Croissance: Le CMC moins pessimiste que le HCP

Pas d’inquiétude outre mesure. Dans sa dernière livraison, le Centre marocain de conjoncture se veut moins pessimiste que le HCP en ce qui concerne la croissance en 2020.
Source : L’économiste
Posté Le : Vendredi 1 mai 2020

Tout au plus un recul de 3,2% contre un peu plus de moins 7% pour l’institution que préside Ahmed Lahlimi Alami. Le Centre affiche également une certaine prudence, tant les incertitudes pèsent encore sur la durée et les impacts attendus de la pandémie du Covid-19.

«Evaluer les incidences de la crise sanitaire sur l’activité économique présente encore d’énormes difficultés», concède le CMC. Mais si la quantification du niveau de l’impact pourrait receler une marge d’erreur significative, il est certain qu’en raison de la récession que connaissent actuellement la majorité des pays, l’économie nationale serait sérieusement affectée. Ceci, de par son ouverture et ses interdépendances avec le monde extérieur.

En plus, elle se trouve prise en tenaille entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance du secteur agricole. Aujourd’hui, le déficit pluviométrique avéré préfigure d’une mauvaise campagne agricole. Ce qui a déjà amené la tutelle à mettre en œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et protéger le cheptel.

En considérant que la crise prendrait fin au milieu de l’année, le Centre axe sa prévision sur 7 hypothèses. D’abord, l’actuelle campagne agricole provoquerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux. Ensuite, la baisse du taux directeur de Bank Al Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle.

En revanche, la politique budgétaire soutenue par le Fonds spécial de gestion de la pandémie et la solidarité agissante des marocains pourraient bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois.

Les autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars le baril après la chute qu’il a accusé en se situant aux alentours de 20 dollars. Elles supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas.

Ces hypothèses présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations concernant les termes de change, la parité du dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies de référence, le dollar et l’euro. Aussi la contreperformance attendue découlerait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du Covid-19.

En dehors de la branche des produits pharmaceutiques, du secteur du commerce et des services non marchands, les autres secteurs subiront les retombées néfastes induites par la maladie covid-19. Le secteur agricole afficherait une réduction de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3%. Alors que les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus et ce à des degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de l’activité.

Le secteur de l’hébergement et la restauration figure parmi les activités les plus touchées. Sa valeur ajoutée en termes réels devrait plonger d’environ 25 % tant la reprise serait lente et difficile. Les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait un fléchissement conséquent en glissement annuel.

Quant au secteur de l’industrie extractive, il devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître un recul si la situation reste inchangée.

Dans ce contexte anticipé de la croissance de l’économie nationale pour l’année 2020, la contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà de 1%. Pour l’heure, certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires, alors que   d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile.