Reprise Post-Coronavirus : Des
politiques budgétaires ambitieuses
Dans leur lutte contre la crise du
coronavirus, les États se sont d’abord attelés à surmonter l’urgence sanitaire
et à mettre en œuvre des mesures de sauvetage économique rapides, visant
principalement à fournir des liquidités et à protéger les populations frappées
par la perte soudaine de revenus. Avec la réouverture des économies,
l’attention se tourne aujourd’hui vers la préparation de plans de relance afin
de faire redémarrer l’économie. Si l’engagement des Etats s’avère sans
précédent, il est essentiel de veiller à « reconstruire en mieux », c’est à
dire à favoriser une reprise respectueuse de l’environnement, soutenant le
potentiel de croissance à long terme, qui améliore l’inclusivité et réduise les
inégalités.
Sortie de Crise : Quelles actions à
court terme ?
La crise du covid-19 est l’une des
crises les plus sévères que le monde ait connues depuis de nombreuses
décennies. Elle a mis à l’épreuve toutes les économies de la planète. L’ampleur
de ses conséquences économiques et sociales est considérable. Cette situation a
nécessité de la part des pouvoirs publics des prises de décision dans l’urgence
pour sauver des vies humaines, éviter l’effondrement de l’économie et empêcher
une crise sociale qui plongerait le monde dans un chaos sans précédent. Dès l’apparition
des premières contaminations par le virus, début mars 2020, le Maroc a pris un
ensemble de dispositions pour limiter les dégâts, potentiellement prévisibles
du fait de la pandémie. En effet, les dégâts auraient été incommensurables sans
le confinement, rapidement mis en place et sans les mesures appropriées, prises
au niveau des règles sanitaires de prévention et de traitement. Cependant si
ces agencements ont permis d’éviter des pertes humaines importantes, comme
celles observées par de nombreux pays, ils se sont avérés coûteux en termes de
disponibilité de revenus et de préservation d’emplois. Ce, d’autant plus que le
choc combiné de l’offre et de la demande à peser lourd sur l’économie
nationale, au point d’imposer l’urgence d’une rectification de la Loi de
finances en vigueur pour l’exercice 2020.
Restructuration du Système de Santé
Publique : Une stratégie ouverte sur le partenariat
Jamais un changement de paradigme
n’a été aussi radical, au Maroc, que dans le secteur de la santé dès l’avènement
du Covid-19. En effet, la remise en cause de ce système était unanimement
décriée : les revendications se succédaient entre mobilisation du personnel
médical et paramédical et autre étudiant en médecine, sans compter les
persiflages qui dénonçaient les excès réels ou supposés de la partie privée du
secteur. L’électrochoc de la pandémie a alors été à l’origine d’une
métamorphose du système de santé publique qui, sans transition, a vu s’estomper
toutes les récriminations, pour faire la démonstration d’un engagement sans
faille, d’un service de qualité vanté par les pays à haute infrastructure
sanitaire et donné en exemple par l’Assemblée générale de l’OMS. En réponse à
sa faillite préalablement annoncée, l’hôpital public a fait preuve d’une
résilience sans faille, résultat d’un effort de l’ensemble des parties
concernées. Il reste toutefois que les dysfonctionnements et autres
insuffisances, à caractère structurel, n’ont pas disparu pour autant. Les
déficits en ressources humaines, en équipements et en accès équitable aux soins
restent latents. La question est désormais de savoir s’il est possible de
transformer cette performance conjoncturelle en modèle d’efficacité durable.
Développement Rural : Quelle
stratégie pour l’après-pandémie ?
Le monde rural a souffert doublement
tout au long de l’épisode épidémique. Aux effets dévastateurs de la crise
sanitaire qui a pratiquement paralysé les flux commerciaux dans les campagnes
s’est ajoutée la sévérité du climat et son incidence sur les principales
spéculations. En dehors des cultures céréalières qui ont été durement affectées
par la sécheresse, les évaluations de la production agricole au terme du
premier semestre montrent cependant une certaine résilience du secteur qui a
permis d’approvisionner de façon régulière les marchés et répondre à la demande
intérieure en produits alimentaires de base. S’il est une leçon à tirer de
l’épisode épidémique, c’est qu’il devient absolument nécessaire de se prévaloir
à l’avenir d’un certain degré de résilience face aux chocs de toute nature. La
stratégie de développement agricole devrait à l’avenir œuvrer pour la
convergence du monde rural vers les standards du milieu urbain en termes de
revenus, d’emploi, de niveau de vie et d’inclusion. Un tel objectif ne devrait
pas perdre de vue, dans le nouveau contexte post-épidémique, l’impératif de
sécurité alimentaire.
Soutien aux Entreprises : Forte
implication de l’État et de la banque centrale
Suite à l’éclatement de la pandémie
au coronavirus (Covid-19) et la forte perturbation ayant affecté le
fonctionnement normal de l’ensemble des marchés dans leurs doubles dimensions
d’offre et de demande, l’Etat a pris tout un train de mesures de nature à aider
les entreprises à retrouver des niveaux d’activité d’avant la survenue de cette
catastrophe sanitaire. Cette stratégie interventionniste de l’Etat comprend
deux volets. Au dispositif de garanties musclé piloté par la Caisse Centrale de
Garanties (CCG) pour le compte de l’Etat, Bank Al-Maghrib (BAM) a inauguré une
nouvelle ère dans la conduite de la politique monétaire en phase avec la
gravité de cette conjoncture inédite dans les annales économiques du pays.
Cette double intervention a pour objectif d’une part de préserver l’intégrité
du tissu productif en limitant les fermetures et les faillites d’entreprises,
et d’autre part d’assurer la disponibilité des financements nécessaires à toute
relance des activités productives et au retour progressif à la normale.
Retour sur les Prévisions : Baisse
prononcée de la croissance à -6,2% pour 2020
À un moment où le coronavirus
continue son périple autour de la terre pour aller essaimer plus fortement
outre atlantique aux Etats-Unis et en Amérique latine, le Royaume du Maroc a de
nouveau prorogé d’un mois l’état d’urgence sanitaire. Malgré l’amélioration de
la situation épidémiologique au niveau du pays en comparaison avec ce qui se
passe ailleurs, la prudence est toujours de mise pour éviter une reprise de
l’épidémie dans les localités les plus touchées. Cette conduite prudentielle
dérive d’une peur légitime d’un retour de manivelle que la pandémie du
coronavirus serait en mesure de provoquer tant la méconnaissance scientifique,
qui entoure les caractéristiques de la maladie, de son développement et de sa
propagation, est énorme. En effet, au regard du bilan enregistré à ce jour à
travers le monde, environ 14 millions de personnes infectées et 600 mille
décès, et au vu des importants dégâts que ce virus est en train d’occasionner
dans les deux Amériques, une seconde vague de la pandémie serait loin d’être
écartée.