Que ce soit dans le secteur de la
santé, la promotion des investissements étrangers directs ou la gestion de la
dette, de nombreuses réformes sont nécessaires à plus de résilience. C’est, en
substance, ce qu’on peut retenir de la note du Centre marocain de conjoncture
(CMC), rendue publique en fin de semaine dernière. Dans les détails, plusieurs
axes sont mis en avant par le centre. Concernant les investissements directs
étrangers (IDE), l’organisme souligne qu’ils ont chuté de 49% au premier
semestre 2020 et sont en passe de chuter jusqu’à 40% pour l’année en cours.
Ceci ramènerait les IDE en dessous de 1.000 milliards de dollars pour la
première fois depuis 2005, constate-t-on. Dès lors, les gouvernements des pays
en développement (PED) seront confrontés au défi de gérer des évolutions
défavorables, d’autant plus qu’à plus long terme, on assistera au
«raccourcissement des chaînes de valeur, d’une concentration de la valeur
ajoutée qui devient plus difficile à capter pour les PED et d’une diminution
des investissements internationaux manufacturiers», note le CMC, soulignant que
tout n’est pas perdu d’avance, et des lueurs d’espoir émanent de l’éventuelle
découverte d’un traitement ou d’un vaccin qui pourraient endiguer la diffusion
du virus.
L’espoir d’un vaccin
«En ce moment, tous les regards sont
braqués sur le secteur des industries pharmaceutiques, plus précisément sur les
grands laboratoires internationaux et les sociétés d’innovation en
biotechnologie.» En attendant, il y a un ensemble de priorités sur lesquelles
il faut agir urgemment. L’observatoire privé et indépendant de l’économie
marocaine l’a d’ailleurs fait remarquer, soulignant que «les enfants sont
menacés de malnutrition, de mortalité infantile, de difficultés liées à la
scolarisation, à la violence… les adultes, quant à eux, peuvent souffrir de
l’insuffisance de leur capital humain qui gêne leur accès à des revenus décents
sous l’effet, notamment, des maladies, du chômage et du sous-emploi… Les
personnes âgées font face à des risques de santé fréquents, souvent aggravés
par l’absence de couverture en pensions de retraite et/ou d’assurance-maladie.
D’autres risques se présentent sous forme de difficultés d’accès aux services
sociaux de base…». Parallèlement à celles-ci, on retrouve la nécessité de la
restructuration du secteur public.
Un endettement justifié
Pour le CMC, celle-ci est
aujourd’hui une priorité pour tous les États; et les responsables marocains ont
aussi fait ce choix en déployant tous les efforts pour remplacer les structures
publiques très centralisées et hautement hiérarchisées par d’autres plus
organisées, plus souples, plus rationnelles et répondant plus concrètement aux
besoins des citoyens. Seulement voilà, constatent les experts, «Ce projet
semble cependant rencontrer des difficultés d’application en raison de
l’existence de nombreux facteurs entravants. De ce fait, les réformes déclarées
et élaborées restent en décalage par rapport aux attentes». S’agissant du
chapitre relatif à l’endettement du Maroc en 2020, et des emprunts pour gérer
le choc de la pandémie et préparer la relance en 2021, le centre rappelle que,
devant la gravité de ces chocs extrêmes de nature exogène et la menace qu’ils
ont fait peser sur les équilibres macroéconomiques, le Maroc a sensiblement
accru son endettement externe pour, d’une part, préserver sa solvabilité à
l’international, et d’autre part maintenir la crédibilité de sa politique
économique une fois le retour à la normale acté. À l’examen des chiffres,
poursuit l’observatoire, le recours accru à ces financements d’origine externe
est nécessaire, maîtrisé et soutenable. Le centre salue également la mise en
place du Fonds Mohammed VI, «levier stratégique du programme de relance». Pour
rappel, devant faire face à une conjoncture particulièrement contraignante
depuis le déclenchement de la crise sanitaire et ses répercussions sur
l’équilibre économique et social, le Maroc s’est engagé, pour l’après-pandémie,
à mettre en œuvre un important programme de relance économique doté d’une
enveloppe financière de 120 MMDH. «Le système de gouvernance du fonds, son
efficacité et sa transparence s’avèrent être d’une importance capitale pour
l’accomplissement de sa mission dans les meilleures conditions», préconisent
les experts du Centre marocain de conjoncture.