Dans cette seconde esquisse des
perspectives économiques, le CMC table sur un taux de croissance négatif
conjecturable du Produit intérieur brut à prix constants de l’ordre de -3,2%
pour l’exercice 2020. «Cette contre-performance économique devrait découler du
retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la
maladie du Covid19, de la psychose et de la perte de confiance en passant par
les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de
l’état d’urgence sanitaire», commente le CMC, notant que l’économie marocaine
se trouve surtout prise en tenaille entre les effets du Coronavirus et la
contreperformance quasiment connue du secteur agricole.
«Aujourd’hui, le sérieux déficit
pluviométrique constaté au cours des derniers mois préfigure d’une mauvaise
campagne agricole», explique le CMC.
Secteurs économiques bloqués
Le secteur agricole devrait, selon
lui, afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en
raison des conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l’hiver. Par
ailleurs, seuls le commerce et l’industrie pharmaceutique pourraient tenir le
coup. En dehors de ces deux secteurs, le reste devra subir des retombées
néfastes induites par la pandémie et ceci à des degrés différents. Entre le
ralentissement, la baisse drastique ou l’arrêt total d’activité, l’effet de la
pandémie se fait ressentir. Le secteur de l’hébergement et de la restauration
figure parmi les activités les plus touchées. Sa valeur ajoutée en termes réels
devrait fléchir d’environ 25% tant la reprise serait lente et difficile. Les
services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier devraient
marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait un fléchissement
conséquent en glissement annuel. Quant au secteur de l’industrie extractive, il
devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par le
mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance pour
2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître une baisse si la situation
reste en l’état. La contribution des activités des industries manufacturières
dans la croissance de l’économie nationale resterait, quant à elle, modeste et
se situerait en deçà de 1% aux termes de l’année.
«Aujourd’hui, certaines de ces
activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque
d’approvisionnement en matières premières et produits intermédiaires et
d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie
automobile», remarque le CMC.
Incertitude
Par ailleurs, pour évaluer les
incidences de la pandémie sur l’activité économique et établir ses prévisions,
le centre avoue avoir connu certaines difficultés. Hormis l’intensité de la
crise sanitaire, une grande incertitude entoure la durée de la pandémie et ses
éventuelles ramifications sur le territoire national.
Au final, le scénario de référence
s’est établi sur la base de l’hypothèse où «la crise sanitaire prendrait fin au
milieu de l’année et la reprise ne redémarrera que plus tard et d’une façon
progressive». Le CMC s’est basé également sur l’hypothèse d’une campagne
agricole 2019-2020 assez sèche provoquant un affaissement notable de la
production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux.
Selon le CMC, la baisse du taux
directeur de Bank Al-Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet
immédiat sur l’économie réelle.
Par contre, «la politique budgétaire
largement accommodante initiée par la création du Fonds spécial de gestion de
la pandémie du Coronavirus et la solidarité pourrait bien faire éviter la
faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois», espère le CMC.
Il émet également d’autres
hypothèses pour le scénario précité qui tablent sur un redressement du prix du
pétrole au milieu de l’année. Celui-ci devrait se stabiliser autour de 50
dollars après une chute le limitant autour du seuil des 20 dollars. Les
hypothèses de CMC supposent également que l’inflation resterait contenue à un
niveau assez bas. Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des
fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du dirham
pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales:
le dollar et l’euro.