Selon les dernières estimations de
l’institution financière, les pays émergents et en développement verront leur
croissance s’accélérer sous l’effet de la reprise chez les exportateurs de
produits de base.
« L’activité devrait progresser de
2,2% dans les économies avancées cette année, avant de retomber à 2% l’année
prochaine, en raison de la suppression progressive des mesures de relance
monétaire par les banques centrales », souligne-t-elle dans son rapport
trimestriel sur les Perspectives économiques mondiales.
Rendu public mardi 5 juin, le
document fait apparaître que la croissance devrait se consolider à 4,5 % en
2018, puis à 4,7 % en 2019, dans l’ensemble des pays émergents et en
développement. Il poursuit en ajoutant que « la reprise chez les exportateurs
de produits de base atteint sa phase de maturité et que les prix des matières
premières se stabilisent après la hausse enregistrée cette année ».
Mais à en croire la Banque mondiale,
des risques de détérioration considérables pèseraient sur ces perspectives.
L’institution note que le risque d’accroissement non maîtrisé de la volatilité
des marchés financiers s’est accru, de même que la vulnérabilité de certains
pays émergents et en développement.Â
Elle rappelle, en outre, les
velléités protectionnistes qui ne cessent de gagner du terrain, alors que les
incertitudes politiques et les risques géopolitiques demeurent substantiels.
A propos de la demande de matières
premières, l’analyse de la Banque mondiale se résume à un constat : « Les
auteurs mettent en garde contre les effets, sur le long terme, du tassement de
la demande mondiale de produits de base, qui pourrait faire plafonner les cours
et, partant, la croissance dans les pays exportateurs ».Â
Par ailleurs, l’institution a dit
s’attendre à un ralentissement de la croissance de la demande de ces pays pour
la plupart des produits de base, alors que la hausse de la consommation
mondiale de métaux et d’énergie enregistrée ces vingt dernières années a reposé
en grande partie sur les grands marchés émergents.
Comme l’explique le directeur
principal de la Banque mondiale pour l’économie du développement, Shantayanan
Devarajan, «les deux tiers des pays en développement dont les recettes sont
tributaires de l’exportation de matières premières pourraient souffrir du recul
attendu de la croissance de la consommation de ces produits ».
C’est dire combien « cette
perspective rend d’autant plus nécessaire la diversification de leur économie
et le renforcement de leurs cadres budgétaires et monétaires », assure-t-il.
Dans le cas où l’économie mondiale
parvenait à maintenir son rythme de croissance cette année, le président du
Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, assure que cette évolution «
pourrait permettre à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, en
particulier dans les économies d’Asie du Sud à forte croissance ».Â
Quand bien même la tendance était
maintenue, le patron de la BM prévient que la croissance ne suffira pas à elle
seule à faire disparaître les poches d’extrême pauvreté dans d’autres parties
du monde.Â
Ainsi, il estime qu’il va falloir
que les décideurs trouvent « les moyens de soutenir la croissance à plus long
terme, en faisant progresser la productivité et la participation de la
main-d’œuvre, afin de parvenir plus rapidement à éliminer la pauvreté et Ã
favoriser une prospérité partagée. »
A noter qu’après plusieurs années de
révisions à la baisse, les prévisions de croissance à long terme se sont
stabilisées, apprécie la BM. Ce qui, poursuit-elle, laisse penser que l’économie
mondiale voit enfin le bout du tunnel dix ans après le début de la crise
financière.Â
Toutefois, le rapport estime que «
ces projections à dix ans s’avèrent généralement trop optimistes et risquent de
ne pas tenir compte du fléchissement de la croissance potentielle et des freins
structurels à l’activité économique ».
Ainsi, le rapport estime impératif
de mettre en œuvre des réformes qui amélioreront les perspectives de croissance
à long terme, tout en sachant que « la rapidité des évolutions technologiques
rend incontournable le soutien à l’acquisition de compétences, de même que le
renforcement de la compétitivité et de l’ouverture des échanges ». Â