Tout au plus un recul de 3,2% contre
un peu plus de moins 7% pour l’institution que préside Ahmed Lahlimi Alami. Le
Centre affiche également une certaine prudence, tant les incertitudes pèsent
encore sur la durée et les impacts attendus de la pandémie du Covid-19.
«Evaluer les incidences de la crise
sanitaire sur l’activité économique présente encore d’énormes difficultés»,
concède le CMC. Mais si la quantification du niveau de l’impact pourrait
receler une marge d’erreur significative, il est certain qu’en raison de la
récession que connaissent actuellement la majorité des pays, l’économie
nationale serait sérieusement affectée. Ceci, de par son ouverture et ses
interdépendances avec le monde extérieur.
En plus, elle se trouve prise en
tenaille entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance
du secteur agricole. Aujourd’hui, le déficit pluviométrique avéré préfigure
d’une mauvaise campagne agricole. Ce qui a déjà amené la tutelle à mettre en
œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et protéger le cheptel.
En considérant que la crise
prendrait fin au milieu de l’année, le Centre axe sa prévision sur 7
hypothèses. D’abord, l’actuelle campagne agricole provoquerait un affaissement
notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de
quintaux. Ensuite, la baisse du taux directeur de Bank Al Maghrib d’un quart de
point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle.
En revanche, la politique budgétaire
soutenue par le Fonds spécial de gestion de la pandémie et la solidarité
agissante des marocains pourraient bien faire éviter la faillite à un bon
nombre d’entreprises et sauver des emplois.
Les autres hypothèses
conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un
redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour
de 50 dollars le baril après la chute qu’il a accusé en se situant aux
alentours de 20 dollars. Elles supposent que l’inflation resterait contenue Ã
un niveau assez bas.
Ces hypothèses présument aussi
qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations concernant les termes de
change, la parité du dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport
aux deux monnaies de référence, le dollar et l’euro. Aussi la contreperformance
attendue découlerait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples
déclenchés par la maladie du Covid-19.
En dehors de la branche des produits pharmaceutiques, du secteur du commerce et des services non marchands, les autres secteurs subiront les retombées néfastes induites par la maladie covid-19. Le secteur agricole afficherait une réduction de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3%. Alors que les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus et ce à des degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de l’activité.
Le secteur de l’hébergement et la
restauration figure parmi les activités les plus touchées. Sa valeur ajoutée en
termes réels devrait plonger d’environ 25 % tant la reprise serait lente et
difficile. Les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier
devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait un
fléchissement conséquent en glissement annuel.
Quant au secteur de l’industrie
extractive, il devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs
induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa
croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître un recul si la
situation reste inchangée.
Dans ce contexte anticipé de la
croissance de l’économie nationale pour l’année 2020, la contribution des activités
des industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà de 1%.
Pour l’heure, certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont
bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits
intermédiaires, alors que d’autres sont
complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile.