A ce jour, elle ne dépasse guère 500
tonnes. Ce chiffre n’inclut pas la production de poissons élevés en milieu
continental qui relève des Eaux et Forêts, estimée à 16.000 tonnes en 2017. Ce
qui représente à peine 0,1% de la production halieutique nationale. Soit le
volume le plus faible de toute la Méditerranée. Or, le dernier rapport du
ministère des Finances fait état d’un potentiel de 380.000 tonnes.
A quoi est donc dû ce gap? En plus
des objectifs irréalistes, plusieurs obstacles empêchent le décollage du
secteur.
«Le ministère de l’Equipement exige
au préalable d’effectuer une étude d’impact environnemental avant la signature
d’un contrat de bail relatif à l’occupation du domaine maritime. Nous ne sommes
pas opposés à cette étude qui coûte environ 400.000 DH, mais nous demandons au
moins un accord de principe qui nous permettra de réaliser notre projet si les
conclusions s’avéraient favorables», déclare un opérateur ayant soumissionné Ã
l’un des appels à manifestation d’intérêt lancé par l’Agence nationale de développement
de l’aquaculture.
L’investissement en question est un
projet intégré comprenant une écloserie, une unité de pré-grossissement et une
ferme d’élevage en mer. D’aucuns pourraient s’interroger sur le bien-fondé
d’exiger la réalisation d’une étude d’impact environnemental puisque tous les
plans d’aménagement ont déjà fait l’objet de cette étude de la part de l’ANDA.
L’objectif étant de donner de la
visibilité aux investisseurs sur le potentiel des zones ciblées et de garantir
en même temps la durabilité de la ressource.
L’aquaculture marine souffre
également de la double tutelle entre le ministère de la Pêche et celui de
l’Equipement. Une fois qu’un investisseur a décroché l’autorisation de créer
une ferme aquacole, il doit également obtenir l’aval de l’Equipement pour une
occupation permanente du domaine maritime, nécessaire à la construction d’une
base en terre ferme pour le stockage de l’aliment de poisson, les filets et
différents autres intrants. A l’inverse, l’aquaculture continentale relève du
seul département des Eaux et Forêts.
La dernière note du Centre marocain
de conjoncture (CMC) évoque d’autres contraintes. Parmi ces difficultés, le
régime fiscal. En effet, à l’image d’autres secteurs tels que la cuniculture
(élevage de lapins), l’apiculture, l’aviculture, l’aquaculture n’est pas
fiscalement assimilée à une activité d’élevage.
Par conséquent, elles sont soumises à l’IS et à une TVA en tant qu’activité commerciale. Les produits de l’aquaculture sont hors champ de TVA. Du coup, la taxe supportée au moment de l’achat des équipements et différents intrants ne peut être déduite.
L’investissement dans l’aquaculture
nécessite des moyens conséquents pour l’implantation des fermes, leur gestion,
l’achat des différents intrants. Mais le secteur bute sur des problèmes de
financement.
L’activité n’ayant pas encore bonne
presse auprès des banques. Par conséquent, il faudrait mettre en place un
dispositif de financement dédié à l’image de l’agriculture. Une expérience est
actuellement conduite dans le nord du Royaume. La coopérative Al Amal (Nador)
spécialisée dans la mytiliculture (élevage de moules), bénéficie actuellement
d’un financement de la Région via un partenariat avec GIZ.
L’aquaculture est également
pénalisée par l’amont. Il n’existe pas encore au Maroc une écloserie d’alevins
destinée à approvisionner les fermes aquacoles. La seule qui existe importe
elle-même ses propres alevins et les cède aux éleveurs aquacoles. Une autre est
opérationnelle dans le nord, implantée sur la terre ferme.