Pas de
croissance économique soutenue pour le Maroc cette année. Les différentes
sources de prévisions économiques tablent, en effet, sur la poursuite du
ralentissement du PIB marocain amorcé en 2018, après un relatif bon cru en
2017. La dernière prévision en date est celle de la Banque mondiale (BM) qui
vient de rendre publiques ses perspectives économiques pour la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et toute l’économie mondiale.
Pour
l’institution de Bretton Woods, le Maroc devra, en effet, se contenter en 2019
d’une croissance de 2,9%, après 4,1% en 2017 et 3,2% estimés pour l’année
dernière. L’horizon devra, toutefois, se dégager les deux années ultérieures :
+3,5% en 2020 et 2021, selon les estimations de la BM, mais sans retrouver le
niveau de 2017.
Avec cette
prévision pour 2019, la Banque mondiale s’aligne sur celle du Haut-commissariat
au Plan qui table lui aussi sur 2,9% (prévisions de l'été dernier), soit moins
que les pronostics de Bank Al-Maghrib (3,1%) et ceux du gouver n nement (3,2%). Et c’est le Centre
marocain de conjoncture (CMC) qui est le plus optimiste, puisqu’il s’attend Ã
une croissance de 3,6% cette année.
Le Maroc
ne fait, toutefois, pas exception en matière de ralentissement économique. Le
taux prévu par la BM pour le Royaume est, en effet, le même pour la croissance
économique mondiale dans son ensemble, puisqu’elle devrait fléchir cette année
pour passer d’un de 3% en 2018 à 2,9% en 2019.
Le Maroc
ferait même mieux que la région MENA qui enregistrerait une croissance de 1,9%
cette année. Il devra être au même niveau de croissance que la Tunisie. Les
deux pays maghrébins ont également pour point commun que la croissance sera
tirée en 2019 notamment par les réformes entreprises et l’amélioration de
l’activité touristique, selon l’analyse de la BM.
Le Royaume dépasserait des pays comme la Jordanie et l’Algérie (2,3% chacune). Ce dernier pays pâtirait de la diminution progressive des dépenses publiques, qui avaient connu une augmentation considérable l’année dernière. Par contre, le Maroc se placerait derrière l’Égypte (5,6%) qui reste sur lancée en termes de croissance, sous l’effet des réformes qui tendent à renforcer le climat des affaires et stimulent l’investissement et de l’amélioration de la consommation des ménages, selon la BM.
S’agissant
des pays exportateurs de pétrole, ils devraient connaître une légère
amélioration de la conjoncture économique cette année. Ainsi, la croissance
dans les pays membres de la Caisse centrale de garantie (CCG) atteindrait 2,6%,
contre 2% en 2018. Ce niveau devrait augmenter davantage à la faveur d’un
surcroît d’investissements et de la réforme des cadres réglementaires, à en
croire la BM.Â
Pour
l’ensemble de la région MENA, la croissance sera favorisée par des facteurs
intérieurs, tels que les réformes des politiques publiques, ce qui
contrebalancerait le ralentissement du commerce international et le
durcissement des conditions de financement extérieur, estiment les économistes
de la Banque mondiale.
Les
prévisions de croissance pour la région reposent sur le double postulat que les
tensions géopolitiques ne s’intensifient pas de façon considérable et que les
conflits affectant certaines économies auront des répercussions limitées sur le
reste de la région.
Parmi les
autres risques qui guettent la croissance dans la zone MENA, selon la BM,
figurent l’instabilité des prix du pétrole et le niveau élevé de la dette
extérieure libellée en devises dans certains pays importateurs. Ceux-ci
risqueraient de souffrir d’une forte appréciation du dollar. Au niveau mondial,
la Banque mondiale a attribué sa prévision de l’inflexion de la croissance
mondiale à l’affaiblissement du commerce et de l’investissement. En effet, les
échanges commerciaux internationaux et l’activité manufacturière mondiale
faiblissent, explique-t-elle, ajoutant que les tensions commerciales restent
vives et les marchés financiers exercent de fortes pressions sur certains
grands pays émergents.
Ainsi,
dans les économies avancées, la croissance devrait tomber à 2% cette année,
selon les perspectives brossées par la BM. En même temps, souligne-t-elle, «le
ralentissement de la demande extérieure, l’accroissement des charges d’emprunt
et la persistance de l’incertitude en matière de politiques publiques devraient
peser sur les perspectives des marchés émergents et des économies en
développement». Dans ce groupe de pays, la croissance économique devrait rester
stable cette année à 4,2%.