Le Centre marocain de conjoncture a
revisité ses prévisions sur la base des indices précurseurs de conjoncture et
en prenant en considération les nouvelles informations relatives aux
conséquences de la crise. Il s’agit d’une première esquisse des perspectives de
croissance de l’économie nationale pour l’exercice en cours.
Avant d’entrer dans le vif du sujet,
les analystes du CMC sont revenus sur la riposte et l’agilité avec laquelle le
Royaume du Maroc s’est pris pour faire face à la pandémie et éviter l’hécatombe
qui pointait à un court horizon et qui devrait se chiffrer à quelques 6.000
morts.
« Cette réactivité exemplaire pour
contrecarrer la déferlante de l’épidémie à ces débuts est à saluer comme l’ont
déjà fait certains pays et organisations internationales. Il est à louer aussi
l’esprit d’unité, de coopération, de solidarité et de sacrifice qui a
caractérisé l’adhésion de l’ensemble des composantes de la société à cette
vision anticipative en vue de stopper la propagation du virus et sauver des
milliers de vies », expliquent les conjoncturistes.
Forte contraction de la croissance
Dans leurs prévisions, les analystes
du CMC sont conscients du tour imprévisible que peut prendre l’hypothèse
afférente à la durée et l’intensité de la crise sanitaire. Ils sont néanmoins
convaincus que les autres hypothèses ayant présidé l’établissement des
prévisions exploratoires pour l’économie marocaine demeurent d’actualité.
Ainsi le scénario de référence a
été établi sur la base des considérations suivantes :
L’hypothèse centrale considère que
la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne
redémarrera que plus tard et d’une façon progressive ;
La campagne agricole 2019-2020 assez
sèche provoquerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne
dépasserait guère les 40 millions de quintaux ;
La baisse du taux directeur de Bank
Al Maghreb d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur
l’économie réelle ;
Par contre la politique budgétaire
largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de
la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des marocains pourrait
bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des
emplois ;
Les autres hypothèses
conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un
redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour
de 50 dollars après la chute qu’il a accusée atteignant presque les 20 dollars.
Ces hypothèses supposent par
ailleurs que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles
présument également qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations
possibles concernant les termes de change, la parité du DH pencherait plutôt
vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales Euro et Dollar.
Dans la même lignée, la configuration
des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de
dégager un taux de croissance économique négatif conjecturable du PIB à prix
constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice 2020. Cette contre-performance
n’est que la résultante du retrait de l’ensemble des secteurs sous l’effet du
Covid-19.
Ces secteurs qui pâtissent…
En dehors de la branche des produits
pharmaceutiques, du secteur du commerce et des services non marchands, les
autres secteurs subiront les retombées néfastes induites par la maladie
covid19.
Le secteur agricole devrait afficher
une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en raison des
conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l’hiver, les autres
secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus et ce à des
degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de
l’activité.
Le secteur de l’hébergement et la
restauration figure parmi les activités les plus touchées, sa valeur ajoutée
en termes réels devrait fléchir d’environ 25 % tant la reprise serait lente et
difficile. Les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier
devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaitrait un
fléchissement conséquent en glissement annuel.
Quant au secteur de l’industrie
extractive, il devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs
induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa
croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître une baisse si
la situation reste en l’état. Dans cette texture anticipée de la croissance
économique pour l’année 2020, la contribution des activités des industries
manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà de 1% aux termes de l’année ;
aujourd’hui certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont
bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits
intermédiaires et d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche
principale de l’industrie automobile.