Cette investigation révèle le point
de vue du patronat marocain sur l’environnement économique qu’offre le Maroc
pour permettre aux entreprises nationales de gagner des parts de marché Ã
l’étranger, montre quel jugement ont les industriels sur la compétitivité de
l’économie nationale au cours des décennies 2000 et 2010, compare la
performance du Maroc par rapport aux pays voisins et concurrents, identifie les
atouts et les handicaps du Maroc en matière de compétitivité, donne l’avis des
industriels sur les mesures annoncées par le gouvernement, relève les facteurs
limitatifs, actuellement, de la production nationale et les attentes des chefs
d’entreprise tant du gouvernement que de l’ouverture du Maroc sur l’Afrique.
Sur la compétitivité du Maroc,
notant que 53,8% des chefs d’entreprise
marocains enquêtés jugent que l’environnement économique qu’offre le
Royaume est plutôt compétitif contre 46,2% qui le considèrent comme non
compétitif.
Selon les patrons marocains, le
Maroc n’a pas été compétitif au cours de la décennie 2000.
Presque 68% des responsables des
entreprises sondés le pensent. Cet avis n’est pas partagé par un peu moins de
33% des enquêtés qui estiment que l’économie nationale a été plutôt compétitive
au cours de cette période.
La décennie 2010 est favorablement
jugée par ces mêmes opérateurs. Ils sont 59% à avoir déclaré qu’au cours de
cette période, l’économie nationale a été compétitive. Elle a même été très
compétitive selon 7,7% d’entre eux. Elle a été, cependant, jugée non
compétitive par 41% des industriels.
Sur la compétitivité du Maroc par
rapport aux autres pays, il ressort que les pays considérés par une large
fraction des enquêtés, comme plus compétitifs que le Maroc, sont la Turquie
pour plus de 56% et l’Espagne pour 51%. Les avis sont partagés pour les autres
pays à l’exception toutefois de la Tunisie considérée comme étant aussi
compétitive que le Maroc pour 46,3% des personnes interrogées.
Il apparait aux yeux des opérateurs
marocains que les atouts en matière de compétitivité par rapport aux autres
pays concurrents sont surtout les infrastructures de transport et de
communication pour plus de 85% des responsables concernés par l’enquête, le bon
choix stratégique dans certaines filières de l’économie pour 80,5% des sondés,
le niveau de rémunération des salariés pour 51,2% d’entre eux et dans une
moindre mesure la qualité des institutions marocaines
Les handicaps du Maroc en matière de
compétitivité, ils estiment que l’insuffisance des investissements dans la
recherche et l’innovation et le décalage entre la formation des jeunes et les
besoins des entreprises sont les plus importants obstacles à la compétitivité.
C’est l’avis de plus de 85% des patrons marocains. Le coût de l’énergie, la
mauvaise qualité du dialogue social, le manque de souplesse pour embaucher ou
licencier et la lourdeur des charges sociales sont également considérés comme
des obstacles à la compétitivité. Cette appréciation concerne 34% à 56% des
chefs d’entreprise.
Autre enseignement, les mesures
annoncées par le gouvernement au cours de ces dernières années sont
favorablement perçues par les chefs d’entreprise concernés par ce sondage. Ils
sont presque 77% Ã partager cet avis.
Le système de change actuellement en
vigueur ne favorise pas la compétitivité de l’économie marocaine, selon 61,8%
des responsables.
Pour plus de 76% de ces industriels,
un taux de change flexible stimulerait la compétitivité des entreprises
nationales.
Notons qu’actuellement la perception
de la position compétitive de l’économie marocaine au niveau du marché national
est partagée entre hausse et stagnation. En effet 43,2% des patrons estiment
que cette position est en hausse et presque autant pensent qu’elle est en
stagnation.
Un jugement presque similaire est
attribué au marché de l’Union européenne. Une tendance haussière est,
cependant, observée, pour le marché hors Union européenne par 59,3% des
enquêtés.
Sur les facteurs limitant
actuellement leur production, les patrons marocains estiment que le
développement de la production par les entrepreneurs opérant au Maroc n’est
empêché que par une insuffisance de la demande. 56,1% des chefs d’entreprise
l’ont souligné. Le deuxième obstacle cité est lié au financement 41,5%.
Quelles sont alors les attentes des
chefs d’entreprise? Pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines,
les industriels réclament surtout une amélioration du dispositif public
d’accompagnement à l’export dans le cadre d’une stratégie sectorielle. C’est
l’avis de 65,4% d’entre eux. L’amélioration des conditions de financement des
PME est aussi citée comme levier prioritaire par presque 71%.
Une proportion presque identique des
patrons se prononcent pour la simplification de l’environnement réglementaire,
le soutien à l’innovation et la simplification des démarches administratives
(81,9%). Viennent ensuite la baisse des charges (45,9%) et la réforme du marché
du travail (43,9%).
Enfin, à propos de l’Afrique, les
professionnels questionnés à travers ce sondage estiment que le Maroc pourrait
tirer un avantage compétitif de ses relations avec l’Afrique dans de nombreux
domaines. Les plus cités sont l’agriculture (82,9%), l’énergie (70,7%) et le
développement urbain (75,6%).