Ce taux de croissance effective de
6,5% permettrait de réduire le chômage de manière importante, soit à 7% ou
7,5%. Il aurait également un impact important sur la situation du déficit
budgétaire le ramenant à des niveaux soutenables. Mais il n'améliorerait pas de
manière significative la situation du commerce extérieur.
Le scénario optimiste du CMC, tant
par rapport à la croissance potentielle ou effective (6,5%), nécessite de
s'attaquer aux grandes lacunes: l'accumulation du capital et la productivité.
Le tout sans oublier la mise en place de politiques économiques d'envergure
avec comme objectif d'améliorer l'investissement, de renforcement des
infrastructures de base, d'accroître la recherche et développement, la
formation...
L'appareil productif demeure sous-équipé avec une intensité
capitalistique relativement faible par rapport à des pays comparables: Elle
représenterait à peine 66% de son équivalent en Afrique du Sud, 42% en Turquie
et 38% au Chili. Or, les simulations réalisées relèvent que «la hausse de
l'intensité capitalistique d'un point est susceptible d'induire un gain en
termes de croissance potentielle de 0,3 points».
Cette accumulation du capital
devrait aussi s'accompagner d'une amélioration importante de la productivité.
Mais elle n'est envisageable à long-terme au Maroc sans des gains de
productivité sensiblement plus rapides que ceux observés actuellement. «L’efficacité avec laquelle les pays sont
capables d’utiliser leurs facteurs de production (travail et capital) et de
transformer des biens intermédiaires en production finale, est le principal
élément explicatif de la convergence économique entre les pays», explique la
Banque mondiale dans son dernier rapport sur le Maroc. Et d'ajouter «En
moyenne, une personne dans un pays riche produit en 9 jours ce qu’une personne
dans un pays pauvre produit en une année».
Le modèle économique basé sur la
demande intérieure s'essouffle. Le CMC recommande d'aller vers plus d'industrie
et d'export et donc de migrer vers un modèle tiré par la demande extérieure
Pour les économistes du Centre
marocain de conjoncture, le passage d'un taux de progression de la productivité
générale des facteurs de 1,7% observé au cours des 15 dernières années à 3%
pour la période 2015-2030 porterait le taux de croissance potentielle à 7,3%
par an!
Actuellement, la croissance a du mal à se maintenir sur un
rythme régulier. Elle continue à dépendre des performances du secteur primaire.
Une bonne campagne agricole tire la valeur ajoutée agricole et avec le PIB. «La
croissance globale de l'économie demeure encore dépendante des performances du
secteur primaire dont la part est de 15% dans le PIB. Il imprime une volatilité assez marquée au
profil de l'activité d'année en année», estime le CMC.
Les activités non agricoles
commencent à produire doucement des effets mais à un rythme trop long
puisqu'elles restent dominées par les secteurs traditionnels. D’où la
recommandation du CMC «d'accélérer et de renforcer le rythme des réformes». Les
stratégies sectorielles, qui nécessitent certes une meilleure convergence, sont
jugées intéressantes en particulier par rapport aux métiers mondiaux du Maroc.
Surtout que le modèle de
développement vers lequel le Maroc devrait muter doit être basé sur l'export
car à elle seule la demande intérieure
est insuffisante. «Le modèle en place depuis une quinzaine d'années s'est
orienté graduellement vers son potentiel de croissance à long terme tout au
long de la décennie 2000, son rythme de progression semble marquer un net
fléchissement ces dernières années», relève le CMC. Cela s'est traduit par un
différentiel de croissance variant entre 1,5 et 2 points par rapport à la
moyenne de la période 2000-2010.