Les économistes du Centre marocain
de conjoncture (CMC), dans le dernier rapport annuel «Bulletin Thématique» n°57
portant sur la croissance disruptive, indiquent que les perspectives
économiques pour 2023 au Maroc pourraient être perturbées par divers facteurs, tant
internes qu’externes.
Parmi ces facteurs figurent le
déficit hydrique affectant l’agriculture, la récession mondiale, l’augmentation
des prix, les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, les conséquences
négatives de la guerre en Ukraine, l’embargo économique imposé par les pays
occidentaux à la Russie, ainsi que les effets possibles d’une année de
resserrement de la politique monétaire.
Le CMC prévoit une croissance de
4,7% pour l’économie nationale en 2024, basée sur l’analyse des tendances de
certaines variables macroéconomiques ainsi que sur les intentions des acteurs
économiques et les évaluations des opérateurs.
Le centre se questionne sur la
nature de ces prévisions : s’agit-il d’un signe réel de reprise économique en
préparation ou simplement d’une stabilisation de la croissance ? Les
économistes du CMC détaillent les différents éléments du comportement de
l’économie marocaine pour cette année. Par exemple, la croissance du commerce
devrait ralentir à 1,7% en 2023 selon l’OMC en raison de facteurs tels que la
guerre en Ukraine, une inflation persistante, une politique monétaire plus
stricte et l’incertitude financière.
Les prévisions sont «entourées
d’importants risques de détérioration», estiment-ils, en raison de divers
facteurs. Parmi ces facteurs figurent les tensions géopolitiques en
augmentation, l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale, la possibilité
d’effets inattendus résultant d’une politique monétaire plus stricte, les
risques touchant la stabilité financière et l’augmentation des niveaux de
dette.
Ils notent également que l’impact de
ces tendances sur les exportations et l’économie du Maroc se divise en deux
directions opposées, ce qui rend difficile l’établissement d’un bilan précis.
D’un côté, la faiblesse relative des importations européennes et les tensions
sur les marchés des produits de base, de l’énergie et de l’alimentation
représentent des menaces. D’un autre côté, le rebond attendu du marché
automobile et la forte reprise du secteur du tourisme sont des éléments
favorables.
Les directives du CMC
Le CMC met en évidence que, dans le
contexte actuel de stagflation généralisée suite à la pandémie, il y a de
nombreuses préoccupations concernant la pertinence des choix à faire en matière
de politique économique. Cela inclut la sélection des objectifs,
l’établissement des priorités et l’adéquation des moyens de mise en œuvre.
D’un côté, le Centre constate que la
reprise de l’activité économique est faible et que les effets persistants de la
pandémie continuent d’affecter la production et les échanges. Par conséquent,
des mesures de relance sont nécessaires pour revitaliser l’économie et
compenser les pertes en croissance, en revenus et en emplois qui se sont
accumulées au cours des deux dernières années.
D’un autre côté, il explique
également que l’augmentation des tensions inflationnistes, résultant de la
recrudescence des risques liés à l’instabilité géopolitique et de ses impacts
sur l’approvisionnement mondial en produits de base et en énergie, suggère
qu’il est nécessaire d’être plus prudent lors de l’utilisation des outils
habituels de la politique économique. Dans ce contexte inhabituel, où les
déséquilibres post-pandémie s’ajoutent aux effets de la crise inflationniste,
le Maroc, tout comme de nombreux autres pays, est confronté au dilemme classique
de la politique économique : comment équilibrer efficacement la relance de
l’activité économique et la stabilisation des prix.
Le CMC souligne la nécessité de
développer des politiques et des mesures spécifiques visant à améliorer la
situation du marché du travail au Maroc, qui fait face à divers défis. Ces
défis incluent la faible participation des femmes, le taux de chômage élevé
parmi les jeunes, la prévalence de l’emploi informel et la pénurie de
travailleurs qualifiés. De plus, le Centre observe que le système financier est
confronté à un dilemme crucial : comment répondre aux besoins du secteur
productif en matière de liquidités tout en évitant de nourrir l’inflation, qui
représente un défi majeur dans le contexte économique actuel.