«L’incidence de l’extrême pauvreté
augmentera pour la première fois depuis plus de deux décennies et les
inégalités vont s’accentuer», a souligné l’observatoire privé dans sa dernière
publication mensuelle (N°330) faisant savoir que le caractère inégal de la
reprise assombrit considérablement les perspectives de convergence mondiale des
niveaux de revenu interpays. Si les voies de la reprise paraissent incertaines
à l’échelle mondiale, force est de constater que «la persistance de la crise
sanitaire déteint fortement sur l’équilibre économique et social», a-t-il
constaté. Comme l’a relevé l’institution spécialisée dans l’analyse et le suivi
de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, les projections les
plus prudentes prédisent pour la fin de l’exercice une contraction de la production
globale de 7%. «Cette destruction de richesse inégalée depuis de longues années
devrait par ailleurs être aggravée par la perspective d’une perte massive
d’emplois dans les secteurs les plus vulnérables», a-t-elle poursuivi dans
cette publication intitulée «La pandémie : Quels mécanismes pour la protection
sociale ?». A ce propos, et pour mieux apprécier la gravité de la situation, le
Centre a rappelé dans sa publication que les données relatives au troisième
trimestre de l’année font état d’une destruction nette de 581 milliers de
postes d’emplois. Ce qui induit une hausse du taux de chômage moyen de 3,3
points en une année. Dans ces conditions, l’institution a estimé que «la
politique économique post-crise devrait œuvrer prioritairement au redressement
de l’activité à travers l’intensification de l’effort d’investissement. Elle
devrait également mettre à profit le nouvel élan de solidarité pour le
développement de facteurs de résilience au plan social». Outre le redressement
de l’activité et la consolidation du progrès social à inscrire dans la
politique économique post-crise, la publication porte également une attention
particulière à la protection sociale et la préservation de l’emploi considérées
comme «une aspiration à l’universel». Pour le Centre marocain de conjoncture,
la protection sociale est entendue, dans son acception générale, comme une
prévoyance collective consentie par une société dont le but est de protéger ses
membres des risques et autres aléas susceptibles de nuire à la sécurité économique
des individus ou des ménages. Selon le CMC, «elle a pour objectif d’enraciner
un esprit de solidarité entre les différentes composantes de la société dans sa
lutte contre la pauvreté et la précarité». Ainsi que le précise le Centre, la
protection sociale se déploie selon trois mécanismes. Il s’agit de :
l’assurance sociale réservée à la prévention des risques de pertes de revenus
sous l’effet du chômage, de l’accident du travail, de la maladie ou de la
vieillesse…; l’assistance qui repose sur la solidarité entre individus pour
garantir un revenu minimum sans exigence de cotisations préalables ainsi que la
protection universelle qui n’est pas liée à une conditionnalité de ressources
ou de cotisations et qui couvre l’ensemble des individus. Rappelons qu’au cours
des deux dernières décennies, le Maroc a réalisé des progrès considérables dans
de nombreux domaines. Selon l’observatoire, «ces améliorations ont été obtenues
grâce à la mise en œuvre par les autorités marocaines de nombreuses réformes
visant à accélérer la transition économique et sociale du pays». C’est
d’ailleurs dans cette perspective qu’un programme ambitieux de réformes
sectorielles a été mis en œuvre dont «l’objectif majeur est l’accélération du
développement des secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’industrie, le
tourisme, l’énergie et les mines». Considérées comme les principaux moteurs de
la croissance de l’économie marocaine, «ces différentes activités ont connu des
transformations tangibles à même de leurs permettre de contribuer plus
efficacement à la dynamique de la croissance et à l’amélioration des conditions
sociales dans le pays», affirme le CMC notant que les résultats obtenus depuis
2005 sont dans l’ensemble globalement positifs. Revenant sur la crise
sanitaire, le CMC note qu’elle «creuse la fracture numérique et ses effets,
l’écart de richesse entre pays, les fossés entre riches et pauvres, entre
employés des secteurs informel et formel, entre hommes et femmes, entre ceux
qui peuvent s’endetter et les autres… ». Outre «L’économie mondiale : les voies
incertaines de la reprise», la « Politique économique postcrise : redressement
de l’activité et consolidation du progrès social», la «Stratégie sectorielle :
une démarche de conduite du changement» et la «Protection sociale et
préservation de l’emploi : une aspiration à l’universel», le CMC aborde
également deux autres axes. A savoir : la «Perspective d’une politique
nationale intégrée du climat des affaires : une stratégie d’approfondissement
des réformes» et les «Politiques budgétaires : «...le temps est à la dépense
publique»».
La politique économique post-crise devrait œuvrer prioritairement au redressement de l’activité
La récession profonde de l’économie internationale renforcée par une détérioration rarement égalée des conditions sociales laisse présager une détresse sur le long terme», a prévenu le Centre marocain de conjoncture (CMC).
Source : Libération
Posté Le : Mardi 8 décembre 2020
Posté Le : Mardi 8 décembre 2020