Le Centre Marocain de Conjoncture
(CMC) a consacré sa dernière publication mensuelle «Maroc Conjoncture n°309» au
secteur de l’agriculture. Sous le thème «Agriculture : quels enjeux pour
l’économie marocaine», ses conjoncturistes ont surfé sur l’actualité internationale
et nationale qui plaide pour une plus grande justice économique entre la ville
et la campagne. En effet, dans le monde entier, les efforts récents de lutte
contre la pauvreté ont connu des progrès réguliers. «Toutefois, dans la plupart
des régions, les taux de pauvreté des zones rurales demeurent largement
supérieurs à ceux des zones urbaines», constate le CMC qui révèle que «partout
dans le monde, et notamment dans les grands pays émergents, le développement
rural est récemment érigé en priorité» et qu’il est donc temps pour que la
«ruralité» retrouve un rôle pivot dans les agendas internationaux et nationaux
du développement.
Plaidoyer
pour une transformation rurale inclusive
Selon les experts du CMC, ce point
de vue, largement partagé, est quelque part le fruit du rapport du Fonds
international pour le développement agricole (FIDA). Publié en 2016, la FIDA y
a notamment appelé à une «transformation rurale inclusive» où, tout le
processus d’amélioration de la productivité agricole, d’augmentation des
excédents commercialisables, d’élargissement des possibilités d’emploi en
dehors des exploitations agricoles et d’un meilleur accès aux services et aux
infrastructures, devra être orienté vers l’amélioration des conditions de vie
et des moyens de subsistance des populations rurales. En effet, le secteur
agricole est l’un des leviers les plus puissants sur lequel les responsables
peuvent agir pour mettre fin à l’extrême pauvreté, renforcer le partage de la
prospérité et nourrir une population de plus en plus importante. L’agriculture
est aussi un facteur essentiel de la croissance. Cependant, le changement
climatique risque d’entraver la capacité de l’agriculture à tirer la croissance
et à assurer la sécurité alimentaire de l’ensemble des économies de par le
monde. «Le défi au cours des prochaines années est de développer davantage
cette activité tout en préservant l’environnement», prévient le CMC.
L’agriculture,
un pilier du modèle économique ?
Au Maroc, le pays est sur la bonne
voie. Les experts du CMC ont en effet rappelé que «le secteur agricole joue un
rôle important dans la croissance économique dans le pays». Avec une
contribution autour de 12% au produit intérieur brut, le taux de croissance du
pays est fortement lié à celui de la production agricole. De même,
l’agriculture marocaine demeure le premier pourvoyeur d’emplois du pays avec
près de 40% de l’emploi total et constitue donc un outil efficace de lutte
contre la pauvreté notamment dans le milieu rural. Avec toutes ses filières de
la céréaliculture à la pêche en passant par l’arboriculture et l’élevage, le
poids du secteur primaire transparait à travers la population qu’il touche
d’une manière directe, celle du monde rural avec ses 13,5 millions d’habitants
soit 40% de la population totale du Maroc. D’ailleurs, «le Plan Maroc Vert
(PMV) a permis de confirmer qu’il peut être un levier performant de la
croissance économique» souligne le CMC. «Toutefois, les insuffisances dans la
mobilisation du potentiel de compétitivité agricole demandent à être comblées»,
remarquent les conjoncturistes. «L’édification d’une offre de services
logistiques performante, pour une meilleure organisation et optimisation des
flux de production et de commercialisation s’impose de plus en plus, pour
marquer une inflexion vers la génération de plus de synergies entre les
différents acteurs et en faveur de la consolidation des chaînes de valeur
compétitives, répondant aux exigences des marchés tant nationaux
qu’internationaux», recommandent les experts du CMC. Selon eux, il est enfin
temps de passer à une étape supérieure qui devra consister à mettre en place un
écosystème agricole et agro-industrielle qui conduit à une meilleure
valorisation des filières d’agro business. Cela permettra de muscler le secteur
agricole qui, de par son importance économique et ses ramifications dans le
tissu social, demeure le pilier central de l’économie marocaine et la base
fondamentale de tout modèle visant un développement durable du pays.