Cette crise est « si profonde »
qu’elle a asphyxié plusieurs pans de l’économie, au point que plusieurs
entreprises ont cessé temporairement ou définitivement leurs activités tandis
que des milliers d’emplois ont été perdus, a-t-il fait remarquer dans sa
dernière publication mensuelle intitulée « Maroc conjoncture » du mois de juin
(N°325).
« Dans ce contexte incertain, le
processus actuel de production fait face à de multiples défis. Le premier et le
plus urgent est de s’adapter aux nouvelles conditions qu’impose cette crise,
d’abord sanitaire puis économique, qui prend de plus en plus d’ampleur », a
estimé le CMC soulignant qu’au-delà des dommages qu’elle a causés, une
réflexion sur l’après-crise est nécessaire.
Cette réflexion « doit chercher Ã
rendre le tissu productif national plus efficace et plus agile pour s’adapter
aux changements qui s’opèrent dans son environnement surtout qu’à l’avenir,
rien ne sera plus comme avant », a expliqué le Centre dans un communiqué rendu
public récemment.
Selon l’observatoire spécialisé dans
l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact,
« les chaînes de valeur qui se sont révélées robustes face à cette pandémie
doivent constituer la priorité d’une reprise vigoureuse et pérenne ».
Dans ce spécial portant sur « Les
entreprises : Défis et mesures de l’après-pandémie du Covid-19 », les analystes
du Centre ont également indiqué que « les stratégies futures à adopter par les
entreprises marocaines doivent chercher à améliorer leur efficacité
opérationnelle et mieux accompagner les changements à venir aux perspectives
multiples ».
Ils ont en outre, estimé que les
responsables des futures politiques de développement du pays doivent favoriser
l’accélération de la transition énergétique et le basculement dans l’ère de la
transformation digitale nécessaire pour la modernisation des processus actuels
de production.
Si elle a révélé l’importance que
doivent accorder à l’avenir les responsables à certains aspects de l’activité
économique et sociale, force est de constater que cette crise inédite a aussi
remis en cause « le paradigme dominant qui prône l’ouverture de plus en plus
large des marchés, le recul du rôle de l’Etat et accorde une place privilégiée
aux privatisations ».
A noter qu’outre la diversification
des sources d’approvisionnement, l’actuelle crise a ,en effet, montré que « les
pays doivent se protéger sans pour autant tomber dans un excès de
protectionnisme et rapprocher les unités de production de certains produits
essentiels des consommateurs ».
Les analystes du CMC soutiennent que
la crise du coronavirus, et surtout la période qui suivra, devrait être un
véritable test pour le monde de l’entreprise.
A en croire ces derniers, « elle va
permettre de montrer à quel point les acteurs économiques ont réellement pris
la mesure des changements à mettre en œuvre sachant que dans de nombreux
domaines, rien ne sera plus comme avant ».
D’autant plus que malgré
d’importantes décisions qui ont été prises par les autorités pour endiguer ou
du moins atténuer substantiellement les effets négatifs du Covid-19 sur
l’économie nationale, l’impact macroéconomique de la crise, conjuguée à l’une
des années de sécheresse les plus sévères que le Maroc ait connues au cours de
ces dix dernières années, s’annonce fortement négatif, a indiqué le CMC notant
que la croissance baissera sensiblement suite à l’arrêt de l’activité dans
plusieurs secteurs.
Citant les dernières données
statistiques publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP), le Centre a noté
que « la crise du Covid-19 a mis en difficulté presque 142.000 entreprises dont
un peu plus de 95% ont suspendu temporairement leurs activités, le reste des
firmes ont fermé définitivement ».
Comme pour souligner la gravité de
la situation actuelle, l’observatoire privé rappelle également que des secteurs
très affectés par la crise tels que
l’hébergement et la restauration ont vu 89% des unités productives
arrêter leurs activités, tandis que 60% sont dans cette même situation dans les
industries textiles et du cuir et les industries métalliques et mécaniques.
Le CMC poursuit en ajoutant que «
seul un tiers des entreprises dont la production est tournée vers l’extérieur
continue de produire en cette période de crise alors qu’une firme sur 9 aurait
arrêté définitivement son activité, et 5 sur 9 de ces unités auraient procédé Ã
un arrêt temporaire ». Et sans surprise : le volume de l’emploi a chuté de 27%
au niveau national, ce qui correspond à une perte d’emplois de 726.000 unités,
a-t-il conclu.
Soulignons que d’autres axes en lien
avec la crise actuelle sont également abordés dans ce spécial : « Economie
mondiale : La pandémie provoque une récession historique », « Crise sanitaire :
Levée du confinement et le monde d’après », « Etat et système financier : Une
mobilisation exceptionnelle pour soutenir l’entreprise en cette période de
coronavirus », « La crise pandémique du Covid-19 : Quelle remise en cause de la
mondialisation ? » et « Refondation de la politique économique : Développement
des capacités de résilience face aux chocs systémiques ».