Sécheresse, coronavirus: Alerte sur la croissance

Les conséquences économiques du coronavirus et surtout l’impact de la sécheresse se feront sentir sur la croissance. Le Haut Commissariat au Plan (HCP) qui annoncera l’actualisation de sa prévision au mois d’avril a d’ores et déjà prévenu que le pronostic sera revu à la baisse.
Source : L’économiste
Posté Le : Mardi 7 avril 2020

Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au plan, avertit que le taux de croissance annoncé en janvier, à 3,5%, sera plutôt proche de 2%: «La croissance du PIB sera plus proche de 2%. C’est le niveau le moins bon des vingt dernières années». Il recommande au passage de profiter de cette crise pour lancer des réformes structurelles loin des calculs électoralistes. «Nous devons avoir notre propre façon de gérer les affaires. Les politiques du FMI datent de 50 ans», poursuit Lahlimi.

Le Centre marocain de conjoncture est également pessimiste: «La croissance ne devrait pas dépasser 1,5%», déclare le Pr. Ahmed Laaboudi, directeur général. Le CMC avait prévu un taux de 4,5% pour 2020!

Bank Al-Maghrib doit, en principe, livrer ses prévisions mardi 17 mars à l’occasion de la réunion de son conseil. Contactée par L’Economiste, la représentation de la Banque mondiale au Maroc affirme que «l’équipe d’économistes est en train de finaliser une note sur ce sujet».

Ces prévisions pessimistes tiennent à l’impact des conditions climatiques défavorables et à la conjoncture internationale avec le coronavirus. Le Maroc enregistre pour la deuxième année consécutive un déficit de pluviométrie. L’année dernière déjà la production céréalière n’avait pas dépassé 52 millions de quintaux, en recul de 50% par rapport à 2018 et de 34% par rapport à la moyenne réalisée entre 2008 et 2017. Pour la campagne en cours,  la situation ne risque pas d’évoluer favorablement. Mais il faut attendre les statistiques du ministère de l’Agriculture pour avoir une idée précise.

Pour sa part l’effet coronavirus risque de peser lourdement sur l’activité même si la facture énergétique va s’alléger  en raison de la baisse des cours du pétrole. Le risque vient surtout de la demande adressée au Maroc. Celle-ci pourrait reculer à cause du retrait de la demande chez les partenaires européens du Maroc.

En France, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a prévenu que l’impact du coronavirus sur la croissance sera sévère. Les économistes de la Banque de France ne s’attendent qu’à une progression de 0,1% du PIB sur les trois premiers mois de l’année.  Christine Lagarde, présidente de la BCE, a averti qu’en «l’absence de réaction européenne, il y a un risque que le choc économique lié au coronavirus soit aussi fort que lors de la crise de 2008».

Au Maroc, le tourisme, le transport aérien ainsi que l’événementiel sont les premiers secteurs affectés. Le gouvernement a décidé d’interdire jusqu’à fin mars tous les événements rassemblant plus de 1.000 personnes. Toutes les conférences, les rencontres culturelles ou sportives sont annulées.

D’autres secteurs ne sont pas non plus à l’abri: l’automobile, l’agro-alimentaire, etc. Marc Nassif, DG de la filiale marocaine du constructeur français, a déclaré à L’Economiste: «C’est certain que si le marché européen était amené à baisser fortement, nous serions impactés et je ne peux pas vous garantir que nous ne serions pas amenés à prendre des mesures drastiques. Chose que je ne souhaite pas» (Voir aussi notre édition n°5716 du mercredi 11 mars 2020).

Ceci étant, le patronat et le gouvernement comptent bientôt réunir le comité de veille stratégique, une instance qui a refait surface vendredi 6 mars à l’occasion d’une rencontre entre les deux parties.  En attendant, la CGEM veut ficeler ses dossiers et organise une réunion avec les fédérations et les antennes régionales ce jeudi 12 mars.