Le phosphate au Maroc : Les derniers chiffres

La réserve de phosphate au Maroc est évaluée à plus de 70% des réserves mondiales de phosphate brut. En 2020, le Maroc disposait de réserves d’environ 50 milliards de tonnes métriques de phosphate. Le Maroc est le troisième producteur mondial derrière les États-Unis et la Chine. Bien que le Royaume exploite une grande variété de métaux et minéraux, c’est l’e...
Source : cmconjoncture
Posté Le : Mercredi 27 juillet 2022

Le Phosphate au Maroc

La réserve de phosphate au Maroc est évaluée à plus de 70% des réserves mondiales de phosphate brut. En 2020, le Maroc disposait de réserves d’environ 50 milliards de tonnes métriques de phosphate. Le Maroc est le troisième producteur mondial derrière les États-Unis et la Chine. Bien que le Royaume exploite une grande variété de métaux et minéraux, c’est l’exploitation des phosphates qui prédomine le secteur minier au Maroc. Il faut savoir que l’exploitation du phosphate Maroc revient à l’Office chérifien des phosphates (OCP) qui occupe une place particulière dans l’histoire industrielle du Maroc.

 

Le Groupe OCP et le phosphate au Maroc

Le secteur minier est considéré comme l’un des moteurs de l’industrie et par conséquent de l’économie nationale, au regard de sa contribution au PIB (10% en moyenne), sa part dans les exportations marocaines et sa capacité de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi. Le phosphate du Maroc réalise à lui seul un bénéfice moyen de 61,4 milliards de dirhams (MMDH). Le Plan Maroc Mines (PMM) 2021-2030 ambitionne de développer, dans le cadre d’une approche globale, un secteur minier compétitif en faveur d’une croissance durable.

Depuis sa création en 1920, l’Office chérifien des phosphates (OCP) a connu une transformation continue, pour devenir aujourd’hui le leader mondial de la production de phosphate et de ses dérivés. L’entreprise publique est présente dans 12 pays africains, dont le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

L’OCP est devenu en un siècle la locomotive économique du royaume. Khouribga, le hameau qui l’a vu naître, en est encore dépendant, aujourd’hui une ville de plus de 200 000 habitants.  Il faut savoir qu’à l’image de Johannesburg (Afrique du Sud), née de la découverte d’un gisement d’or, la ville de Khouribga fut fondée ex nihilo après la découverte d’un important gisement de phosphates, à Boujniba en 1917. Sous ces quelques dizaines de kilomètres carrés sablonneux et arides se concentrent près de 32 % des réserves mondiales de phosphate, ce minerai essentiel à l’agriculture.

L’Office chérifien des phosphates joue un rôle économique et social majeur aux niveaux national et local, particulièrement dans les régions où se trouvent ses centres miniers (Khouribga, Ben Guerir, Youssoufia, Boukra) et ses centres industrialo-portuaires (Safi et Jorf Lasfar). L’OCP est un acteur essentiel au sein des entreprises et établissements publics (EEP), il contribue à l’atténuation des déséquilibres macro-économiques internes et externes du pays. Grâce à ses actions en faveur de l’amélioration de la productivité du travail et du capital marocain à travers l’exploitation du phosphate au Maroc, il participe à l’élaboration d’un modèle de croissance plus intensive et plus équilibrée de l’économie marocaine.

À noter que dans le cadre de son exercice financier 2021, l’OCP versera une enveloppe de 8,1 MMDH au gouvernement qui détient 95 % de son capital. La performance exceptionnelle réalisée par la compagnie sur l’exploitation du phosphate au Maroc durant l’année écoulée est à l’origine de cette rémunération historique. En effet, l’OCP a affiché un chiffre d’affaires de 84,3 MMDH, soit une hausse de 50 % par rapport à celui de l’exercice précédent grâce à l’amélioration des prix des engrais (surtout du phosphate diammonique-DAP) tout au long de l’année.

 

Le phosphate au Maroc : les derniers chiffres

Après deux années teintées par la crise sanitaire au cours desquelles le secteur du phosphate au Maroc a aisément fait preuve de résilience, voilà que les récentes statistiques des échanges extérieurs de l’Office des changes font état d’une performance exceptionnelle.

En mars 2022 selon l'Office des changes, les exportations marocaines des phosphates et dérivés ont presque doublé pour atteindre 24,54 MMDH contre 13,43 MMDH à la même période en 2021. Cette évolution fait suite, principalement, à l’augmentation des ventes des engrais naturels et chimiques (+7,75 MMDH) due à l’effet prix qui a plus que doublé (7,319 DH/T à fin mars 2022 contre 3,116 DH/T à fin mars 2021), explique l'Office dans sa note sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs, notant qu'en revanche, les quantités exportées baissent de 17,8%.

Il faut dire que le contexte de crise, qui pénalise fortement le Maroc sur certaines denrées comme le pétrole, le gaz ou le blé, le favorise en revanche sur les engrais. La performance est remarquable d’autant plus que l’augmentation des ventes a permis de contrebalancer l’envolée des prix des intrants importés notamment le soufre et l’ammoniac. Si la crise sanitaire a mis à rude épreuve l’économie mondiale, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est venue rendre encore plus difficile la situation de nombreux pays. Dans ce contexte de crise, les agriculteurs du monde entier font face à une pénurie d’engrais, denrée dont des pays comme la Russie et l’Ukraine assuraient une partie importante de la distribution.

Cette rupture de fertilisants à laquelle font face les pays du monde entier entraine une réelle menace sur l’agriculture mondiale, et par voie de conséquence une forte augmentation des menaces de crise alimentaire accrue. Le phosphate du Maroc pourrait alors être la solution, du moins en grande partie, grâce à l’OCP. Il faut rappeler que depuis le début de l’industrie minière du phosphate au Maroc, le pays a été une source majeure de phosphore pour les engrais synthétiques. L’utilisation mondiale de ces engrais a favorisé l’énorme augmentation des rendements des cultures qui ont entrainé le boom démographique mondial au cours de ces dernières années.

Quoi qu’il en soit, le Japon, pour sa part, a récemment fait part de sa décision d’importer prochainement une grande quantité de phosphate du Maroc et d’engrais pour assurer sa production agricole. Néanmoins, ni la quantité des importations japonaises de phosphate ni les dates de livraisons par le Maroc ne sont pas encore précisées jusqu’ici.