La crise sanitaire a provoqué une
perturbation sans précédent de l’économie aussi bien nationale que mondiale.
Cette année, le monde devrait connaître une récession historique dont l’ampleur
s’élèverait à 3% du PIB mondial selon les prévisions d’avril du Fonds monétaire
international (FMI), rappelle le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans son
dernier rapport. Intitulé «2020-2021 : Ruptures», le document dresse un bilan
de 2019 et fait état de perspectives et cadrages pour cette année et la
suivante. En 2020, «tous les indicateurs sont au rouge : le commerce mondial
accuserait un recul compris entre 13 et 32%, les cours des produits de base
chutent et les investissements directs étrangers pourraient baisser de 40%».
Cette tendance baissière a, sans
surprise, impacté le commerce extérieur, dont les flux ont connu «une nette
décélération en 2019», ainsi qu’une contraction «sans précédent» des
transactions au cours des 4 premiers mois de cette année. En effet, lors de
l’exercice écoulé, les exportations n’ont cru que de 2,4%, contre 10,7% en
2018. Idem pour les importations dont la valeur globale n’a augmenté que de 2%.
«Le déclenchement de l’épidémie du coronavirus à la fin du premier trimestre et
la série de mesures drastiques prises pour en atténuer les effets sur la santé
de la population ont complètement déstabilisé les flux des échanges ».
Quid de la politique économique ? La
priorité vers la consolidation des acquis sur le plan de la croissance, de
l’emploi et des équilibres financiers a été chamboulée depuis le déclenchement
de la crise, ce qui a remis en cause aussi bien les programmes préétablis que
les objectifs y correspondants. « La réactivité des autorités face à la menace
de pandémie à travers les décisions rapides de fermeture des frontières et de
confinement des populations a eu pour conséquence un arrêt presque immédiat de
l’activité dans les secteurs les plus exposés comme l’hôtellerie, les
transports, la restauration, le commerce, la construction ou les industries
manufacturières». Conséquence : les équilibres financiers, aussi bien interne
qu’externe, ont été perturbés, en plus des effets immédiats sur les revenus,
l’emploi et l’équilibre social. «Cette situation inédite incite à la réflexion
sur les nouveaux ajustements nécessaires à la politique économique pour plus
d’efficacité et de cohérence».
Pour rappel, les autorités ont mis
en place un dispositif financier musclé afin d’accompagner les entreprises dans
cette conjoncture difficile, en venant en aide aux milliers d’entreprises en
situation de fermeture technique et durement frappées par cette pandémie.
«Mais, cette politique très volontariste suscite des interrogations quant à ses
implications sur la résilience du système financier appelé à la rescousse des
entreprises».
La prolongation de l’état d’urgence
sanitaire est selon le CMC un acte de prudence extrême et une déclaration de
fidélité absolue à la ligne politique poursuivie à ce jour visant à limiter la
propagation du virus, à sauver des vies et à protéger la santé de la
population, et ce, en dépit du prix économique à payer qui s’élève selon le
ministre de l’Économie et des finances à 1 milliard de dirhams par jour
supplémentaire de confinement total.