Économie Mondiale : La pandémie
déclenche une crise économique historique
La pandémie liée au coronavirus
entraîne un double bouleversement de l’économie : le confinement a forcé de
nombreuses entreprises à ralentir voire à stopper leur activité et a par
ailleurs provoqué un effondrement de la consommation. Un double choc de demande
et d’offre est à l’œuvre. En conséquence, le monde devrait connaître, en 2020,
une récession historique dont l’ampleur s’élèverait à 3 % du PIB mondial selon
les prévisions d’avril du FMI. Tous les indicateurs sont au rouge : le commerce
mondial accuserait un recul compris entre 13% et 32%, les cours des produits de
base chutent et les investissements directs étrangers pourraient baisser de
40%. Les risques sont plutôt baissiers et l’incertitude est grande. Il est «
très probable » selon une déclaration en mai de la directrice générale du FMI
que ses prévisions de croissance soient encore revues à baisse ; la pandémie de
coronavirus frappant les économies plus durement que prévu.
Comptes Extérieurs : Les flux des
échanges sous l’onde de choc de la pandémie
Subissant les effets d’une
conjoncture internationale poussive, les flux commerciaux ont connu une nette
décélération au terme de l’exercice écoulé. Les exportations de marchandises
ont enregistré une progression d’à peine 2,4 % en 2019 contre 10,7 % l’année
précédente. La même tendance est relevée au niveau des importations dont la
valeur globale a augmenté durant le même exercice de 2 %. La baisse de régime
des flux commerciaux s’est cependant accompagnée d’une stabilisation du déficit
commercial et même d’une légère amélioration de l’équilibre des transactions
courante à la faveur de l’excédent des échanges de services et des flux
financiers de la migration. Le déclenchement de l’épidémie du coronavirus à la
fin du premier trimestre et la série de mesures drastiques prises pour en
atténuer les effets sur la santé de la population ont complètement déstabilisé
les flux des échanges. Les données portant sur la période couvrant les quatre
premiers mois de l’année en cours font état d’une contraction sans précédent
des transactions sur les marchandises et les services ainsi que des flux
d’investissement.
Politique Économique : Quels
ajustements face à la pandémie ?
Alors que l’action de politique
économique était prioritairement orientée depuis le début de l’année vers la
consolidation des acquis sur les plans de la croissance, de l’emploi et des
équilibres financiers, le déclenchement de la crise sanitaire a complètement
perturbé la dynamique du système économique et ses ressorts internes, remettant
en cause à la fois les programmes préétablis et les objectifs correspondants.
La réactivité des autorités face à la menace de pandémie à travers les
décisions rapides de fermeture des frontières et de confinement des populations
a eu pour conséquence un arrêt presque immédiat de l’activité dans les secteurs
les plus exposés comme l’hôtellerie, les transports, la restauration, le
commerce, la construction ou les industries manufacturières. Outre ses effets
sur les revenus, l’emploi et l’équilibre social, la chute de l’activité a eu
par ailleurs des répercussions importantes sur les équilibres financiers. Aussi
bien la baisse des recettes fiscales constatée au cours des premiers mois de
l’année que la forte contraction des exportations et des flux financiers en
provenance de l’extérieur durant la même période annoncent, en effet, de fortes
tensions sur les équilibres financiers, interne et externe, pour le restant de
l’année. Cette situation inédite incite à la réflexion sur les nouveaux
ajustements nécessaires à la politique économique pour plus d’efficacité et de
cohérence.
Dynamique du Marché du Travail : Que
nous cache la parenthèse Covid-19 ?
La pandémie du Covid–19 est, on n’en
peut plus douter, une profonde crise qui se caractérise par sa rapide
propagation à l’ensemble du globe, traînant dans son sillage une mortalité qui
paralyse l’ensemble des économies avec des conséquences des plus fâcheuses sur
les marchés du travail. Ce dernier subit de plein fouet les nuisances d’un
impact qui porte, à la fois, sur l’offre, en raison d’une paralysie quasi
totale du processus de production des biens et services et sur la demande qui
se rétracte sous l’effet de la baisse de la consommation et de la contraction
de l’investissement… Plusieurs milliers de postes d’emploi sont mis en suspens
quand ils ne sont pas définitivement détruits provoquant une recrudescence inégalée
de chômage. Des secteurs entiers sont sinistrés et font face à un avenir
incertain. C’est le cas, notamment, du tourisme et des transports qui sont
gravement touchés dans leur segment aérien. Une situation délétère menaçant de
faillites les entreprises dans leurs différentes tailles, de perte d’emplois
sans distinction entre secteurs structurés ou informels et partant de
détériorations manifestes de revenus pour une vaste partie de la population.
Chute des Cours du Pétrole : Une
aubaine asphyxiée par le Covid-19 mais pas que…
Sous l’emprise du Coronavirus, les
cours du pétrole se sont effondrés dans un effet combiné d’une demande
velléitaire et d’une offre surabondante. Les prix ont atteint leur plus bas
niveau historique, pendant que les projections manquent d’audace et
d’ingéniosité pour prédire l’avenir d’un contexte géopolitique réputé
alambiqué. La crise sanitaire déclenchée en Chine et que l’on croyait, au
départ, circonscrite dans ce pays, a frappé violemment le marché pétrolier
mondial. En réalité, ces perturbations ne peuvent être imputées, dans leur
totalité, à la rapide propagation d’un virus méconnu et porteur d’une
inébranlable nuisance. L’amorce de cette dépression énergétique est due, pour
une grande part, à la reconversion des États-Unis, qui depuis 2018 se sont
hissés au rang de premier producteur mondial du pétrole brut, en débordant
l’Arabie Saoudite et la Russie. Dans cette posture, les USA, qui font face Ã
une période préélectorale brouillée par la crise sanitaire, sont tiraillés
entre l’adoption de prix bas des carburants pour gagner l’adhésion des
électeurs et un prix suffisamment élevé du pétrole pour préserver la
rentabilité de l’exploitation des schistes. Dans cette mouvance, pilotée par
les Américains, la stratégie énergétique du Maroc, largement tributaire des
importations de charbon, de pétrole et de gaz, s’emploie à poser les jalons
pour une promotion des sources domestiques de production d’énergie.
