Cette édition porte également sur
plusieurs thèmes, entre autres, l’évolution des échanges commerciaux du Maroc,
la perception des opérateurs économiques, la stratégie nationale de
développement durable ainsi que les risques et les opportunités pour le Maroc
face à la réorganisation des chaînes de valeurs mondiales.
Selon le Centre marocain de
conjoncture (CMC), l’accélération digitale, de par sa nature et son rythme,
pose avec acuité la question de son impact sur l’emploi. D’une part, plusieurs
publications signent le retour d’une crainte séculaire ; celle du chômage
technologique. D’autre part, les deux questions des inégalités et de la qualité
de l’emploi prennent de l’importance. «Si la première crainte est Ã
relativiser, la numérisation peut changer le contenu des emplois sans les
détruire forcément, celle de la polarisation croissante de l’emploi pose des
défis en termes d’inégalités et de cohésion sociale», est-il souligné. Par
ailleurs, ajoute le CMC, le développement des plateformes numériques de travail
constitue à la fois une opportunité et un défi pour les travailleurs et pour
les entreprises, tout en nécessitant une concertation politique internationale.
L'ère post-Corona : singulière,
inquiétante et inflationniste
Le monde de l'économie a été
littéralement perturbé et a essuyé de profonds changements sous les effets des
multiformes crises qu'il a subies et plus particulièrement la dépression causée
par la crise sanitaire du Coronavirus. Les paradigmes et les cheminements théoriques
de la communauté des économistes ont bougé et ont été déviés de leur route
asphaltée pour un bas-côté temporaire et salvateur. Les chocs récessifs
provoqués par ces crises ont été tellement forts que les pays du monde entier,
pour aller au-devant des répercussions négatives sur leur économie, ont adopté
des politiques budgétaires contra-cycliques généreuses et des politiques
monétaires accommodantes. Et à rebours des politiques restrictives et de
prudence de naguère, les normes théoriques et les mesures limites à ne pas
franchir pour la dette et le déficit budgétaire ont atteint des niveaux jamais
égalés.
Commerce extérieur : Une évolution
des importations plus marquée que celle des exportations
En 2022, les échanges commerciaux du
Maroc en valeur se sont sensiblement développés par rapport à 2021. Cette
évolution positive est due pour une large part aux hausses des prix de la
plupart des produits sur les marchés internationaux. Des taux de croissance
rapides ont été observés pour une majorité de secteurs ouverts sur l’extérieur.
La facture énergétique a été déterminante dans l’évolution des importations
tout comme celle des produits d’équipement. Les acquisitions des autres
produits de l’étranger n’ont pas faibli.
Cette dynamique positive a aussi
concerné les exportations dont les principaux moteurs de la croissance en 2022
ont été les phosphates et dérivés et l’activité de l’automobile. Ces tendances
haussières ont été observées malgré la persistance d’un certain nombre de
contraintes qui continuent de peser lourdement sur la croissance économique
mondiale dans son ensemble. Cette dernière a été ralentie, mais sans reculer.
Cette accélération des échanges commerciaux n’a pas permis une amélioration du
solde commercial du pays qui s’est encore dégradé.
Les opérateurs économiques
satisfaits des réformes en cours
La perception des opérateurs
économiques opérant dans différents secteurs d’activité de l’économie (secteur
des industries manufacturières, extractives, énergétiques et environnementales,
secteur de la construction, commerce et gros et secteur des services marchands
non financiers) s’est améliorée entre le dernier trimestre 2022 et le premier
trimestre de l’année 2023. Et cela à la faveur de l’amélioration des
perspectives de croissance de l’économie marocaine pour l’année 2023. Et
également à la faveur de la mise en œuvre d’un certain nombre de réformes
économiques phares. Les plus importantes d’entre elles sont la mise en œuvre de
la nouvelle Charte d’investissement qui allie en même temps dispositif de
soutien à l’investissement (avec une dimension sectorielle et régionale) et
mesures liées à l’amélioration du climat des affaires. Et l’activation du Fonds
d’investissement Mohammed VI doté de 45 milliards de DH et dont l’objectif est
d’accompagner l’investissement privé dans un certain nombre de secteurs
stratégiques pour notre économie.
Le développement durable : Quelle
stratégie face à la montée des risques climatiques et environnementaux ?
Conscient de l’importance des enjeux
environnementaux avec la montée des risques liés non seulement aux changements
climatiques, mais aussi aux effets de certains modes de production,
d’exploitation et de consommation, le Maroc a multiplié depuis plus d’une
dizaine d’années les initiatives marquant son engagement en faveur du
développement durable à travers une série de réformes visant l’instauration des
bases de la durabilité. La promulgation de la Loi-Cadre n° 99-12 portant charte
nationale de l’environnement a constitué le premier acte fondateur dans ce domaine
qui a visé la structuration de l’action de l’État en faveur du développement
durable. Partant des objectifs fondamentaux de l’action de l’État en matière de
protection de l’environnement, la charte a en effet permis de préciser le cadre
des politiques publiques dans ce secteur en précisant les engagements de l’État
et de l’ensemble des acteurs ainsi que les règles de bonne gouvernance devant
prévaloir dans ce domaine. Le deuxième acte d’importance qui a suivi l’adoption
de la charte de l’environnement a été le lancement, en 2017, de la Stratégie
nationale de développement durable (SNDD) qui marque l’engagement du Maroc Ã
faire du développement durable l’un des piliers de son modèle de développement
et, plus globalement, du projet de société qu’il compte promouvoir à l’avenir.
Réorganisation des chaînes de valeur
mondiales : Atouts, risques et opportunités pour le Maroc
Dans leur acception générale, les
«chaînes de valeur» sont l'expression d'étapes de production qui donnent lieu,
par adjonction de la valeur, à la confection d'un produit final. Les chaînes de
valeur mondiales présupposent que lesdites étapes, allant de l'innovation d'un
produit à sa livraison au consommateur final, sont réalisées par des pays
différents, formant, ainsi, une chaîne internationale de production. Ce
concept, basé sur la fragmentation géographique des activités, répond à un
souci d'optimisation des gains économiques, sous la pression de la concurrence
mondiale, par le recours à l'externalisation (outsourcing) et à la délocalisation
(offshoring). Deux types de procédé permettent, alors, d'organiser la
production à l'échelle internationale : la création de filiales, à l'étranger,
associée à la chaîne de valeur, comme c'est le cas pour les IDE
(Investissements directs à l'étranger) ou l'attribution d'une phase de
production à un fournisseur étranger indépendant (cas d'un sous-traitant
international).