Depuis le lancement du plan
d’accélération industrielle, les réalisations sont on ne peut plus
encourageantes et attestent que les desseins tracés en matière d’emploi seront
atteints voire dépassés quel que soit le scénario retenu. Le ministère a opté
pour une approche simple et efficace pour obtenir des données «certifiées» et
«fiables» pour reprendre les propos du responsable gouvernemental lors d’un
point de presse tenu jeudi dernier à Rabat. Les chiffres sont élaborés sur la
base du fichier de la Caisse nationale de sécurité sociale comprenant la liste
exhaustive des entreprises industrielles formelles, déclinée par secteur, par
écosystème, par ville et par région. Il en ressort que le PAI a amplement
commencé à donner ses fruits à partir de 2016. En se basant sur les données de
la CNSS, l’industrie a créé quelque 69.639 emplois en 2014, 52.376 en 2015,
76.227 en 2016 et 89.884 en 2017. En s’appuyant sur «le pire scénario», celui
de la stagnation de la création d’emplois industriels, les objectifs fixés
seront dépassés à fin 2020, année qui devra enregistrer un cumul de 557.778
emplois industriels.
Ces chiffres sont très éloignés de
ceux du Haut-commissariat au plan. Elalamy défend la méthodologie adoptée par
son département basée sur le comptage de données concrètes alors que le HCP
s’appuie sur des projections en faisant un sondage des ménages. Quid du taux de
croissance qui pourrait être un frein pour la création d’emploi dans le secteur
industriel ? Ce facteur n’est pas pris en considération par le ministère de
l’Industrie dans la mise en œuvre de son action. «Il ne faut pas chercher des
excuses pour ne pas travailler. On a des objectifs à atteindre quel que soit le
taux de croissance. Les industriels étrangers investissent au Maroc en raison
de sa compétitivité», a tenu à souligner le chef du département de l’Industrie,
de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique. Moulay Hafid
Elalamy affiche son optimisme en soulignant que «le verre marocain est à moitié
plein», comme en atteste la dynamique de création d’emplois qui réconforte le
Maroc dans ses choix. Entre 2014 et 2017, l’industrie se positionne en
pourvoyeur d’emplois majeur avec 288.126 postes créés dans les différentes
filières industrielles soit près de 58% de l’objectif fixé à l’horizon 2020. Il
s’agit d’une «contribution tangible» à la problématique de l’emploi. Il s’avère
de plus en plus que le choix de la promotion des métiers mondiaux est
pertinent.
En effet, le secteur de l’automobile
enregistre la plus forte création d’emplois. Il arrive en tête du peloton avec
quelque 83.845 emplois soit un pourcentage de 29%. Il est suivi par
l’offshoring avec une part atteignant 18%, puis l’agro-alimentaire (16%), le
textile-habillement (13%), les industries métalliques et métallurgiques (6%),
la construction (4%) et l’aéronautique (3%). Ces données démontrent d'une part
la pertinence du partenariat public/privé et d’autre part l’efficacité de la
mise en place des écosystèmes qui sont considérés comme des leviers non
seulement pour la création d’emplois mais aussi pour l’émergence industrielle.
Entre 2014 et 2016, la valeur ajoutée industrielle a évolué de 17%, selon la
Direction générale des impôts. Un exploit qui s’explique par l’évolution du
taux d’intégration qui devient de plus en plus important. À titre d’exemple, le
taux d’intégration du Groupe Renault au Maroc dépasse 50%. Pour Peugeot,
l’objectif à terme est d’atteindre 65%. Rappelons aussi que la stratégie se
fixe pour objectif d’intégrer le capital marocain dans des secteurs de pointe
de l’industrie. Un autre indicateur très important : les exportations
industrielles. Selon les données de l’Office des changes, elles se sont
établies à plus de 149,4 MMDH, enregistrant une progression annuelle moyenne de
10,3% par an depuis 2014. Cette performance est due à la transformation
progressive du tissu industriel qui s’est fortement densifié et enrichi de
nouveaux métiers particulièrement dynamiques à l’export. Cette évolution est
aussi expliquée par l’accroissement de l’approvisionnement de constructeurs
mondiaux en composants usinés au Maroc. Par ailleurs, la formation des
ressources humaines est un élément-clé pour la promotion des investissements et
de la création d’emplois.
Elalamy est fier des réalisations en
la matière : «sur le chapitre de la préparation de la formation, nous avons
fait ce qu’aucun pays au monde n’a fait. Nous avons fait un travail de titan
avec les fédérations». Une grande partie des entreprises y compris les
multinationales ne disposaient pas d’un business-plan des recrutements. «Nous
les avons poussées à le faire», précise le responsable gouvernemental. Il a été
procédé à un recensement de tous les besoins en emplois pour les années Ã
venir. Les besoins des entreprises sont désormais définis à l’horizon 2020 sur
la base de plusieurs dimensions : les régions, les profils, l’année de
recrutement. Les informations sont mises en ligne sur le site du
ministère.