Cette note est principalement
consacrée à l'évaluation de l'impact de la pandémie du coronavirus (covid 19) sur
l’économie mondiale et nationale ainsi que les effets de la sécheresse sur la
campagne agricole.
«Sans précédent, le choc économique
engendré par la pandémie du coronavirus (covid19) a provoqué de profonds
changements dans les comportements des agents, des opérateurs économiques et
des gouvernements à l’échelle planétaire et a remis en cause la mondialisation
et ses bienfaits sur les économies des pays», affirme d’emblée le CMC.
De grandes incertitudes et des
interrogations légitimes commencent à se poser sur de quoi demain sera fait,
estime le Centre. Les craintes liées au prolongement de la crise sanitaire dans
la durée et à son extension à d’autres espaces ont poussé les pouvoirs publics
de l’ensemble des pays touchés à adopter des stratégies et des plans d’urgence
pour freiner la maladie du covid19, et pour venir en aide aux secteurs
d’activité les plus affectés (transport aérien, hôtellerie, activités liées au
tourisme...) et procéder au redressement de l’économie d’une manière générale.
L’économie mondiale d’après les
estimations prospectives du Centre ne connaitrait qu’un taux de croissance
modeste d’environ 2%.
L’économie nationale prise en
tenaille
Dans cette conjoncture
internationale déprimée et altérée par l’ampleur de la crise sanitaire,
l’économie nationale va être «impactée sérieusement» de par son ouverture et
ses interdépendances avec le monde extérieur, affirme le CMC.
En plus, elle se trouve prise en
tenaille entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance
quasiment connue du secteur agricole.
Aujourd’hui, le sérieux déficit
pluviométrique constaté au cours des derniers mois préfigure, selon la même
source, d’une mauvaise campagne agricole dont l’ampleur a déjà poussé le Ministère
de tutelle à mettre en œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et
protéger le cheptel.
Dans ce contexte emprunt
d’incertitudes, les hypothèses qui ont présidé à l’établissement des prévisions
exploratoires pour l’économie marocaine sont conditionnées par les
développements rapides des évènements et par voie de conséquence demeurent
assez fragiles, reconnaît le CMC.
Quelles hypothèses ?
Toujours est-il que selon le CMC,
les hypothèses qui sous-tendent le scénario de référence sont les suivantes :
L’hypothèse centrale considère que
la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise devrait
se faire progressivement sans à -coups ;
La campagne agricole 2019- 2020
assez sèche produirait un affaissement notable de la production céréalière qui
ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux ;
La baisse du taux directeur de Bank
Al Maghreb d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur
l’économie réelle ;
La politique budgétaire largement
accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie
du coronavirus et la solidarité agissante des marocains pourraient bien faire
éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois ;
Un redressement du prix du pétrole
au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars ;
Inflation contenue à un niveau assez
bas ;
La parité du dirham pencherait plus
vers une réévaluation vis-à -vis du dollar et connaitrait une dépréciation par
rapport à l’Euro.
Une croissance inférieure à 1%
«Dans le cadre de cette panoplie
d’hypothèses fragiles mais soutenables et au vu des maigres indices
précurseurs, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le
scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance conjecturable
du Produit intérieur brut à prix constants d’environ 0,8% pour l’exercice
2020», estiment les économistes du Centre marocain de conjoncture.
Cette contre-performance économique
devrait découler du retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets
multiples déclenchés par la maladie du Covid19 de la psychose et de la perte de
confiance en passant par les restrictions des déplacements et le confinement
pour arriver au stade de l’état d’urgence sanitaire.
En dehors du secteur agricole qui
devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en
raison des conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l’hiver, les
autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus et ce Ã
des degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de
l’activité, souligne le CMC.
Ainsi, toujours selon le CMC, le secteur
de l’hébergement et la restauration figure parmi les activités les plus
touchées, sa valeur ajoutée en termes réels devrait fléchir d’environ 25 % tant
la reprise serait lente et difficile.
Quant aux services de transport
aussi bien aérien, ferroviaire que routier devraient marquer le pas et leur
valeur ajoutée globale connaitrait une stagnation en glissement annuel.
En outre, dans cette texture
anticipée de la croissance de l’économie nationale pour l’année 2020, la
contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et
se situerait en deçà des 2% aux termes de l’année; aujourd’hui certaines de ces
activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque
d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires et d’autres
sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie
automobile.