Pour ce faire, il doit opérer une transformation structurelle de son économie, avec notamment une diversification et une sophistication de sa production, sur fond d’une plus grande industrialisation. C’est la quintessence d’une journée d’étude organisée, hier à Casablanca, par le CMC.
Le choix d’un modèle de croissance
résolument orienté vers l’export devient une nécessité urgente. Et ce, avec
toutes les implications quant aux priorités en matière de politiques
économiques et aux déterminants liés au positionnement à l’international. Cette
réorientation est dictée par l’essoufflement de l’actuel modèle qui est centré
sur la demande intérieure du fait notamment de l’étroitesse du marché local.
C’est la conclusion à laquelle ont abouti la majorité des intervenants lors
d’une journée d’étude organisée, hier à Casablanca, par le Centre marocain de
conjoncture (CMC) sur le thème : «Le modèle d’exportation à l’horizon 2025». Ce
changement de paradigme nécessite, toutefois, une transformation structurelle
de l’économie en ce qu’elle implique comme diversification productive,
modernisation de l’économie, amélioration des infrastructures et adaptation du
cadre institutionnel, insiste Habib El Malki, président du CMC. Laquelle
transformation structurelle se trouve au cœur du débat sur le nouveau modèle de
développement, note-t-il. Et pour opérer cette transformation et aboutir à une
économie «largement exportatrice» sur la base de la compétitivité,
l’industrialisation s’avère un passage obligé, poursuit-il, estimant que
changer de modèle suppose un changement culturel qui repose sur la prise de
risque.
Même son de cloche auprès de Brahim
Benjelloun Touimi, administrateur directeur général de BMCE Bank Of Africa, qui
considère que l’industrialisation est cruciale pour la transformation
structurelle de l’économie nationale et la place au cœur du renforcement du
positionnent du Maroc dans la chaine de valeur mondiale. Mais, martèle
l’économiste Mohamed Chiguer, encore faut-il que l’on ait une «vraie
industrialisation» qui repose notamment sur une école publique de qualité et la
R&D. L’intérêt du capital humain a été également relevé par Benjelloun
Touimi qui a aussi insisté sur le développement durable pour une chaine de
valeur verte et le développement du capital immatériel. L’enjeu est de taille.
Seule une transformation structurelle de l’économie basée sur
l’industrialisation permettra au Maroc d’avoir une offre exportable capable de
se faire une place plus importante sur le marché mondial. Le Maroc justifie, en
effet, d’une part de marché d’à peine 0,14% en 2018, contre 0,11% en 2001,
relève Taoufik Abbad de la Direction des études et des prévisions financières.
Ce dernier note que le Maroc a développé des spécialisations inadaptées à la
demande mondiale.
Cette faiblesse de l’export se
manifeste par d’autres données avancées lors de cette rencontre : à peine 4.000
produits sont exportés par le Maroc ; l’export représente seulement 25% du PIB,
contre 43% pour l’import, et seuls 7 produits (sur les 240 que comporte la
nomenclature) ont un contenu technologique moyen à élever, relève M’Hammed
Tahraoui du CMC. De même, Mariam El Joubari, du Haut-commissariat au Plan,
indique que seulement 68 produits sur 661 exportés répondent au critère de
l’avantage comparatif.
Ce qui nécessite de se doter
d’urgence d’une stratégie export, selon bon nombre d’intervenants. Parmi ces
derniers, Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’Association marocaine des
exportateurs, qui a profité de la rencontre pour lister toute une série de
revendications pour le développement des exportations.