Il y a encore quelques décennies
de cela, les relations entre le Maroc et
l’Afrique auraient été perçues comme peu intéressantes pour certains, voire
même inexistantes, tandis que d’autres auraient considéré la politique africaine
du Maroc comme une diplomatie de niche, comme une tentative d'intégration vouée
à l'échec. Mais aujourd’hui, il en est tout autrement, la dimension de
l'identité et de la diplomatie du Maroc envers le continent africain apparaît
comme une évidence et comme une réussite.
L’Afrique a toujours été au cœur
des choix stratégiques du Maroc, le Royaume n’a jamais cessé de réaffirmer son
identité africaine depuis son indépendance. À travers la consolidation de ses
relations politiques et l’établissement de partenariats diversifiés et féconds,
le Maroc a toujours accordé une importance primordiale au développement de ses
relations avec ses confrères africains, fidèle en cela aux liens historiques
profonds qu’il entretient avec ses pays. La relation Maroc Afrique est d’ailleurs une priorité de la politique
étrangère, inscrite au préambule de la récente Constitution de 2011.
Relation Maroc Afrique : un esprit de partenariat gagnant-gagnant ?
Depuis le début du règne du Roi Mohammed VI, le Maroc a multiplié les initiatives et les actions pour promouvoir la coopération avec ses partenaires africains et la hisser au niveau d’un véritable partenariat au service du progrès du Continent et du développement économique et humain. Dès lors, les relations Maroc Afrique ont pris une nouvelle dimension en s’inscrivant dans le cadre d’une vision de long terme qui s’appuie sur les vertus de la coopération Sud-Sud et sur l’impératif du développement humain, dans l’établissement de rapports économiques équitables justes et équilibrés. Et plus particulièrement ces dix dernières années, la stratégie menée par le Maroc envers le continent africain n’est pas uniquement basée sur la fructification des échanges commerciaux et l’accroissement des investissements, elle transcende les enjeux économiques pour intégrer des considérations historiques, humanitaires et environnementales.
Par ailleurs, saisissant
l’opportunité du 28e sommet de l’Union Africaine en 2017, le Maroc a décidé de
réintégrer l’organisation panafricaine, un retour du Royaume dans son milieu
naturel, à la fois géographique et humain, mais aussi un retour qui souligne un
succès diplomatique après une absence qui lui a causé beaucoup de tort et servi
les intérêts de ses adversaires. Mais malgré cette absence organique au sein de
l’Union Africaine, le Maroc, fidèle à son histoire séculaire et à son propre
dynamisme, a toujours su tisser des relations excellentes avec ses voisins
limitrophes du sud. En effet, sa position géographique au carrefour de
l'Afrique, la Méditerranée et l'Europe, lui a toujours permis de jouer un rôle
moteur sur l'échiquier africain et peut constituer le maillon indispensable
dans les relations Afrique-Europe. Quoi qu’il en soit, ce retour signifie
l'intégration du Maroc au sein du continent et son déploiement en tant que
puissance africaine, tant dans son identité propre que dans son espace de
projection.
Au vu des éléments d’information
économiques et politiques qui peuvent être à la base de la relation Maroc Afrique, on
peut en déduire que le Maroc a de réelles opportunités en Afrique et le
continent peut bénéficier de l’expertise, de l’aide et des investissements du
Royaume pour assurer le développement dans de nombreux secteurs. Une réelle
relation de complémentarité existe et des interdépendances peuvent se créer. Il
y a une corrélation entre l’expertise des secteurs marocains ayant besoin de
s’exporter et les besoins que l’Afrique doit satisfaire pour son développement.
Le Maroc a les moyens techniques et financiers et l’expertise nécessaire pour
offrir les services dont a tant besoin l’Afrique et proposer une offre adaptée
aux besoins spécifiques de certains pays en voie de développement grâce à une
longue expérience acquise lors du développement du Maroc.
La nouvelle dynamique des relations entre le Maroc et l’Afrique
En faisant une rétrospective, on peut dire que trois grandes périodes ont caractérisé les relations entre le Maroc et l’Afrique. D’abord sous le Roi Mohamed V, la période a été marquée par un partenariat renforcé avec les pays africains dans l’effort de lutte anticoloniale dans l’esprit de Bandoeng. Puis, sous le Roi Hassan II, la période a été caractérisée par l’émergence de tensions et un refroidissement des relations avec l’Afrique, et pour principales causes la guerre d’indépendance mauritanienne, la guerre contre l’Algérie et le dossier du Sahara Occidental. De même, la rivalité 75 Est - Ouest s’est également invitée dans les relations Maroc Afrique pendant cette même période. Etant dans le camp occidental, le Maroc s’opposait en effet idéologiquement aux pays socialistes d’Afrique tel que l’Angola ou le Benin, mais surtout l’Algérie. Le Royaume s’est alors rapproché des pays africains pro occidentaux et s’est confronté aux pays du camp communiste. Vint alors la période actuelle, caractérisée par un réchauffement des relations avec la mise en place par le Maroc de nombreuses stratégies avec ses partenaires africains dans le but d’établir une coopération économique efficace.
Ainsi ces dernières années, la vision renouvelée de la coopération sud-sud s’est appuyée sur une multiplication des actions en direction des pays africains. D’ailleurs, les tournées royales régulières ont été ponctuées par la signature d’accords et le lancement de projets porteurs dans les domaines des infrastructures, de l’habitat, de l’électricité, de l’eau potable et assainissement, de la sauvegarde de l’environnement, du développement des compétences, etc. Portés généralement par les entreprises nationales, publiques ou privées, ces projets contribuent alors de manière substantielle à l’amélioration des services au citoyen africain.
La prééminence royale sur la
politique étrangère a toujours joué un rôle central dans cette diplomatie
bilatérale et multisectorielle réussie de la relation Maroc Afrique. En effet, le pays a pu démontrer que la
défense de ses intérêts n'était pas incompatible avec une expression de solidarité,
si le Maroc a été longtemps accusé de défendre ses intérêts territoriaux au
détriment d'une vision solidaire avec l'Afrique.