De par sa situation géographique,
le Maroc est caractérisé par un climat à la fois méditerranéen au nord et aride
au sud et au sud-est de l’Atlas, avec une saison sèche et chaude et une saison
froide et humide. Le territoire du Royaume est partagé en 13 principaux bassins
de rivières groupés en 5 régions. Les précipitations sont la source des apports
de la majorité des rivières du Maroc.Certains bassins du Centre Ouest tel que
ceux de Sebou et Oum Er Rbia sont alimentés en eaux de fonte des neiges.
Dans l'histoire du Maroc, la sécheresse a toujours été présente, elle constitue d’ailleurs un élément structurel du climat du Royaume. Néanmoins ces dernières décennies, son importance s'est accrue, et cette dynamique de sécheresse est associée à un réchauffement important lié au changement climatique global qui rend les épisodes secs de plus en plus difficiles pour différents secteurs socio-économiques. Et pendant ces périodes, la situation de chaque barrage au Maroc devient alors au cœur de la préoccupation de tout un chacun.
Des taux de remplissage des barrages au plus bas en 2020
En octobre 2020, les barrages se sont vidés après deux années de sécheresse. La tension a été palpable, notamment du côté des agriculteurs. En effet, tous craignaient, en cas de nouvelle année de sécheresse, une saison encore plus catastrophique que celle qui venait de s’achever. Le taux de remplissage des barrages au niveau national et toutes catégories confondues avoisinait les 38%, pourtant à la même période en 2019 il affichait une moyenne d’environ 50%. Par ailleurs, bien que ce taux était déjà très bas, il est « renfloué » par le barrage d’Al Wahda, plus grand barrage du Maroc, emmagasinant à lui seul plus de 30% des réserves d’eau du pays. Par ailleurs, le barrage d’Al Wahda est dédié essentiellement à l’eau potable. On en déduisait alors selon les estimations la situation des barrages au Maroc dédiés à l’agriculture d’irrigation serait bien plus bas que la moyenne nationale.
Souss Massa et El Haouz sont les deux régions qui dépendent essentiellement de l’irrigation au Maroc. Toujours en octobre 2020, la situation des barrages dans ces deux régions avait atteint un niveau fortement inquiétant. Ils affichaient un taux de remplissage de 17,4% contre un taux de 30,9% à la même période de l’année 2019. En seulement une année, ils ont donc perdu presque de la moitié de leurs réserves. Ainsi dans la région du Souss Massa, notamment à Agadir, les autorités étaient même contraintes de détourner progressivement l'eau des barrages qui irriguait les fermes pour assurer l'accès à l'eau potable à près d'un million de Marocains afin de faire face à une sécheresse qui durait depuis trois ans et qui pesait sur les ressources hydriques. C’était en effet autour d'Agadir qu’on a constaté les plus basses réserves alors que c’est la première région exportatrice d'agrumes et de primeurs. Le déficit en eau de surface était ainsi de 94%, un taux qui n’a jamais encore été atteint à l'échelle du bassin. Mais cela pourrait s’expliquer par le fait que pour tenir dans une année de sécheresse, les agriculteurs du Souss ne pouvaient que consommer près de la moitié des réserves disponibles en 2019.
Au premier trimestre de 2021, la situation des barrages
s’est quelque peu améliorée
En janvier, les retenues des
barrages au niveau national ont atteint plus de 6 057 millions mètres cubes,
avec un taux de remplissage des barrages
du Maroc de 38,8%. Néanmoins, à la
même date en 2020, ce taux était de 49,25%. Pour ce qui est des grands
barrages, celui d’Al Massira (province de Settat) est passé de 17,5 à 11,9%,
soit de 464,2 à 317 millions mètres cubes de janvier 2020 à janvier 2021,
tandis que celui d’Al Wahda est passé de 59,2% (2 084,4 millions mètres cubes)
à 54,2% (1.909,9 millions mètres cubes).
Toujours par rapport à la même
période en 2020, du côté du barrage Oued El Makhazin (province de Kénitra), la
retenue est passée de 648,7 à 609,2 millions de mètres cubes, soit d’un taux de
remplissage de 96,4% Ã 90,5%. Pour le barrage Idriss 1er (province de
Taounate), elle est passée de 934,5 millions de mètres cubes (82,7%) à 665,5
millions (58,9%). Et pour le barrage Bin el Ouidane dans la province d’Azilal,
le taux de remplissage du barrage
est passé 41,7% à 19,9%, soit de 507 à 242 millions mètres cubes.
Cependant, cinq barrages ont quand
même pu atteindre un niveau record, avec un taux de remplissage de 100% en
janvier. Certes, les barrages Sidi Said Mâachou, Bouhouda et Nakhla ont
maintenu leur taux de remplissage de 100% comme à la même période en 2020, mais
les barrages Chefchaouen et Imi lkhenk (Taroudant) sont quant à eux passés
respectivement d’un taux de remplissage de 97,1% et de 61,8% (au 8 janvier 2020)
à un taux de 100%.
Et plus récemment en juillet, les
retenues des neuf principaux barrages gérés par l'Agence du Bassin Hydraulique
de l'Oum Er Rbia (ABHOER) ont atteint plus de 1,04 milliard de mètres cubes,
soit un taux de remplissage de 21,12 %, selon la situation journalière des
principaux grands barrages du Maroc. Ce niveau est légèrement inférieur à celui
enregistré durant la même période de l'année 2020, durant laquelle les retenues
de ces ouvrages se sont élevées à plus de 1,13 milliard de mètres cubes, soit
un taux de remplissage de près de 22,98%.
Il faut noter qu’en juillet, le
ministère de l’Équipement vient de lancer les marchés pour la réalisation de
trois grands barrages. Il s’agit du barrage sur Oued Lakhdar, dans la province
d’Azilal, du barrage Taghzirt dans la province de Beni Mellal, et du barrage
Kheng Grou, dans la province de Figuig, totalisant un investissement d’un peu
plus de 3 milliards de dirhams.