Analyse du CMC sur le marché du travail, une situation bien terne

Le Centre Marocain de Conjoncture a publié sa dernière publication mensuelle « Maroc Conjoncture » n° 301, sous le thème « Le marché du travail : quels enjeux et opportunités ?, dont voici les principaux axes :
Source : La Nouvelle Tribune
Posté Le : Mercredi 18 avril 2018

Emploi dans les pays de l’occident : Inégalités, polarisation et incertitudes

Dans une conjoncture économique mondiale encore difficile et en dépit d’une croissance plus forte que prévue en 2017, il est attendu que la tendance au redressement, entre 2017 et 2018, selon le rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) : « Emploi et questions sociales dans le monde », serait attribuable aux prouesses des marchés du travail dans les pays développés. Le taux de chômage devrait y reculer pour se situer en deçà de son niveau d’avant la dernière crise. En contrepartie l’évolution de l’emploi, bien qu’en progrès par rapport à 2016, ne permettra pas de répondre à l’accroissement de la demande dans les pays émergents et les pays en développement.

La faillite des entreprises : Un climat des affaires délétère

Le Maroc se distingue parmi les pays qui connaissent les plus fortes tendances à la défaillance des entreprises. Une situation qui résulte d’un contexte économique insuffisamment immunisé contre les risques de par ses faiblesses à la fois structurelles (management étriqué, faibles qualifications de la main-d’œuvre, diversification et intégration industrielles insuffisantes…), conjoncturelles (impact symptomatique d’un secteur agricole fortement soumis aux aléas pluviométriques, saturation de secteurs spécifiques…) et de comportement (défaut de posture entrepreneuriale, mimétisme…). D’aucuns pensent que si ces défaillances pénalisent la dynamique de l’économie nationale, il n’en demeure pas moins qu’elles servent, du moins partiellement, de purges contributrices à l’assainissement de certains secteurs d’activité.

Marché du travail : Un enjeu économique et social important

Si le marché du travail au Maroc continue d’être caractérisé par son incapacité à réduire le chômage, plus particulièrement celui des jeunes et à permettre l’accès à l’emploi à une large frange de la population, les solutions au problème du chômage et au sous-emploi ne sont à rechercher ni dans l’utilisation des contrats de travail, ni dans les aides à l’embauche aux entreprises. Il convient, plutôt, de mettre en place les conditions d’une croissance forte et soutenue à même de rendre confiance aux entreprises et leurs permettre de réaliser des investissements plus productifs.

Investissements directs étrangers : Quel apport à l’emploi ?

L’impact des IDE sur l’emploi est peu étudié dans la littérature économique. Les études existantes concluent que l’élasticité de la création d’emplois directs par rapport au niveau d’IDE est faible. Les mesures pro-IDE doivent donc être accompagnées de mesures de stimulation de l’emploi. Par ailleurs, les multinationales tendent à favoriser une amélioration des salaires dans les pays en développement où elles déploient leurs activités.

 

Au Maroc, si les montants d’IDE ont augmenté sensiblement, leur potentiel de création d’emploi est différent selon les secteurs. La réorientation qui se profile des investissements vers le secteur manufacturier pourrait favoriser davantage la création d’emplois et une meilleure répartition des richesses.

Les créations et les destructions d’emplois

Les statistiques officielles du marché du travail posent aujourd’hui plus d’un problème. D’une part, ces statiques ne sont pas assez détaillées pour que les décideurs puissent les utiliser pour orienter leurs actions. Les statistiques de l’emploi concernent parfois les secteurs et les branches qui les composent et parfois se limitent aux secteurs. D’autre part, ces mêmes statistiques posent un problème en termes de leur homogénéité ce qui rend difficile la possibilité d’analyser l’évolution ou de faire des comparaisons entre ces mêmes statistiques. Parfois, ces statistiques sont des chiffres bruts et parfois des chiffres nets. Alors qu’il fallait fournir ces chiffres en détail par secteur et par branches en brut et en net d’une manière exhaustive pour apprécier les performances des politiques sectorielles.

Marché du travail : Des déséquilibres persistants

Les dernières données sur le marché du travail soulignent encore la faiblesse de la capacité de création d’emploi des activités productives. Selon ces données, la reprise du cycle de croissance en 2017 aura généré au total un volume de 86 milliers d’emplois nets additionnels, soit à peine 75 % de la moyenne des emplois créés par an durant la décennie 2004-2014. Ce résultat nettement insuffisant pour absorber les nouvelles populations accédant pour la première fois au marché du travail tient à l’essoufflement de la croissance ainsi qu’aux structures productives inadaptées et faiblement compétitives. Il tient également aux déficiences d’un marché où prédomine l’emploi informel avec ses implications quant à la qualité des emplois offerts en termes de qualification, de sécurité et de protection sociale. Ce constat devrait orienter, à l’avenir, les stratégies à long terme en matière d’emploi.