Les moyens de paiement au Maroc : Evolution et perspectives

Les moyens de paiement ont connu de nombreuses évolutions ces dernières années en raison de l’adoption de nouveaux modes de consommation par le grand public (commerce en ligne ayant entraîné un essor des paiements par carte bancaire) et du développement de nouvelles technologies (paiements sans contact par carte ou par téléphone, virements instantanés, porte...
Source : cmconjoncture
Posté Le : Mardi 17 Janvier 2023

Les moyens de paiement au Maroc : évolution et perspectives

Les moyens de paiement ont connu de nombreuses évolutions ces dernières années en raison de l’adoption de nouveaux modes de consommation par le grand public (commerce en ligne ayant entraîné un essor des paiements par carte bancaire) et du développement de nouvelles technologies (paiements sans contact par carte ou par téléphone, virements instantanés, portefeuilles électroniques). Ces innovations ont permis aux utilisateurs de payer plus facilement et plus rapidement. Les systèmes et moyens de paiement constituent un des vecteurs de transmission de la politique monétaire en assurant une circulation rapide et sûre de la monnaie.

Malgré les évolutions légales et réglementaires, la modernisation des systèmes de paiement et le développement qu’ont connu les offres bancaires, les moyens de paiement au Maroc restent encore assez dominés par les échanges en espèce. De son côté, le paiement en ligne au Maroc poursuit sa lancée, avec des chiffres qui augmentent d'année en année, dans un contexte marqué par une évolution radicale des attentes des consommateurs en termes de services et d'expérience d'achat. Découvrez un aperçu sur les moyens de paiements au Maroc : quels sont les différents moyens de paiement, quelles évolutions et quelles perspectives ?

Quels sont les différents moyens de paiement au Maroc ?

Les moyens de paiement sont l’ensemble des instruments mis à disposition des agents économiques pour régler leurs dépenses par des transferts d’argent. Ils se divisent en deux catégories : d’une part les moyens de paiement fiduciaires (les pièces et les billets) et d’autre part, les moyens de paiement dits scripturaux, car ils supposent des écritures sur des comptes (cartes bancaires, chèques, virements, prélèvements, monnaie électronique, etc.). En d’autres termes, la monnaie fiduciaire représente la valeur des billets de banque et pièces de monnaie en circulation et la monnaie scripturale regroupe l’ensemble des dépôts à vue auprès du système bancaire. Dans l’ensemble, le consommateur marocain éprouve toujours une appétence et une facilité dans l’utilisation des moyens de paiement en espèces par rapport aux autres moyens de paiement scripturaux ou électroniques.

En 2006, Bank Al-Maghrib a procédé à la normalisation de la formule du chèque. Cela a permis de prendre en considération les nouvelles contraintes liées à la scannérisation et l’échange des images chèques. Aussi, de nouvelles caractéristiques techniques ont été fixées concernant, notamment, la qualité du papier chèque, les motifs et les trames de fond ainsi que les teintes de couleur devant être utilisées par les établissements bancaires afin de garantir une bonne qualité des images chèques scannés. De même, les établissements bancaires ont été invités à mettre en œuvre les mesures de sécurité appropriées à même de lutter contre la contrefaçon des formules de chèques.

La lettre de change a aussi été normalisée en 2007, les règles de sa codification ont été précisées, une étape préalable à la dématérialisation d’échanges de lettres de change à travers le SIMT. Et dans le domaine de la monétique, la banque centrale a persévéré dans ses efforts visant la mise en conformité des systèmes monétiques des établissements bancaires avec les standards internationaux.

Par ailleurs 2021, la promotion des moyens de paiement électronique fait partie des actions stratégiques engagées par Bank Al-Maghrib. En vue de faciliter le processus d’intégration progressive des moyens de paiement au Maroc dans le système de télé-compensation électronique, Bank Al-Maghrib a établi des normes auxquelles doivent obéir les instruments de paiement échangés.

Les moyens de paiement au Maroc : les derniers chiffres et évolutions

L’argent liquide reste encore à ce jour le moyen de paiement le plus utilisé au Maroc, comma dans de nombreux autres pays. D’après une étude publiée récemment en 2022 par la plateforme de recherche britannique «Merchant Machine», 74% de tous les paiements au Maroc se font en espèces, 71% de la population n’ayant pas son propre compte bancaire et seulement 0,2% possédant une carte de crédit, ce qui indique que la majorité des citoyens marocains dépendent toujours de l’argent liquide pour leurs transactions.

Avant 2016, le chèque constituait l’instrument de paiement support le plus utilisé au Maroc, avec 28,5 millions d’opérations pour une valeur de 976 milliards de dirhams en 2015, soit 43% du nombre des échanges réalisés et 59% des volumes échangés en interbancaire. Puis, ces cinq dernières années, une décélération de l’utilisation du chèque a été enregistrée. Elle a perdu des places en termes des échanges, en nombre notamment, au profit des virements et de la carte bancaire. Le virement bancaire a notamment connu une évolution depuis 2016, les échanges par virement ont dépassé ceux du chèque en volume dans un premier temps et en valeur à partir de 2018. Le virement bancaire prédominait dès lors dans les échanges scripturaux en matière de moyens de paiement.

Mais en 2021, un constat confirmé par le Centre monétique interbancaire (CMI) dans son rapport de l’activité monétique indique que les transactions par carte bancaire (TPE et paiement en ligne) continuent de progresser et en enregistrant une augmentation de 15,3% au premier trimestre 2021, et de 11,7% à 8,98 milliards de dirhams en volume. Le paiement par carte bancaire nationale est alors devenu à la tête des alternatives au paiement espèce utilisées par les Marocains. Près de 1/3 des Marocains utilisent ainsi la carte bancaire tous les mois. Quant au paiement par chèque, seuls 8% l’utilisent, 4% tous les mois. Les paiements à travers les Terminaux de paiement électroniques (TPE) et ceux en ligne ont connu en 2021 une augmentation respective de 29 et 45% en nombre.

Le paiement Mobile (ou M-Wallet), lui, commençait en 2021 à se faire une place timide dans le comportement des consommateurs. Dans les détails, 19 offres M-Wallets sont présentes sur le marché en 2021 dont 13 émises par des établissements de paiement au Maroc. La banque centrale indique dans son rapport que l’encours global des M-Wallets émis par les établissements a augmenté considérablement en 2021 passant de 3,1 millions à fin 2020 à 6,3 millions à fin 2021, soit une progression de +102 %. De même, la part des M-Wallets émis par les établissements de paiement représente 75 % du total de l’encours des M-Wallets, soit 4,8 millions à fin 2021 contre 2,1 millions à fin 2020. Bank Al-Maghrib observe par ailleurs une progression continue du stock des M-Wallets. Une évolution qui demeure « plus marquée » auprès des établissements de paiement (+107 %) qu’auprès des établissements bancaires (+52 %).

Enfin, il faut savoir que le virement bancaire instantané sera effectif en 2023. Les derniers tests sont en cours pour permettre une réception instantanée des virements bancaires pour les particuliers et les entreprises au Maroc. Ce système de virement bancaire instantané va moderniser le système de compensation nationale et réduira le temps d’un virement ou paiement de 1 ou 2 jours actuellement à seulement quelques secondes. Elle permettra également aux banques de proposer de nouveaux services bancaires aux clients.