Selon ce rapport, qui analyse les tendances salariales au niveau mondial, régional et national dans 136 pays, en termes réels la croissance salariale mondiale a ralenti, passant de 2,4% en 2016 à 1,8% en 2017.Â
«En analysant la croissance
salariale, le rapport observe que dans les pays avancés du G20, la croissance
des salaires réels a diminué de 0,9 % en 2016 à 0,4 % en 2017. A l’inverse,
dans les pays émergents et en développement du G20, la croissance des salaires
réels a fluctué entre 4,9 % en 2016 et 4,3 % en 2017 », souligne l’OIT dans ce
document intitulé «Rapport mondial sur les salaires 2018/19 ».
A en croire le directeur général de
l’OIT, Guy Ryder, les premières indications tendent à montrer que «cette faible
croissance salariale devrait perdurer en 2018».
D’après le rapport, qui étudie aussi
quelques-unes des raisons pour lesquelles la croissance des salaires semble
plafonner malgré une baisse générale du chômage et le redressement du PIB, les
écarts de rémunération entre les hommes et les femmes seraient «insupportablement
élevés ». Ils seraient d’environ 20% à l’échelle mondiale, précise l’OIT dans
un communiqué.
Citant Rosalia Vazquez-Alvarez,
économétricienne et spécialiste des salaires à l’OIT et l’une des auteurs du
rapport, la même source relève que «dans de nombreux pays, les femmes sont plus
éduquées que les hommes mais touchent des salaires inférieurs, même
lorsqu’elles travaillent dans les mêmes catégories professionnelles».
Pour Guy Ryder, il ne fait aucun
doute que «l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes représentent
aujourd’hui l’une des plus grandes manifestations d’injustice sociale et tous
les pays devraient essayer de mieux comprendre ce qu’il cache et de progresser
plus rapidement vers l’égalité des genres».
En détail, les auteurs du rapport
précisent que l’écart de rémunération dans les pays à haut revenu est le plus
grand dans la partie haute de l’échelle des salaires. D’après eux, cet écart
est plus fort parmi les travailleurs les moins bien rémunérés dans les pays Ã
bas revenu et à revenu intermédiaire.
Pour réduire les écarts salariaux
entre les sexes, Rosalia Vazquez-Alvarez n’estime que l’«on doit faire
davantage pour garantir l’égalité de rémunération pour les hommes et les
femmes, et pour remédier à la sous-évaluation du travail des femmes».
Par ailleurs, le rapport estime
qu’un partage plus équitable des tâches familiales entre hommes et femmes
pourrait dans de nombreux cas permettre aux femmes de faire des choix
professionnels différents.
Plus généralement, l’OIT rappelle
également qu’au cours des vingt dernières années, les salaires réels moyens ont
presque triplé dans les pays émergents et en développement du G20 ; tandis que
dans les pays avancés du G20, ils n’avaient augmenté que de 9%.
Cependant, poursuit-elle, « dans de
nombreuses économies à bas revenu et à revenu intermédiaire, les inégalités
salariales demeurent fortes et les salaires sont souvent insuffisants pour
satisfaire les besoins des travailleurs et de leurs familles ».
Plus généralement, on notera que la
faible croissance salariale constitue des menaces pour les économies du monde.
En effet, comme le souligne Guy Ryder, «ces salaires qui stagnent sont un
obstacle à la croissance économique et à la hausse des niveaux de vie ».
C’est dire l’urgence pour les pays
d’«explorer, avec leurs partenaires sociaux, les moyens de parvenir à une
croissance salariale durable du point de vue économique et social», lance-t-il.