Il s’agit là de la principale
conclusion de l'Enquête nationale sur les structures économiques 2015 réalisée
par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur les industries manufacturières. Ce constat
global renferme d’autres réalités plus parlantes, tel le fait que le secteur a
amélioré son intensité capitalistique au détriment de l’emploi. Autrement dit,
l’investissement ne crée pas assez d’emplois.
Ainsi, relève le HCP,
l’investissement des industries manufacturières a dépassé les 38,5 milliards de
DH, en hausse de 13,2%, en moyenne par an entre 2006 et 2014, contre une
progression d’à peine 2,6% pour l’emploi. La palme revient aux entreprises des
industries chimiques et para-chimiques qui ont contribué à hauteur de 76% du
montant total des investissements, réalisant une croissance annuelle moyenne de
18% depuis 2006. Par contre, l’investissement des entreprises du textile et du
cuir a connu une baisse annuelle moyenne de 4,6% et sa contribution est passée
de 11% en 2006 Ã 3% seulement en 2014.
Cette concentration de l’effort
d’investissement a fait aussi que près de 11% des entreprises ont été Ã
l’origine de 94% du montant total de l’investissement corporel du secteur. Le
reste a été réalisé essentiellement par les entreprises de taille moyenne
(4,7%) alors que la contribution des petites et très petites est à peine de
1,5% de l’investissement global.
En ce qui concerne le financement de
ses investissements, il a porté sur plus de 42 milliards de DH, dont environ
70% pour les industries chimiques et para-chimiques, selon le HCP qui note que
le recours aux financements extérieurs a été l’apanage des grandes entreprises,
tandis que les PMI se sont, en grande partie, autofinancées. Plus de la moitié
de la valeur investie par les grandes entreprises a été financée par
l’endettement. Par contre, près de 80% des PMI ont financé leurs
investissements par leurs propres moyens (autofinancement), au lieu de 14% par
des prêteurs externes ou encore moins par de nouveaux actionnaires.
Globalement, le taux d’autofinancement moyen des entreprises manufacturières
s’est établi à environ 46% et monte jusqu’à 97% pour les très petites
industries.
Pour ce qui est de la rentabilité
économique, elle a été relativement meilleure dans la chimie (14%) que dans les
autres branches industrielles (inférieure à 10%). S’agissant des coûts,
l’enquête du HCP montre que dans l’ensemble, la structure des coûts de la
main-d’œuvre a peu évolué dans le secteur des industries manufacturières entre
2006 et 2014. Les dépenses du personnel ont constitué près de 2,6% des charges
totales des entreprises. Les ouvriers ont accaparé 51% de la masse salariale
distribuée, suivis des cadres avec 39% et les employés de bureau avec 7%.
L'enquête du HCP fait ressortir
aussi que, globalement, le taux d’intégration du tissu industriel marocain a
atteint 65% en 2014, avec 33% dans l’industrie automobile, 37% dans la
fabrication d'équipements électriques, 86% pour l’agroalimentaire et 69% dans
le textile et cuir.
En tout, les industries
manufacturières ont réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 434 milliards de DH
en 2014 (dont presque un quart généré par le commerce extérieur), en croissance
annuelle moyenne de 5,7% depuis 2006. Ces industries ont produit pour 409
milliards, contribuant pour 26,5% de la production nationale, en hausse
annuelle moyenne de 5,9% et ont réalisé une valeur ajoutée de 93,9 milliards,
en accroissement annuel moyen de 5%. Sa contribution à la valeur ajoutée totale
a, toutefois, reculé d’environ un point pour se situer à 11,3% en 2014.
Les industries manufacturières font
travailler près de 625.000 employés (dont 191.000 femmes), représentant un peu
plus de la moitié de l’emploi total du secteur industriel (organisé et non
organisé) et 6% de la population active occupée nationale âgée de 15 ans et
plus. Cette enquête a révélé aussi que ces effectifs sont composés à hauteur de
15% de cadres, de 6% d’employés de bureau et de 76% d’ouvriers. L'emploi a donc
affiché une progression annuelle moyenne d’à peine 2,6% depuis 2006, avec un
rythme en deçà des performances réalisées par les autres agrégats. Les grandes
entreprises ont occupé 67% des effectifs employés.
Pour les exportations du secteur,
près de 20% des entreprises opérant dans l’industrie manufacturière ont réalisé
un chiffre d’affaires à l’export. Ce dernier s’est élevé à 112 milliards,
contribuant pour 26% au chiffre d’affaires total, en amélioration de 6,4% en
moyenne par an depuis 2006. Cet export est réalisé en grande partie par les
industries du textile et du cuir (80%) et les industries électriques et
électroniques (56%), notamment les grandes structures qui ont généré 78% des
ventes à l’extérieur des industries manufacturières. Ces dernières comptent
9.248 entreprises, dont un peu plus de 800 à participation étrangère. La part des
grandes entreprises dans ce tissu a atteint 11%, contre 89% de très petites et
moyennes industries (TPMI), selon l’enquête du HCP. Près du tiers de ces
entreprises est implanté dans la région du Grand Casablanca, suivi par la
région de Tanger-Tétouan avec 10% des entreprises, puis les régions de
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Près de trois quarts
(74%) de ces entreprises sont des sociétés à responsabilité limitée (SARL),
contre 10% pour les sociétés anonymes et des entreprises individuelles.