Secteurs Productifs : Des évolutions timides
Les deux secteurs clés de l’économie
nationale n’ont pas bien fonctionné en 2019. Après l’excellente campagne
agricole 2017-2018 intervient l’une des plus mauvaises campagnes de l’histoire
du Maroc. En cause les conditions climatiques très rudes qui ont prévalu au
cours de cette période. L’espoir d’une bonne récolte céréalière que laissaient
entrevoir les premières pluies du début de la campagne s’est très vite dissipé.
De ce fait, la production des quatre principales céréales a chuté de plus de
42% et, n’eût été un rattrapage au niveau des autres cultures, l’année aurait
été catastrophique. Pour sa part l’activité industrielle peine à accélérer
davantage son rythme de croissance. Il est resté autour de 2%. Cette cadence a
pu être maintenue grâce au bon comportement de l’industrie automobile et des
industries de la métallurgie qui ont évolué à des taux dépassant 6% d’une année
sur l’autre. Un dispositif de Garanties pour Soutenir les Entreprises : Le
système financier à l’épreuve de la pandémie Pour accompagner les entreprises
dans cette conjoncture difficile, les autorités ont mis en place un dispositif
financier musclé, pour venir en aide aux centaines de milliers d’entreprises en
situation de fermeture technique et durement frappées par cette pandémie. Mais,
cette politique très volontariste suscite des interrogations quant à ses
implications sur la résilience du système financier appelé à la rescousse des
entreprises.
Climat des Affaires : Le Covid-19,
redistributeur des cartes ?
La propagation rapide de la pandémie
du Covid-19 a pris au dépourvu l’ensemble de la planète en plongeant l’économie
mondiale dans l’incertitude. Tous les calculs savants se sont transformés, du
jour au lendemain, en simple spéculations. Les analystes admettent l’évidence
d’une dislocation du climat des affaires et d’une entrée de plain-pied, en
récession planétaire. Les différentes économies frappées d’anémie n’assurent
plus que les fonctions vitales dans une totale extinction de tout optimisme.
L’opinion des patrons sur le climat des affaires est au plus bas des niveaux
historiques et la quasi-totalité des secteurs est en berne, tant au niveau de
la production que de l’investissement et de la distribution. Le Maroc, qui au
cours des dernières décennies, a enregistré des progrès notables en matière de
développement des infrastructures d’accueil et de communication pour servir
l’investissement espère trouver, dans les différentes stratégies déployées, les
ressources nécessaires pour faire face à cette crise. Le rapport Maroc 2020
édité par le cabinet d’intelligence économique Oxford Business Group table sur
une résilience du royaume soutenue par les grands chantiers réalisés ou en
cours à l’exemple du port Tanger Med et son extension (premier port d’Afrique)
ou du déploiement des énergies renouvelables ou encore des différentes mesures
d’amélioration du milieu des affaires.
Perspectives 2020 : Un sévère recul
de l’activité
A travers le comportement de
quelques agrégats, le CMC propose une appréciation de l’économie nationale et
de certaines de ses composantes, selon une échelle décroissante à 3 valeurs, Ã
savoir A, B et C. L’objectif est d’aider les décideurs à une meilleure lecture
de l’évolution de l’économie nationale pour une meilleure prise de décision.
Cette évaluation repose principalement sur les données du tableau de bord,
régulièrement publié par le CMC et qui synthétise la situation économique,
financière, monétaire, budgétaire, sociale et de gouvernance. Perspectives
Économiques : 2020 : Année des ruptures Pas de répit, le fléau du coronavirus
s’acharne et continue ses ravages en pertes de vies humaines. Des analystes
enclins à un certain scepticisme croient même à une nouvelle vague de la
pandémie qui serait encore plus virulente. Au jour d’aujourd’hui, le nombre
total d’individus infectés, de par le monde, a atteint les six millions et
demi, le nombre des décès provoqués par cette maladie dépassent les 400 mille et
environ une population de 4 milliards de personnes à travers la planète se
trouve en confinement. Cette lugubre situation a mis à genoux l’économie
mondiale où des pans entiers des activités sont à l’arrêt et les secteurs les
mieux lotis tournent au ralenti. Et prétendre par des politiques de relance
faire rebondir l’économie à court terme pour qu’elle puisse emprunter le chemin
salutaire de la reprise relève du miracle.
2021 : Le tournant
Aux dernières nouvelles, l’état
d’urgence sanitaire dont la levée tant attendue et qui était prévue pour le 10
juin sera prolongé d’un mois avec des assouplissements pour les territoires de
moindre risque. Un acte de prudence extrême et une déclaration de fidélité
absolue à la ligne politique poursuivie à ce jour visant à limiter la
propagation du virus, à sauver des vies et à protéger la santé de la population
et ce en dépit du prix économique à payer qui s’élève selon le Ministre des
finances et de la réforme de l’administration à 1 milliard de dirhams par jour
supplémentaire de confinement total.