avant la pandémie.

Dans la conjoncture actuelle au Maroc, il faut noter que les secteurs du tourisme et des services ont été parmi ceux des plus touchés par la crise sanitaire. Le Royaume a émis diverses restrictions de voyager et a annulé des événements internationaux. Alors que, de manière globale, l’économie marocaine se caractérise par une faible diversification, si elle repose principalement sur les exportations, le dynamisme de l’investissement privé et le tourisme. Néanmoins, du moment que les restrictions sont progressivement levées, le secteur du tourisme pourra se redresser en 2021. Les autres services, y compris les banques, l'immobilier et les télécommunications sont également touchés, mais devraient de nouveau prospérer à partir de 2021, soutenus par la hausse de la demande intérieure et l'expansion de nombreuses entreprises en Afrique subsaharienne. À noter que le secteur des services représente un peu moins de la moitié du PIB (49,5%) et emploie 40,5% de la population active. Ce secteur a fortement progressé de 2,7% en 2018, mais il est aussi porté par le tourisme et l'immobilier.

Bien évidemment, ces perspectives de croissance seront fortement influencées par l’évolution de la pandémie, les mesures prises par le gouvernement et la conjoncture économique mondiale. L’économie marocaine devrait ainsi être fortement impactée par la récession économique en Europe. On devrait également observer une diminution de la consommation des ménages en lien avec la fermeture de nombreuses activités pendant la pandémie, causant une baisse des revenus.

De son côté, la Banque Mondiale, face au risque d’épidémie prolongée, préconise de passer d’une phase d’atténuation à une phase d’adaptation pour garantir la résilience, le caractère inclusif et la croissance de l’économie marocaine.