La croissance économique au Maroc
Au cours de ces deux dernières décennies, le Maroc a réalisé de considérables progrès économiques et sociaux par le biais d’importants investissements publics, de réformes structurelles ainsi que de mesures garantissant la stabilité macro-économique.
Au pouvoir depuis 1999, Le Roi Mohammed VI a engagé la modernisation politique, économique et sociale du pays : grands plans sectoriels, réformes du code de la famille et de la protection sociale, dynamisme de la société civile et progrès dans la transparence électorale. Il faut dire que le Maroc a renoué avec la croissance économique depuis le début des années 2000.Toutefois, cette croissance reste corrélée au secteur agricole et à la conjoncture mondiale. De manière générale, l’agriculture représente globalement environ 40 % de l’emploi, les services 40 % et l’industrie 11,3 %.
Pour cette année, l’économie marocaine pourrait pâtir d’une récession du fait que les effets mondiaux de la pandémie de COVID-19 viennent s’ajouter aux effets nationaux et à ceux de la sécheresse. Cette abrupte récession serait la première depuis 1995. Le marché du travail fait face à un choc aux proportions historiques, les travailleurs vulnérables, notamment ceux du secteur informel, sont particulièrement touchés.
Des progrès sociaux et économiques significatifs au cours des 20 dernières années au Maroc
Le Maroc aspire toujours à intégrer le groupe des pays « émergents ». Pour autant, la croissance économique au Maroc demeure assez faible malgré un taux d’investissement public très élevé (28% du PIB) et une politique économique dynamique. En effet, le pays s’applique à favoriser une meilleure résilience de l’économie marocaine aux fluctuations agricoles. En ce sens, d’importantes réformes ont ainsi vu le jour dans le cadre d’une stratégie de diversification sectorielle (décompensation de l’essence, du gasoil et du fuel industriel, amorce de fiscalisation du secteur agricole, réforme de la TVA, adoption d’une LOLF, nouveau plan de développement industriel). L’adoption de ces réformes a été facilitée par des conditions exogènes favorables (baisse du cours du pétrole, bonne pluviométrie, reprise de l’activité européenne). De même, le Maroc a aussi décidé de compléter son dispositif de zones franches (Tanger) et ses plans de développement sectoriels (agriculture, tourisme, pêche, pôles de compétitivité) par une dynamique de développement régional vers l’Afrique subsaharienne, afin de trouver de nouvelles sources de la croissance économique au Maroc. Mais aujourd’hui encore, certaines difficultés structurelles viennent lester la croissance rapide et pérenne tant convoitée de l’économie marocaine.Â
Parmi les facteurs de blocage, on peut par exemple citer d’une part le modèle économique adopté qui est à l’origine de grands déséquilibres financiers tels que le déficit budgétaire, le déficit du compte courant, et un fort déficit de la balance commerciale. Toutefois, les gouvernements successifs ont cumulé leurs efforts pour redresser les comptes budgétaires et extérieurs. D’ailleurs en 2018, le déficit budgétaire s’est constamment réduit depuis 5 ans pour atteindre 3,7% du PIB, tandis que la dette publique a atteint 84% du PIB. Si la dette a atteint un niveau élevé, notamment du fait de la forte hausse de l’endettement des entreprises publiques, le risque propre a été contrebalancé par une gestion active (78% d’encours interne, coût moyen de 4,3% et maturité à plus de 6 ans). Et en 2019, le déficit budgétaire s'est stabilisé (-4 %) et devrait (selon les estimations de 2019) se réduire à -3,5 % en 2020 et 2021. Les dépenses publiques ont augmenté sous la forme d'investissements publics plus importants (les dépenses en capital ayant augmenté de 6 %).
D’autre part sur le plan des ressources, l’économie reste très dépendante du secteur agricole qui est tributaire des conditions climatiques. Compte tenu de la richesse du sol marocain, l'économie est dominée par le secteur agricole. Ce secteur emploie près de 37,9% de la population active et contribue à 12,3% du PIB. Le reste des recettes proviennent du phosphate, des transferts des MRE (Marocains Résidents à l’Étranger ; 5,5 Mia EUR/an soit 7 % du PIB) et du tourisme. En 2019, le taux de croissance au Maroc hors activités agricoles était de 3,4%.
La croissance économique du Maroc face à la pandémie du COVID-19
Au deuxième trimestre 2020, l’économie marocaine a commencé à pâtir des effets négatifs de la pandémie du COVID-19. Récemment en juillet, la Banque Mondiale a publié son rapport de suivi de la situation économique au Maroc, qui est produit par l’unité Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de la Pratique mondiale pour la Macroéconomie, le Commerce et l’Investissement (MTI) de l’institution de Bretton Woods. Selon ce rapport, les déficits jumeaux (déficit budgétaire et commercial) du Maroc devraient se creuser, mais rester gérables.
Par ailleurs, l’économie marocaine devrait être doublement affectée par les chocs économiques intérieurs et extérieurs. Toujours selon le rapport, le PIB réel devrait contracter de 4 % en 2020 dans le scénario de référence, ce qui contraste fortement avec l’expansion de 3,6 % prévue avant l’épidémie. Et à moyen terme, en supposant un schéma de reprise en V après l’impact de la COVID-19, la croissance économique au Maroc devrait reprendre à partir de 2021 pour atteindre 5,5 % à mesure que la production reviendra aux niveaux prévus avant la pandémie. L’inflation devrait baisser de 0,7 % en 2020 en raison du choc de la demande et de la contraction de la consommation privée.
Peu de secteurs ont été épargnés par la crise sanitaire au niveau national, mais la contraction est principalement due à une baisse de la production de biens et services, une réduction des exportations, une perturbation des chaînes de valeur mondiales, ainsi qu’à une baisse du tourisme due aux restrictions de voyage et aux fermetures de frontières. Une extension des mesures de confinements a un impact négatif à court terme sur la croissance du PIB réel.
À ce jour, la réponse du gouvernement a été toujours aussi rapide et décisive. Effectivement, l’évolution de la croissance économique au Maroc sera fortement influencée par l’évolution de la pandémie, la conjoncture économique mondiale, mais aussi et surtout les mesures prises par le gouvernement. A noter que le marché du travail fait face à un choc de proportions historiques, les travailleurs vulnérables, notamment ceux du secteur informel, étant particulièrement touchés. Les effets négatifs combinés ont conduit à des pertes d'emplois et de revenus généralisées, en particulier dans le secteur informel où 66% des travailleurs ont perdu leur emploi. L’aide gouvernementale a en partie atténué la perte pour 19% des ménages en particulier dans le secteur informel