Les banques islamiques au Maroc : Quel impact sur la croissance économique
?
Les établissements financiers au
Maroc se composent de banques de détail, de banques d'investissement, de
sociétés de financement et de transfert de fonds et de banques extraterritoriales.
Les banques islamiques au Maroc, ou banques
participatives, ont fait leur première apparition en 2016. Certes, le projet
fut validé depuis 2014, mais les banques marocaines ont demandé un délai afin
de se préparer à ce type de finance spécifique.
Il faut savoir que déjà depuis le
début des années 1980, plusieurs institutions financières islamiques ont
approché les autorités monétaires marocaines dans la perspective d’une
implantation dans le royaume. Cependant, les banques marocaines craignaient une
distorsion de leur marché habituel avec l'entrée en lice des groupes bancaires
des pays du golfe. Les banques islamiques, elles, voulaient avant tout apporter
des solutions de financement de logements aux clients rétifs aux prêts
bancaires standards.
Mais aujourd’hui, quel est l’impact des banques islamiques au Maroc ? Ou plus particulièrement, quel est l’impact des banques participatives sur l’économie marocaine ? Historique, fonctionnement, évolution et impact des banques islamiques au Maroc… découvrez tous les essentiels à savoir à travers cet article.
Historique des banques islamiques au Maroc
En 2019, la finance islamique
représentait environ 2 400 milliards d’euros d’actifs à travers le monde, ce
chiffre pourrait atteindre environ 3 100 milliards d'euros à l’horizon 2024. Ce
secteur a connu une très forte progression si hier encore il était méconnu de
la finance mondiale. La finance islamique recouvre l’ensemble des transactions
et produits financiers conformes aux principes de la loi coranique, qui
supposent l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation,
l’interdiction d’investir dans des secteurs considérés comme illicites (alcool,
tabac, paris sur les jeux, etc.), ainsi que le respect du principe de partage
des pertes et des profits.
La finance islamique a toujours
manifesté de l’intérêt pour le Maroc. En 1985, la banque « Wafa Bank » a été
lancée dans le cadre d’un essai de création d’une banque islamique locale. Elle
avait « préparé » une opération d’ouverture de guichets de produits
islamiques au sein de sa structure. Mais c’est plus précisément en 2007, que les
autorités marocaines, à travers Bank Al Maghrib (BAM), acceptent une première
ouverture. Les banques islamiques au
Maroc pouvaient alors présenter au public des produits « islamiques ».
Les produits concernés sont la Mourabaha, l’Ijara et la Moucharaka. Et en 2017,
les autorités marocaines ont donné le véritable feu vert aux banques islamiques,
pour un démarrage effectif. Cinq banques participatives et trois fenêtres
participatives ont alors obtenu leurs agréments : Bank Umnia, Bank Assafa (anciennement
Wafa Bank puis devenue Attijariwafa Bank), Bank Attamwil wal Inmae (BTI), Bank
al Yousr, Al bank Al Akhdar, Bank Nejma, Bank Arrida et Dar Al Aman.
Les banques islamiques au Maroc, comme dans le reste du monde
d’ailleurs, doivent respecter les principes liés à la charia tout en maintenant
des objectifs rentables. Par conséquent, la finance islamique applique des
règles spécifiques à tous les segments financiers, tels que l’épargne, les
investissements et les prêts.
L’impact des banques islamiques au Maroc
Il faut admettre qu’au moins dans les pays à revenu moyen faible et dans ceux à revenu intermédiaire, le développement du secteur financier impacte la croissance économique. En effet, un secteur financier développé permet de mobiliser l’épargne, faciliter l’allocation du capital aux projets les plus productifs, s’assurer de l’utilisation adéquate de ce capital une fois investi, et de diversifier les risques. D'une manière générale, la finance islamique représente une part importante et croissante de l'économie mondiale. Dans les pays qui ont adopté ce type de financement participatif, ce dernier a pu, de près ou de loin, promouvoir l’inclusion financière, entrainant une certaine accélération de la croissance économique.
Le secteur bancaire islamique ne
s’est pas substitué nécessairement au secteur bancaire conventionnel, mais
avait fourni des produits financiers à une certaine fraction de la population
qui autrement restait en dehors du système financier. En 2012, les résultats de
l’enquête menée par l’Islamic Finance Advisory and Assurances Services (IFAAS)
révèlent que 97% des Marocains sont intéressés par la finance islamique, 9% ne
détiennent pas de compte bancaire pour
des considérations religieuses
et 31% sont prédisposés Ã
basculer du conventionnel
à l’islamique.
Aujourd’hui au Maroc, la taille
du marché du financement participatif reste encore assez limitée. Bien qu’en
développement continu depuis 2018 (en témoigne un taux d’évolution moyen des
encours de +54% entre 2018 et 2020), les banques participatives représentent
0,9 % seulement du total actif du secteur bancaire global à fin 2020 et 1.5% Ã
fin novembre 2021. Le secteur de la finance participative s'est développé à un
rythme plus lent que prévu et l’impact
des banques islamiques au Maroc n’est pas encore réellement tangible.
Toutefois, la crise du Covid-19 a montré que la finance islamique apporte une
réelle valeur ajoutée aux clients en temps de crise. La crise a généré un
impact économique important sur l'activité commerciale et le revenu des
ménages. Par ailleurs, dans ce contexte, les personnes sont moins enclines Ã
investir et préfèrent détenir des liquidités. Les banques islamiques au Maroc ont donc pris les mesures nécessaires
pour être en accord avec les principes de la Charia et pour être au-delà des
attentes de leurs clients (rééchelonnement des engagements sans frais,
résiliation de compte d’investissement sans pénalité ni frais, aides
diverses…).
Ainsi, malgré les conditions
économiques sévères liées à la propagation du Covid-19, les activités de
finance participative ont poursuivi leur développement en 2020, principalement
sous l’effet de la croissance des financements Mourabaha (9,7 Md MAD ; +50 % en
2020) qui restent largement prédominants dans les encours à l’actif de ces
institutions (80% des encours de financement au 31/12/2020).