Les moyens de paiement au Maroc : évolution et perspectives
Les moyens de paiement ont connu de nombreuses évolutions ces
dernières années en raison de l’adoption de nouveaux modes de consommation par
le grand public (commerce en ligne ayant entraîné un essor des paiements par
carte bancaire) et du développement de nouvelles technologies (paiements sans
contact par carte ou par téléphone, virements instantanés, portefeuilles
électroniques). Ces innovations ont permis aux utilisateurs de payer plus facilement
et plus rapidement. Les systèmes et moyens
de paiement constituent un des vecteurs de transmission de la politique
monétaire en assurant une circulation rapide et sûre de la monnaie.
Malgré les évolutions légales et
réglementaires, la modernisation des systèmes de paiement et le développement
qu’ont connu les offres bancaires, les moyens
de paiement au Maroc restent encore assez dominés par les échanges en
espèce. De son côté, le paiement en ligne au Maroc poursuit sa lancée, avec des
chiffres qui augmentent d'année en année, dans un contexte marqué par une
évolution radicale des attentes des consommateurs en termes de services et
d'expérience d'achat. Découvrez un aperçu sur les moyens de paiements au Maroc : quels sont les différents moyens de paiement, quelles évolutions et
quelles perspectives ?
Quels sont les différents moyens de paiement au Maroc ?
Les moyens de paiement sont l’ensemble des instruments mis Ã
disposition des agents économiques pour régler leurs dépenses par des
transferts d’argent. Ils se divisent en deux catégories : d’une part les moyens
de paiement fiduciaires (les pièces et les billets) et d’autre part, les moyens
de paiement dits scripturaux, car ils supposent des écritures sur des comptes
(cartes bancaires, chèques, virements, prélèvements, monnaie électronique, etc.).
En d’autres termes, la monnaie fiduciaire représente la valeur des billets de
banque et pièces de monnaie en circulation et la monnaie scripturale regroupe
l’ensemble des dépôts à vue auprès du système bancaire. Dans l’ensemble, le
consommateur marocain éprouve toujours une appétence et une facilité dans
l’utilisation des moyens de paiement en espèces par rapport aux autres moyens
de paiement scripturaux ou électroniques.
En 2006, Bank Al-Maghrib a
procédé à la normalisation de la formule du chèque. Cela a permis de prendre en
considération les nouvelles contraintes liées à la scannérisation et l’échange
des images chèques. Aussi, de nouvelles caractéristiques techniques ont été
fixées concernant, notamment, la qualité du papier chèque, les motifs et les
trames de fond ainsi que les teintes de couleur devant être utilisées par les
établissements bancaires afin de garantir une bonne qualité des images chèques
scannés. De même, les établissements bancaires ont été invités à mettre en
œuvre les mesures de sécurité appropriées à même de lutter contre la
contrefaçon des formules de chèques.
La lettre de change a aussi été
normalisée en 2007, les règles de sa codification ont été précisées, une étape
préalable à la dématérialisation d’échanges de lettres de change à travers le
SIMT. Et dans le domaine de la monétique, la banque centrale a persévéré dans
ses efforts visant la mise en conformité des systèmes monétiques des
établissements bancaires avec les standards internationaux.
Par ailleurs 2021, la promotion des moyens de paiement électronique fait partie des actions stratégiques engagées par Bank Al-Maghrib. En vue de faciliter le processus d’intégration progressive des moyens de paiement au Maroc dans le système de télé-compensation électronique, Bank Al-Maghrib a établi des normes auxquelles doivent obéir les instruments de paiement échangés.
Les moyens de paiement au Maroc : les derniers chiffres et évolutions
L’argent liquide reste encore Ã
ce jour le moyen de paiement le plus utilisé au Maroc, comma dans de nombreux
autres pays. D’après une étude publiée récemment en 2022 par la plateforme de
recherche britannique «Merchant Machine», 74% de tous les paiements au Maroc se
font en espèces, 71% de la population n’ayant pas son propre compte bancaire et
seulement 0,2% possédant une carte de crédit, ce qui indique que la majorité
des citoyens marocains dépendent toujours de l’argent liquide pour leurs
transactions.
Avant 2016, le chèque constituait
l’instrument de paiement support le plus utilisé au Maroc, avec 28,5 millions
d’opérations pour une valeur de 976 milliards de dirhams en 2015, soit 43% du
nombre des échanges réalisés et 59% des volumes échangés en interbancaire.
Puis, ces cinq dernières années, une décélération de l’utilisation du chèque a
été enregistrée. Elle a perdu des places en termes des échanges, en nombre notamment,
au profit des virements et de la carte bancaire. Le virement bancaire a notamment
connu une évolution depuis 2016, les échanges par virement ont dépassé ceux du
chèque en volume dans un premier temps et en valeur à partir de 2018. Le
virement bancaire prédominait dès lors dans les échanges scripturaux en matière
de moyens de paiement.
Mais en 2021, un constat confirmé
par le Centre monétique interbancaire (CMI) dans son rapport de l’activité
monétique indique que les transactions par carte bancaire (TPE et paiement en
ligne) continuent de progresser et en enregistrant une augmentation de 15,3% au
premier trimestre 2021, et de 11,7% Ã 8,98 milliards de dirhams en volume. Le
paiement par carte bancaire nationale est alors devenu à la tête des
alternatives au paiement espèce utilisées par les Marocains. Près de 1/3 des
Marocains utilisent ainsi la carte bancaire tous les mois. Quant au paiement
par chèque, seuls 8% l’utilisent, 4% tous les mois. Les paiements à travers les
Terminaux de paiement électroniques (TPE) et ceux en ligne ont connu en 2021 une
augmentation respective de 29 et 45% en nombre.
Le paiement Mobile (ou M-Wallet),
lui, commençait en 2021 à se faire une place timide dans le comportement des
consommateurs. Dans les détails, 19 offres M-Wallets sont présentes sur le
marché en 2021 dont 13 émises par des établissements de paiement au Maroc. La
banque centrale indique dans son rapport que l’encours global des M-Wallets
émis par les établissements a augmenté considérablement en 2021 passant de 3,1
millions à fin 2020 à 6,3 millions à fin 2021, soit une progression de +102 %.
De même, la part des M-Wallets émis par les établissements de paiement
représente 75 % du total de l’encours des M-Wallets, soit 4,8 millions à fin
2021 contre 2,1 millions à fin 2020. Bank Al-Maghrib observe par ailleurs une
progression continue du stock des M-Wallets. Une évolution qui demeure « plus
marquée » auprès des établissements de paiement (+107 %) qu’auprès des
établissements bancaires (+52 %).
Enfin, il faut savoir que le virement bancaire instantané sera effectif en 2023. Les derniers tests sont en cours pour permettre une réception instantanée des virements bancaires pour les particuliers et les entreprises au Maroc. Ce système de virement bancaire instantané va moderniser le système de compensation nationale et réduira le temps d’un virement ou paiement de 1 ou 2 jours actuellement à seulement quelques secondes. Elle permettra également aux banques de proposer de nouveaux services bancaires aux clients.