Le Phosphate au Maroc
La réserve de phosphate au Maroc est évaluée à plus
de 70% des réserves mondiales de phosphate brut. En 2020, le Maroc disposait de
réserves d’environ 50 milliards de tonnes métriques de phosphate. Le Maroc est
le troisième producteur mondial derrière les États-Unis et la Chine. Bien que
le Royaume exploite une grande variété de métaux et minéraux, c’est
l’exploitation des phosphates qui prédomine le secteur minier au Maroc. Il faut
savoir que l’exploitation du phosphate
Maroc revient à l’Office chérifien des phosphates (OCP) qui occupe une
place particulière dans l’histoire industrielle du Maroc.
Le Groupe OCP et le phosphate au Maroc
Le secteur minier est considéré
comme l’un des moteurs de l’industrie et par conséquent de l’économie
nationale, au regard de sa contribution au PIB (10% en moyenne), sa part dans
les exportations marocaines et sa capacité de créer de la valeur ajoutée et de
l’emploi. Le phosphate du Maroc
réalise à lui seul un bénéfice moyen de 61,4 milliards de dirhams (MMDH). Le
Plan Maroc Mines (PMM) 2021-2030 ambitionne de développer, dans le cadre d’une
approche globale, un secteur minier compétitif en faveur d’une croissance
durable.
Depuis sa création en 1920, l’Office
chérifien des phosphates (OCP) a connu une transformation continue, pour
devenir aujourd’hui le leader mondial de la production de phosphate et de ses
dérivés. L’entreprise publique est présente dans 12 pays africains, dont le
Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
L’OCP est devenu en un siècle la
locomotive économique du royaume. Khouribga, le hameau qui l’a vu naître, en
est encore dépendant, aujourd’hui une ville de plus de 200 000 habitants.  Il faut savoir qu’à l’image de Johannesburg
(Afrique du Sud), née de la découverte d’un gisement d’or, la ville de
Khouribga fut fondée ex nihilo après la découverte d’un important gisement de
phosphates, à Boujniba en 1917. Sous ces quelques dizaines de kilomètres carrés
sablonneux et arides se concentrent près de 32 % des réserves mondiales de
phosphate, ce minerai essentiel à l’agriculture.
L’Office chérifien des phosphates
joue un rôle économique et social majeur aux niveaux national et local,
particulièrement dans les régions où se trouvent ses centres miniers
(Khouribga, Ben Guerir, Youssoufia, Boukra) et ses centres
industrialo-portuaires (Safi et Jorf Lasfar). L’OCP est un acteur essentiel au
sein des entreprises et établissements publics (EEP), il contribue Ã
l’atténuation des déséquilibres macro-économiques internes et externes du pays.
Grâce à ses actions en faveur de l’amélioration de la productivité du travail
et du capital marocain à travers l’exploitation du phosphate au Maroc, il participe à l’élaboration d’un modèle de
croissance plus intensive et plus équilibrée de l’économie marocaine.
À noter que dans le cadre de son
exercice financier 2021, l’OCP versera une enveloppe de 8,1 MMDH au
gouvernement qui détient 95 % de son capital. La performance exceptionnelle
réalisée par la compagnie sur l’exploitation du phosphate au Maroc durant l’année écoulée est à l’origine de cette
rémunération historique. En effet, l’OCP a affiché un chiffre d’affaires de
84,3 MMDH, soit une hausse de 50 % par rapport à celui de l’exercice précédent
grâce à l’amélioration des prix des engrais (surtout du phosphate
diammonique-DAP) tout au long de l’année.
Le phosphate au Maroc : les derniers chiffres
Après deux années teintées par la
crise sanitaire au cours desquelles le secteur du phosphate au Maroc a aisément fait preuve de résilience, voilà que
les récentes statistiques des échanges extérieurs de l’Office des changes font
état d’une performance exceptionnelle.
En mars 2022 selon l'Office des
changes, les exportations marocaines des phosphates et dérivés ont presque
doublé pour atteindre 24,54 MMDH contre 13,43 MMDH à la même période en 2021.
Cette évolution fait suite, principalement, à l’augmentation des ventes des
engrais naturels et chimiques (+7,75 MMDH) due à l’effet prix qui a plus que
doublé (7,319 DH/T à fin mars 2022 contre 3,116 DH/T à fin mars 2021), explique
l'Office dans sa note sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs,
notant qu'en revanche, les quantités exportées baissent de 17,8%.
Il faut dire que le contexte de
crise, qui pénalise fortement le Maroc sur certaines denrées comme le pétrole,
le gaz ou le blé, le favorise en revanche sur les engrais. La performance est
remarquable d’autant plus que l’augmentation des ventes a permis de
contrebalancer l’envolée des prix des intrants importés notamment le soufre et
l’ammoniac. Si la crise sanitaire a mis à rude épreuve l’économie mondiale, l’invasion
de l’Ukraine par la Russie est venue rendre encore plus difficile la situation
de nombreux pays. Dans ce contexte de crise, les agriculteurs du monde entier
font face à une pénurie d’engrais, denrée dont des pays comme la Russie et
l’Ukraine assuraient une partie importante de la distribution.
Cette rupture de fertilisants Ã
laquelle font face les pays du monde entier entraine une réelle menace sur
l’agriculture mondiale, et par voie de conséquence une forte augmentation des
menaces de crise alimentaire accrue. Le phosphate
du Maroc pourrait alors être la solution, du moins en grande partie, grâce
à l’OCP. Il faut rappeler que depuis le début de l’industrie minière du phosphate au Maroc, le pays a été une
source majeure de phosphore pour les engrais synthétiques. L’utilisation
mondiale de ces engrais a favorisé l’énorme augmentation des rendements des
cultures qui ont entrainé le boom démographique mondial au cours de ces
dernières années.
Quoi qu’il en soit, le Japon,
pour sa part, a récemment fait part de sa décision d’importer prochainement une
grande quantité de phosphate du Maroc
et d’engrais pour assurer sa production agricole. Néanmoins, ni la quantité des
importations japonaises de phosphate ni les dates de livraisons par le Maroc ne
sont pas encore précisées jusqu’ici.