La transformation digitale, un levier important de modernisation des processus de production

Les multiples difficultés que connaissent les entreprises suite à la crise engendrée par la pandémie du Covid-19 doivent donner aux responsables l’occasion d’envisager l’avenir autrement qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent, selon le Centre marocain de conjoncture (CMC).
Source : Libération
Posté Le : Mercredi 17 juin 2020

Cette crise est « si profonde » qu’elle a asphyxié plusieurs pans de l’économie, au point que plusieurs entreprises ont cessé temporairement ou définitivement leurs activités tandis que des milliers d’emplois ont été perdus, a-t-il fait remarquer dans sa dernière publication mensuelle intitulée « Maroc conjoncture » du mois de juin (N°325).

« Dans ce contexte incertain, le processus actuel de production fait face à de multiples défis. Le premier et le plus urgent est de s’adapter aux nouvelles conditions qu’impose cette crise, d’abord sanitaire puis économique, qui prend de plus en plus d’ampleur », a estimé le CMC soulignant qu’au-delà des dommages qu’elle a causés, une réflexion sur l’après-crise est nécessaire.

Cette réflexion « doit chercher à rendre le tissu productif national plus efficace et plus agile pour s’adapter aux changements qui s’opèrent dans son environnement surtout qu’à l’avenir, rien ne sera plus comme avant », a expliqué le Centre dans un communiqué rendu public récemment.

Selon l’observatoire spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, « les chaînes de valeur qui se sont révélées robustes face à cette pandémie doivent constituer la priorité d’une reprise vigoureuse et pérenne ».

Dans ce spécial portant sur « Les entreprises : Défis et mesures de l’après-pandémie du Covid-19 », les analystes du Centre ont également indiqué que « les stratégies futures à adopter par les entreprises marocaines doivent chercher à améliorer leur efficacité opérationnelle et mieux accompagner les changements à venir aux perspectives multiples ».

Ils ont en outre, estimé que les responsables des futures politiques de développement du pays doivent favoriser l’accélération de la transition énergétique et le basculement dans l’ère de la transformation digitale nécessaire pour la modernisation des processus actuels de production.

Si elle a révélé l’importance que doivent accorder à l’avenir les responsables à certains aspects de l’activité économique et sociale, force est de constater que cette crise inédite a aussi remis en cause « le paradigme dominant qui prône l’ouverture de plus en plus large des marchés, le recul du rôle de l’Etat et accorde une place privilégiée aux privatisations ».

A noter qu’outre la diversification des sources d’approvisionnement, l’actuelle crise a ,en effet, montré que « les pays doivent se protéger sans pour autant tomber dans un excès de protectionnisme et rapprocher les unités de production de certains produits essentiels des consommateurs ».

Les analystes du CMC soutiennent que la crise du coronavirus, et surtout la période qui suivra, devrait être un véritable test pour le monde de l’entreprise.

A en croire ces derniers, « elle va permettre de montrer à quel point les acteurs économiques ont réellement pris la mesure des changements à mettre en œuvre sachant que dans de nombreux domaines, rien ne sera plus comme avant ».

D’autant plus que malgré d’importantes décisions qui ont été prises par les autorités pour endiguer ou du moins atténuer substantiellement les effets négatifs du Covid-19 sur l’économie nationale, l’impact macroéconomique de la crise, conjuguée à l’une des années de sécheresse les plus sévères que le Maroc ait connues au cours de ces dix dernières années, s’annonce fortement négatif, a indiqué le CMC notant que la croissance baissera sensiblement suite à l’arrêt de l’activité dans plusieurs secteurs.

Citant les dernières données statistiques publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP), le Centre a noté que « la crise du Covid-19 a mis en difficulté presque 142.000 entreprises dont un peu plus de 95% ont suspendu temporairement leurs activités, le reste des firmes ont fermé définitivement ».

Comme pour souligner la gravité de la situation actuelle, l’observatoire privé rappelle également que des secteurs très affectés par la crise tels que  l’hébergement et la restauration ont vu 89% des unités productives arrêter leurs activités, tandis que 60% sont dans cette même situation dans les industries textiles et du cuir et les industries métalliques et mécaniques.

Le CMC poursuit en ajoutant que « seul un tiers des entreprises dont la production est tournée vers l’extérieur continue de produire en cette période de crise alors qu’une firme sur 9 aurait arrêté définitivement son activité, et 5 sur 9 de ces unités auraient procédé à un arrêt temporaire ». Et sans surprise : le volume de l’emploi a chuté de 27% au niveau national, ce qui correspond à une perte d’emplois de 726.000 unités, a-t-il conclu.

Soulignons que d’autres axes en lien avec la crise actuelle sont également abordés dans ce spécial : « Economie mondiale : La pandémie provoque une récession historique », « Crise sanitaire : Levée du confinement et le monde d’après », « Etat et système financier : Une mobilisation exceptionnelle pour soutenir l’entreprise en cette période de coronavirus », « La crise pandémique du Covid-19 : Quelle remise en cause de la mondialisation ? » et « Refondation de la politique économique : Développement des capacités de résilience face aux chocs systémiques ».