Le Centre marocain de conjoncture
(CMC) vient de faire paraitre sa dernière publication sur «la corruption:
stratégie de réforme». Dans ce dossier spécial, ses membres ont ainsi analysé
les ambitions du Nouveau modèle de développement et les contraintes découlant
du changement de paradigme lié à l’État social. Le rapport a précisé que
l’approfondissement de la précarité, alourdi par un raffermissement sévère des
inégalités, une dégradation du pouvoir d’achat et une amplification du chômage,
constituent certaines des répercussions les plus pénalisantes, découlant de la
pandémie sanitaire.
«Cet ensemble d’assujettissements, qui
ont prévalu de façon latente tout au long de la période ante Covid, a révélé,
aujourd’hui, l’impératif de faire émerger un État social», lit-on dans le
dossier.
En effet, l’impact dévastateur de la
crise, sur le plan socio-économique, a mis en valeur l’évidente exigence de
créer des mécanismes de protection, pour les différentes couches de populations
et autres catégories d’unités de production. Les fondations, pour l’édification
d’un État social, sont à mener en s’appuyant sur les premiers instruments
implantés, au cours de la gestion du Covid, en faveur des entreprises en
difficulté et de leurs employés.
Des prolongements spécifiques de
soutien sont à prévoir en faveur des actifs du secteur informel et autres
catégories de populations démunies. Le rapport a mis également l’accent sur le
fait que le secteur public, dans sa large configuration, a retenu une attention
particulière de la part des gouvernements qui se sont succédés depuis
l’indépendance. Lesquels ont accordé une place majeure au développement
économique et social du pays et n’ont cessé, durant quasiment un demi-siècle,
de l’aménager et de le restructurer pour trouver le modèle adéquat qui pourrait
améliorer son efficience.
Concernant la situation du Plan
d’accélération industrielle (PAI), le CMC a précisé qu’il entame une nouvelle
phase visant la consolidation des acquis, l’élargissement de la plateforme
industrielle au niveau des régions et la conquête de nouveaux espaces et de
nouveaux métiers. La reconfiguration du tissu économique, au plan interne, et
les transformations que connaissent les chaînes de valeur, au niveau mondial,
ont ouvert des opportunités pour un meilleur positionnement du secteur
industriel, tant en ce qui concerne le marché local que les marchés
d’exportation.
«La politique industrielle devrait,
dans ce contexte, favoriser l’intégration des filières de production afin de
parvenir à de meilleurs standards de compétitivité. Elle devrait également
promouvoir l’émergence de nouveaux acteurs rompus aux pratiques d’entrepreneuriat
afin de mieux positionner le Maroc en tant que partenaire stratégique Ã
l’international», indique le rapport.
Ces actions devront enfin être
soutenues par le développement progressif d’une plateforme industrielle
décarbonnée, circulaire et ouverte à l’innovation. Dans un axe dédié Ã
«l’intégrité du Climat des affaires : gouvernance, conformité et barrières
anti-corruption», le CMC estime que l’intégrité du climat des affaires a
besoin, pour son émancipation, d’une probité institutionnelle associée et d’un
potentiel territorial attractif.
Sur cette base, il y a lieu de
greffer des mécanismes d’encouragement et de protection contre les risques
pesant sur les coûts et une bonne maîtrise des aléas, de nature fiscale,
juridique, financière ou liés au marché du travail, pouvant produire des effets
délétères sur l’investissement.
«Le Maroc n’a pas cessé, depuis la
fin du siècle dernier, de multiplier les mesures et les programmes d’incitation
pour intéresser l’investissement exportateur, particulièrement celui qualifié
de direct étranger (IDE)», précise le CMC. L’engouement pour la sérénité du
monde des affaires est dicté par la nécessité de lever les contraintes qui
étouffent la croissance et fragilisent sa durabilité. Il est certain que les
infrastructures, le capital humain et les coûts de production constituent des
fondamentaux de base à cet égard.
Toutefois, la bonne gouvernance est
à envisager comme un catalyseur qui prend place au centre de la préoccupation
de l’édification d’un climat des affaires séducteur. Le rapport s’est étalé
également sur les perspectives d’un nouveau partenariat économique entre
l’Afrique et la Chine. En effet, le développement de la présence de cette
dernière en Afrique, depuis vingt ans, fait partie des nouvelles réalités
géopolitiques, surtout sur le plan économique, puisque la Chine est le premier
partenaire commercial et bâtisseur du continent, ainsi que le premier bailleur
de fonds de nombreux pays africains. Sa présence en Afrique est parfois pointée
du doigt pour plusieurs raisons.
Elle serait centrée sur la dette,
génèrerait un déficit commercial important et participerait peu Ã
l’industrialisation du continent, la Chine y étant plutôt présente en tant que
prestataire de services qu’en investisseur. Raison pour laquelle les dirigeants
africains souhaiteraient opérer un certain rééquilibrage en faveur de leurs
pays et de leurs populations.