Le marché financier au Maroc : Quelle est sa situation actuelle ?

Après la crise sanitaire, la situation actuelle du marché financier au Maroc demeure quasiment inchangée, le CMC met à votre disposition un rapport bien détaillé.
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Posté Le : Mercredi 9 septembre 2020

Situation actuelle du marché financier au Maroc

Les modalités de financement de l’économie d’un pays conditionnent l’attractivité de ce dernier pour les investissements. À ce titre, l’économie reste tributaire de l’existence d’un secteur bancaire efficace et d’un marché financier efficient capable de drainer une épargne longue vers le secteur productif.

En 2019, la politique monétaire au Maroc est restée quasi inchangée. Le taux directeur a été maintenu à 2,25%, avec une approbation des mesures spécifiques devant être mises en place par Bank Al-Maghrib dans le cadre du programme d’appui à l’entrepreneuriat. Seul le taux de la réserve obligatoire a été revu à la baisse de 2 points de pourcentage. Une action qui a permis l’injection de 11 Milliards de dirhams (MMDH) dans le circuit monétaire.

Toutefois, la pandémie de Covid-19 a frappé une large partie du monde et mis à mal l’économie mondiale. Ainsi, le premier semestre de l’année 2020 a été marqué par une crise sans précédent, aussi bien par sa nature que par l’ampleur de ses conséquences. Comme la plupart des pays, le Maroc a dû mettre en place un « état d’urgence » pour lutter contre l’épidémie. Ces mesures ont inévitablement conduit à un ralentissement de l’économie du pays, mais pour autant, la crise sanitaire n’a pas grandement bouleversé le secteur financier au Maroc.

Le marché financier du Maroc face à l’épidémie du Covid 19

En dépit des fortes pressions provoquées par la crise, le marché financier marocain, et notamment le marché des capitaux et ses infrastructures qui sont demeurés résilients, poursuit un fonctionnement ordonné sur tous les segments (émission, négociation, dénouement, souscriptions /rachats, etc.). Aussi, les infrastructures de marché ont pu gérer l’accroissement significatif du volume d’activité enregistré sur le marché secondaire de la Bourse.

Sur les marchés boursiers, l’indice marocain (MASI) a baissé de 11 % sur le premier trimestre 2020. Comparée à l’année 2019, la capitalisation boursière a vu un repli de 58 milliards de dirhams. Selon l’agence Mediafolk, la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 n’a pas eu heureusement un effet paralysant auprès des investisseurs sur le marché financier au Maroc, comme ce fut le cas dans beaucoup d’autres pays. Selon leur analyse, le Maroc a même enregistré au premier trimestre de 2020 une hausse de 147% des transactions boursières par rapport à 2019 et le nombre d’ordres boursiers a augmenté de 28%, en estimant que ces signaux positifs laissent entrevoir une sortie de crise rapide.

De son côté, l'Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC) a publié en juillet son rapport sur le profil des investisseurs. Dans ce rapport, les indicateurs de la bourse de Casablanca ont évolué sur une trajectoire positive au deuxième trimestre 2020. L’activité du mois de juin a fortement pesé sur les tendances enregistrées, avec notamment une hausse significative des indices boursiers, conjuguée à une augmentation substantielle des volumes d’échange sur le marché central. Ainsi par rapport à fin mars 2020, le MASI et le MADEX ont clôturé le mois de juin à 10.169,19 et 8.256,56 points avec des hausses respectives de 4,78% et 4,82 %, ramenant leurs performances annuelles à (-16,5%) et (-16,8%).

Pour l’information, le MASI (Moroccan All Shares index) intègre toutes les valeurs de type actions, cotées à la Bourse de Casablanca. Il est ainsi un indice large, permettant de suivre de façon optimale le développement de l’ensemble de la population de valeurs de la côte. Pour ce qui est du MADEX (Moroccan Most Active shares Index), c’est un indice « compact », composé des valeurs les plus actives de la côte, en termes de liquidité mesurée sur le semestre précédent, intégrant donc les valeurs cotées en continu sur le marché financier marocain. Ce dernier se révèle ainsi un instrument particulièrement adapté à la gestion de portefeuille.

Selon le même rapport de l’AMMC, pour ce qui est du volume d’activité sur le marché central, il a enregistré une progression de 85% à fin juin par rapport au mois d’avril et de 60% par rapport au mois de mai pour s’établir à 3,9 MMDH. Ainsi, le volume trimestriel global des échanges s’est établi à 11,6 MMDH, en baisse de 38% par rapport à la même période en 2019.

De sa part en juillet, Bank Al-Maghrib (BAM) a elle aussi présenté son rapport annuel sur la supervision bancaire au titre de l’exercice 2019. Le rapport révèle que la hausse du crédit bancaire au secteur non financier s’est établie à 4,8% reflétant une accélération des crédits aux entreprises à 5,6% et un ralentissement des prêts aux ménages à 3,6%, et tout cela dans un contexte de décélération de la croissance économique. Les créances en souffrance, quant à elles, ont progressé à 70 MMDH, soit un taux de sinistralité de 7,5%.

Du côté de l’Autorité Européenne des Marchés Financiers (ESMA), elle a décerné en juin une notation positive à la place boursière marocaine. Cette évaluation permet désormais de placer le Maroc dans la liste des marchés des pays tiers à l’Union européenne. Concrètement, cela signifie que les entreprises européennes auront des facilités à conclure des transactions à la Bourse de Casablanca.

Les projections pour l’après-crise

Selon l’AMMC, les marchés de capitaux ont enregistré une volatilité et des baisses importantes des prix des actifs financiers, rendant nécessaire l’adoption par les autorités publiques et les régulateurs des marchés financiers au Maroc des mesures adaptées à cette situation. Il faut dire que le Maroc fait partie de ces pays qui ont limité la casse tant du point de vue sanitaire qu’économique durant l’épidémie du coronavirus. Toutefois, certains secteurs ont été touchés durement et devront bénéficier d’un plan global de relance économique.

Pour rappel, en novembre 2019, le Maroc avait émis un emprunt obligataire sur le marché financier international pour un montant de 1 milliard d’euros, assorti d’une maturité de 12 ans et d’un spread de 139,7 Pb, soit un taux d’intérêt de 1,5%. Cette émission qui marquait le retour du Royaume sur le marché financier international après 5 ans d’absence avait été créditée d’une sursouscription record de la part des investisseurs internationaux. Dans son rapport sur le Budget économique exploratoire 2021, le Haut-Commissariat au Plan (HCP), un observatoire indépendant de prévision et d’analyse des données de la conjoncture, prévoit une probable sortie du Maroc sur le marché international de la dette. Cette option est créditée par un déficit budgétaire attendu à 7,4% en 2020 et 5% en 2021 et, certainement, la nécessité de reconstituer les réserves de change, nécessaire pour le maintien de la monnaie nationale, le Dirham, dans son couloir de fluctuation vis-à-vis des grandes devises.