La recette pour une croissance à 6,5%

Le CMC a élaboré des scénarios de croissance sur la période 2017-2030. Pour le centre de prévisions, le Maroc dispose toujours de potentialités pour se hisser au rang des pays émergents. L'économie peut réaliser une croissance de l'ordre de 6,5% (effective) sur le long terme et la croissance potentielle pourrait atteindre 7,3%!
Source : L'Economiste
Posté Le : Mercredi 4 octobre 2017

Ce taux de croissance effective de 6,5% permettrait de réduire le chômage de manière importante, soit à 7% ou 7,5%. Il aurait également un impact important sur la situation du déficit budgétaire le ramenant à des niveaux soutenables. Mais il n'améliorerait pas de manière significative la situation du commerce extérieur. 

Le scénario optimiste du CMC, tant par rapport à la croissance potentielle ou effective (6,5%), nécessite de s'attaquer aux grandes lacunes: l'accumulation du capital et la productivité. Le tout sans oublier la mise en place de politiques économiques d'envergure avec comme objectif d'améliorer l'investissement, de renforcement des infrastructures de base, d'accroître la recherche et développement, la formation...

L'appareil productif  demeure sous-équipé avec une intensité capitalistique relativement faible par rapport à des pays comparables: Elle représenterait à peine 66% de son équivalent en Afrique du Sud, 42% en Turquie et 38% au Chili. Or, les simulations réalisées relèvent que «la hausse de l'intensité capitalistique d'un point est susceptible d'induire un gain en termes de croissance potentielle de 0,3 points».

Cette accumulation du capital devrait aussi s'accompagner d'une amélioration importante de la productivité. Mais elle n'est envisageable à long-terme au Maroc sans des gains de productivité sensiblement plus rapides que ceux observés actuellement.  «L’efficacité avec laquelle les pays sont capables d’utiliser leurs facteurs de production (travail et capital) et de transformer des biens intermédiaires en production finale, est le principal élément explicatif de la convergence économique entre les pays», explique la Banque mondiale dans son dernier rapport sur le Maroc. Et d'ajouter «En moyenne, une personne dans un pays riche produit en 9 jours ce qu’une personne dans un pays pauvre produit en une année».

Le modèle économique basé sur la demande intérieure s'essouffle. Le CMC recommande d'aller vers plus d'industrie et d'export et donc de migrer vers un modèle tiré par la demande extérieure

Pour les économistes du Centre marocain de conjoncture, le passage d'un taux de progression de la productivité générale des facteurs de 1,7% observé au cours des 15 dernières années à 3% pour la période 2015-2030 porterait le taux de croissance potentielle à 7,3% par an!

Actuellement,  la croissance a du mal à se maintenir sur un rythme régulier. Elle continue à dépendre des performances du secteur primaire. Une bonne campagne agricole tire la valeur ajoutée agricole et avec le PIB. «La croissance globale de l'économie demeure encore dépendante des performances du secteur primaire dont la part est de 15% dans le PIB. Il  imprime une volatilité assez marquée au profil de l'activité d'année en année», estime le CMC.

 

Les activités non agricoles commencent à produire doucement des effets mais à un rythme trop long puisqu'elles restent dominées par les secteurs traditionnels. D’où la recommandation du CMC «d'accélérer et de renforcer le rythme des réformes». Les stratégies sectorielles, qui nécessitent certes une meilleure convergence, sont jugées intéressantes en particulier par rapport aux métiers mondiaux du Maroc.

Surtout que le modèle de développement vers lequel le Maroc devrait muter doit être basé sur l'export car à elle seule la demande intérieure  est insuffisante. «Le modèle en place depuis une quinzaine d'années s'est orienté graduellement vers son potentiel de croissance à long terme tout au long de la décennie 2000, son rythme de progression semble marquer un net fléchissement ces dernières années», relève le CMC. Cela s'est traduit par un différentiel de croissance variant entre 1,5 et 2 points par rapport à la moyenne de la période 2000-2010.