Les chiffres viennent d’être
révélés par le haut-commissariat au Plan (HCP) : en2020, le taux de chômage Maroc a grimpé de 2,7 points et passe de 9,2% à 11,9%, soit à son
plus haut niveau sur la dernière décennie. Tous les secteurs d’activité
économique sont concernés, et autant en milieu rural qu’urbain la perte
d’emploi s’est fortement accentuée. Selon le dernier rapport de l’institution
publique chargée de la statistique, 432.000 postes d’emplois ont été perdus en
2020. Du fait de la pandémie de coronavirus et de la campagne agricole sèche,
la situation a eu un impact conséquent sur le marché de l’emploi au Maroc, malgré le plan de soutien à l’économie
mis en place par les autorités. Décryptage.
Les derniers chiffres du chômage au Maroc
En 2020, le marché du travail a
endossé d’énormes conséquences dues à la crise sanitaire et la campagne
agricole sèche. De la détérioration des postes d’emploi à une augmentation du chômage au Maroc, du sous-emploi et de
l’inactivité, en passant par une baisse du volume horaire du travail… rien n’a
été épargné.
Après une tendance à la baisse
durant les trois dernières années, le taux de chômage a connu une hausse de 2,7
points, entre 2019 et 2020, passant de 9,2% à 11,9%. Cette hausse du taux de chômage au Maroc englobe
l’ensemble des catégories de la population. Les jeunes de 15 à 24 ans sont
frappés de plein fouet avec un taux de chômage de 31,2%, soit une hausse de 6,2
points. Ce taux s’est accru de 2,9 points pour les hommes (10,7%) et de 2,7
points pour les femmes (16,2%). Au niveau des diplômés, le taux de chômage est
passé de 15,7 % à 18,5 %. Par type d’emplois, 255.000 postes rémunérés ont été
perdus, 116.000 en milieu urbain et 139.000 en milieu rural. L’emploi non
rémunéré a, de son côté, régressé de 176.000 postes, soit 157.000 en zones
rurales et 19.000 en zones urbaines.
Pour ce qui est de la baisse du
volume horaire du travail, le nombre moyen d’heures travaillées par semaine est
passé de 45,2 % à 37,5 heures, soit une chute de 20 %, c'est-à -dire de 494
millions heures à 394 millions heures, équivalant à 2,1 millions emplois Ã
temps plein. Le taux de sous-emploi est passé de 9,2% à 10,7% au niveau
national. Les catégories ayant connu les hausses les plus importantes du taux
de sous-emploi sont les personnes âgées de 45 à 59 ans (+2,3 points), celles
n'ayant aucun diplôme (+1,9 point) et les hommes (+1,6 point).
Les effets négatifs de la crise
sanitaire combinés à la sècheresse agricole ont été observés dans tous les
secteurs. Parmi les plus touchés, 273.000 postes d’emploi du secteur de l’« agriculture,
forêt et pêche» ont été perdues au niveau national, dont 266.000 dans le rural
et 7.000 en milieu urbain. Vient ensuite le secteur des « services », avec
107.000 postes d’emploi perdus au niveau national, dont 91.000 en milieu urbain
et 16.000 en milieu rural, soit 2,2% de baisse. L’ « industrie y et
l’artisanat», quant à eux, accusent une baisse de 2,8 % du volume de l’emploi,
avec une perte de 37.000 postes dont26.000 en milieu urbain et 11.000 en milieu
rural. Le secteur du BTP fait aussi partie des segments les plus touchés avec
ses 9.000 postes d’emploi perdus (8.000 postes en milieu urbain et 1.000 dans
le rural).
Pourrait-on espérer une évolution positive par
rapport à ce taux de chômage Maroc ?
Selon le HCP, la baisse
structurelle du taux d’activité qui caractérise le marché de l’emploi au Maroc «s’est accentuée en 2020% ». Suite Ã
une régression de 0,2 point en 2019, le taux d’activité a reculé d’un point en
2020 pour s’établir à 44,8 %. Il n’est plus à rappeler que le secteur du
travail a été fortement influencé par la fermeture des frontières, mais aussi
par le confinement, ainsi que la mauvaise campagne agricole, les principales
actuelles causes de chômage au Maroc.
Malgré tous ces chiffres alarmants
de 2020, l’économie marocaine pourrait quand même connaître une évolution
positive pour cette année 2021 selon les prévisions. Le HCP prévoit dans son budget
économique prévisionnel publié récemment un accroissement de 4,6% du PIB après
la récession de 7% en 2020, avec une baisse du taux de chômage à 11,1%. La
Banque centrale marocaine, elle, mise sur un rebond du PIB en 2021 même si les
perspectives restent entourées d'un niveau exceptionnellement élevé
d'incertitudes liées notamment à l'évolution de la pandémie.
Au cours des deux dernières
décennies, le Maroc a réalisé des progrès sociaux et économiques significatifs
en raison d’investissements publics importants, de réformes structurelles et de
mesures visant à assurer la stabilité macroéconomique. La bonne posture de la
plupart des baromètres conjoncturels disponibles confirme le redressement
graduel de l’activité économique nationale. Toutefois, ce dynamisme favorable
enregistré lors des derniers mois s’avère insuffisant pour éponger les
retombées négatives de la crise sanitaire sur la croissance économique, comme
il ressort de la situation des comptes nationaux relatifs au troisième
trimestre 2020.
Le Maroc a été agité ces deux
dernières années par des mouvements de protestation menés le plus souvent par
des jeunes au chômage (plus de 4 jeunes urbains sur 10, soit 43,2%, âgés de 15
à 24 ans sont au chômage en 2020). Mais il faut dire que les « diplômés
chômeurs » représentent une catégorie omniprésente du paysage protestataire du marché de l’emploi au Maroc depuis plus
d’une quinzaine d’années.Â