CROISSANCE ÉCONOMIQUE : UN FLÉCHISSEMENT SUBSTANTIEL DE – 3.2% DU PIB EN 2020 (CMC)

Dans une texture anticipée de la croissance économique pour l’année 2020, la contribution des activités des industries manufacturières res­terait modeste et se situerait en deçà de 1%.
Source : Eco Actu
Posté Le : Jeudi 30 avril 2020

Le Centre marocain de conjoncture a revisité ses prévisions sur la base des indices précurseurs de conjoncture et en prenant en considération les nouvelles informations relatives aux conséquences de la crise. Il s’agit d’une première esquisse des perspectives de croissance de l’économie nationale pour l’exercice en cours.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, les analystes du CMC sont revenus sur la riposte et l’agilité avec laquelle le Royaume du Maroc s’est pris pour faire face à la pandémie et éviter l’hécatombe qui pointait à un court horizon et qui devrait se chiffrer à quelques 6.000 morts.

« Cette réactivité exemplaire pour contrecarrer la déferlante de l’épidémie à ces débuts est à sa­luer comme l’ont déjà fait certains pays et organisations internatio­nales. Il est à louer aussi l’esprit d’unité, de coopération, de solida­rité et de sacrifice qui a caracté­risé l’adhésion de l’ensemble des composantes de la société à cette vision anticipative en vue de stop­per la propagation du virus et sau­ver des milliers de vies », expliquent les conjoncturistes.

Forte contraction de la croissance

Dans leurs prévisions, les analystes du CMC sont conscients du tour imprévisible que peut prendre l’hypothèse afférente à la durée et l’intensité de la crise sanitaire. Ils sont néanmoins convaincus que les autres hypothèses ayant présidé l’établissement des prévisions exploratoires pour l’économie marocaine demeurent d’actualité.

Ainsi le scénario de réfé­rence a été établi sur la base des considérations suivantes :

L’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne redémarrera que plus tard et d’une façon progressive ;

La campagne agricole 2019-2020 assez sèche provoquerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dé­passerait guère les 40 millions de quintaux ;

La baisse du taux directeur de Bank Al Maghreb d’un quart de point ne produi­rait aucun effet immédiat sur l’économie réelle ;

Par contre la politique budgétaire large­ment accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coro­navirus et la solidarité agissante des marocains pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des em­plois ;

Les autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un redressement du prix du pé­trole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars après la chute qu’il a accusée atteignant presque les 20 dollars.

Ces hypothèses supposent par ailleurs que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles présument également qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du DH pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales Euro et Dollar.

Dans la même lignée, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance économique négatif conjecturable du PIB à prix constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice 2020. Cette contre-performance n’est que la résultante du retrait de l’ensemble des secteurs sous l’effet du Covid-19.

Ces secteurs qui pâtissent…

En dehors de la branche des produits pharmaceutiques, du secteur du commerce et des ser­vices non marchands, les autres secteurs subiront les retombées néfastes induites par la mala­die covid19.

Le secteur agricole devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en raison des conditions climatiques perni­cieuses enregistrées durant l’hi­ver, les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le co­ronavirus et ce à des degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de l’activité.

Le secteur de l’hébergement et la restauration figure parmi les acti­vités les plus touchées, sa valeur ajoutée en termes réels devrait fléchir d’environ 25 % tant la re­prise serait lente et difficile. Les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier de­vraient marquer le pas et leur va­leur ajoutée globale connaitrait un fléchissement conséquent en glis­sement annuel.

Quant au secteur de l’industrie extractive, il devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l’éco­nomie mondiale. Le rythme de sa croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître une baisse si la situation reste en l’état. Dans cette texture antici­pée de la croissance économique pour l’année 2020, la contribution des activités des industries manufacturières res­terait modeste et se situerait en deçà de 1% aux termes de l’an­née ; aujourd’hui certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires et d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile.