Le Centre marocain de conjoncture
s’est penché dans son dernier numéro sur le choc économique engendré par la
pandémie ainsi que sur les effets de la sécheresse. Une crise sanitaire sans précédent qui a
provoqué un changement dans le comportement des agents, des opérateurs économiques
voire même des gouvernements. La propagation de la pandémie à l’échelle
planétaire a remis en cause la mondialisation et ses bienfaits sur les
économies du pays.
Telle une onde de choc, la pandémie
s’est déclenchée en décembre 2019 à Wuhan en Chine, l’un des deux principaux
épicentres de l’économie mondiale pour se propager à pratiquement tous les pays
de planète. Du jour au lendemain, un climat de terreur et de phobie s’installe
dans tous les coins du monde, bouscule et incite les gouvernements à prendre
des dispositions rapides pour stopper l’invasion de la maladie.
Un véritable chaos
L’atelier du monde à l’arrêt met
sous pression tous les marchés. Aussi et en raison du fait que la Chine est le
plus important consommateur du monde des matières premières, les cours ont
chuté pour connaître le plus bas niveau depuis l’année 2016. L’effondrement le
plus spectaculaire a concerné le marché du pétrole, le prix du baril du brent
est passé de 65 dollars environ le 15 janvier à 26,46 dollars le 19 mars
2020. “En effet, outre l’impact du
coronavirus et l’affaiblissement de l’économie chinoise qui pèse plus de 14%
dans la consommation mondiale du pétrole, cette descente vertigineuse des cours
a été provoquée aussi et concomitamment par la situation conflictuelle qui
s’est déclarée entre les trois principaux producteurs : les Etats-Unis, la
Russie et l’Arabie saoudite pour des visées économiques et géostratégiques”,
expliquent les conjoncturistes. Cette dégringolade n’est exempte d’impact sur
les places financières et boursières qui dans leur majorité ont dévissé.
Le monde casse la tirelire
La Banque Centrale Européenne a
débloqué une enveloppe de 750 Mds d’euros pour alléger tant soit peu les
retombées néfastes de cette crise sanitaire. La France qui a décrété l’état
d’urgence sanitaire a aussi établi un plan avec un budget de 45 Mds d’euros.
L’Espagne a alloué un budget de 100 Mds d’euros pour soulager les entreprises…
Le Royaume du Maroc n’est pas en
reste puisque le gouvernement a alloué une enveloppe budgétaire de 10 Mds de DH
dont 5 milliards sont réservés pour contrecarrer la pandémie et les 5 autres
pour soutenir les activités économiques impactées. En parallèle et dans un
élan de solidarité et de générosité exemplaire, ce fonds spécial pour la
gestion de la pandémie covid19 a été renfloué en l’espace de 48 heures d’un
montant supérieur à 10 milliards de dirhams par les dons bénévoles des
entreprises et des institutions privées et publiques ainsi que des
particuliers.
Les compteurs réinitialisés
Devant cette situation d’une
importance gravité, toutes les économies du monde ont revu à la baisse leurs
estimations de croissance en 2020. Affectés par le ralentissement quasi certain
que connaitrait l’économie chinoise avec un taux de croissance d’à peine 3,5%
contre 6,1 en 2019, certains pays asiatiques et même les pays de la zone euro
pourraient entrer en récession. La France prévoit déjà une baisse de la
croissance de 1%. Selon les estimations prospectives du CMC, l’économie
mondiale connaîtrait un taux de croissance modeste d’environ 2%.
Quid de l’économie nationale ?
Le Maroc se trouve en tenaille entre
les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance du secteur
agricole à cause d’un sérieux déficit pluviométrique. Les conjoncturistes
rappellent à juste titre que les hypothèses ayant presidé l’établissement des
prévisions exploratoires pour l’économie marocaine sont conditionnées par les
développements rapides des évènements et par voie de conséquence demeurent
assez fragiles.
Celles qui sous-tendent le scénario
de référence peuvent se résumer comme suit :
L’hypothèse centrale considère que
la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise
devrait se faire progressivement sans à-coups ;
La campagne agricole 2019-2020 assez
sèche produirait un affaissement notable de la production céréalière qui ne
dépasserait guère les 40 millions de quintaux ;
La baisse du taux directeur de Bank
Al-Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur
l’économie réelle ;
Par contre la politique budgétaire
largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de
la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des marocains pourrait
bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des
emplois ;
Les autres hypothèses
conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un
redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour
de 50 dollars après la chute qu’il a accusé au dessous de la barre des 30
dollars. Elles supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez
bas. Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des
fluctuations fluctuations possibles concernant les termes de change, la
parité du dirham pencherait plus vers une réévaluation vis-à-vis du dollar et
connaitrait une dépréciation par rapport à l’Euro.
“Dans le cadre de cette panoplie
d’hypothèses fragiles mais soutenables et au vu des maigres indices
précurseurs, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le
scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance conjecturable
du Produit intérieur brut à prix constants d’environ 0,8% pour l’exercice
2020”, expliquent les conjoncturistes.