Prudente et réactive, c’est ce
qu’on pourrait dire de la politique
monétaire au Maroc. Entre 2014 et 2016, Bank Al-Maghrib (BAM) a réduit par
trois fois son taux directeur qui s’élevait à 2,25 %. En réponse au choc économique
causé par la pandémie de Covid-19, la banque centrale n’a pas non plus hésité Ã
réduire encore une fois le taux directeur à 2.0 % puis à 1,5 % respectivement
en mars et juin 2020. Par ailleurs, la BAM a également augmenté les
refinancements à plus long terme, et ajusté les exigences sur les pratiques
prudentielles adoptées en Europe. Le Fonds Monétaire International (FMI) a
relevé les bonnes décisions de la politique
monétaire du Maroc face à la pandémie de la Covid-19. Néanmoins, l’économie
marocaine, comme le reste de la planète, a subi de plein fouet les conséquences
de la crise sanitaire en 2020 et cela se prolonge en ce début d'année.
Le Maroc connait une politique monétaire
conciliante durant ces dernières années
En janvier 2018, un élargissement
des marges de fluctuation, de ±0,3 % à ±2,5 % puis à ±5 % en mars 2020, a
renforcé la capacité de l’économie marocaine à absorber les chocs.
Depuis janvier 2018, le taux de
change (rattaché à un panier à deux devises pondérées à 60 % pour l’euro et Ã
40 % pour le dollar américain) est resté proche du milieu de la marge de
fluctuation, reflétant son alignement sur les fondamentaux macro-économiques.
La conduite de la politique monétaire au Maroc par la
banque centrale durant l’année 2019 est restée globalement inchangée dans ses
grandes orientations accommodantes. En effet, le taux directeur a été maintenu
à son plus bas niveau historique de 2,25% après la réduction d’un quart de
point en mars 2016. Par ailleurs et dans un contexte marqué par l’accentuation
du déficit de liquidité depuis le début de l’année, en liaison en particulier
avec la poursuite de la progression de la circulation fiduciaire, le Conseil de
BAM a décidé de réduire en septembre le taux de la réserve monétaire de 4 à 2%,
induisant une injection de près 11 MM.DH de liquidité sur le marché monétaire.
De leur part, les interventions de la banque centrale sur le marché
interbancaire ont permis de maîtriser l’évolution du TMP interbancaire, l’un de
ses objectifs de la politique monétaire
au Maroc, Ã des niveaux proches du taux directeur (2,28% en moyenne).
Dans ce contexte, l’agrégat M3 a
marqué une progression de 50 MM.DH ou 3,8% en 2019 contre +51,5 MM.DH ou +4,1%
en 2018 pour atteindre 1.370,7 MM.DH. Au niveau des contreparties, notons en
particulier la sensible accélération des crédits bancaires destinés au secteur
non financier de 39,7 MM.DH ou 5,3% contre +22,4 MM.DH ou +3,1% en 2018, soit
sa plus forte augmentation depuis l’année 2012.
Depuis fin février 2020, suite Ã
l’apparition de l’épidémie, le taux de change effectif réel s’est apprécié
d’environ 0,86% au premier trimestre 2020. Bien que cette réforme du taux de change
risquait d’accroître la vulnérabilité à l’inflation importée, elle a su quand
même apporter une certaine amélioration à la compétitivité et par extension
renforcer la capacité de l’économie à absorber les chocs.
Des choix de politique monétaire pour faire face
à la pandémie du Covid-19
Pour faire face à la pandémie, le
Gouvernement du Maroc a réagi rapidement avec la création d’une commission de
veille Covid-19 pour contrôler la situation et élaborer des stratégies. Le
Fonds Covid-19 a été créé pour procurer un revenu aux travailleurs du secteur
formel et, de façon innovante, aux ménages du secteur informel, afin de couvrir
les dépenses médicales et soutenir la reprise économique.
La BAM complète les mesures
stratégiques du gouvernement par l’ajout d’un soutien de liquidités pour
atténuer l’arrêt soudain de l’activité économique et les problèmes de trésorerie
associés. C’est ainsi qu’en mars 2020, la banque centrale baisse le taux de la politique monétaire au Maroc de 25
points de base à 2 % puis à 1,5 % en juin 2020 et annonce une série de mesures
monétaires pour soutenir l’accès au crédit des entreprises et des ménages. Elle
augmente également et de manière significative la durée de son refinancement.
Des mesures ont été prises pour renforcer le programme de refinancement
spécifique au profit des très petites entreprises et des PME en intégrant,
outre les crédits d’investissement, les crédits de fonctionnement et en
augmentant la fréquence.
Par ailleurs, en complément des instruments de la politique monétaire du Maroc face au Covid, le Royaume a opéré un
tirage de 3 milliards sur la Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) du FMI
afin d’aider à surmonter les défis de la pandémie. Il faut noter qu’il existe
un fort partenariat entre le Maroc et le FMI, et depuis les huit dernières
années un engagement donnait la possibilité au Royaume de recourir à cette Ligne
particulière.
Dans ce contexte économique
difficile, la BMA continue d'accompagner le recours des banques aux instruments de politique monétaire Ã
long terme au Maroc. On peut alors remarquer des évolutions notables. Ainsi, près
de la moitié des avances à 7 jours a été réallouée vers les opérations de
pension des banques livrée à plus long terme. Les injections hebdomadaires
baissent de plus de 75% passant de 61,9 MMDH pré-crise à un peu moins de 36
MMDH post-crise. Du côté des prêts garantis, considérés comme des opérations
non conventionnelles, ils ont été multipliés par 10 durant la même période. Ces
emprunts entrent dans le cadre du programme de soutien au financement des TPME
mis en place en avril 2020, en plus de la ligne d’appui « Intilaka ».