Croissance essoufflée, industrie
embryonnaire, emploi stérile… l’analyse de la conjoncture par le CMC est tout
sauf reluisante. Le centre relève, dans sa dernière lettre mensuelle que le
taux de création des richesses, tel qu’il est traditionnellement mesuré par le
PIB, peine à dépasser le rythme annuel moyen de 3,5% au cours de la période
2008-2018. Il s’affiche ainsi en baisse de 1,5 point en comparaison avec la
décennie précédente. L’Observatoire national de l’économie souligne que depuis
le déclenchement de la crise financière en 2009-2010, l’économie nationale
affiche des signes de faiblesse de plus en plus évidents. Le CMC insiste
principalement dans son rapport sur l’importance de l’adéquation du modèle de
croissance aux exigences du contexte actuel. Pour ce faire, l’économie
nationale doit changer de palier de croissance pour plus d’efficience. Le
centre présidé par Habib El Malki recommande une restructuration et une
modernisation du secteur productif qui devrait s’appuyer sur les différentes
politiques engagées au cours de ces dernières années sur la croissance,
l’emploi, les échanges et le bien-être social.
Pour le CMC, les résultats des
différentes stratégies (agricoles, industrielles, touristiques…) mises en œuvre
dans ce sens ne produisent que très lentement leurs effets. «La croissance
reste tributaire des aléas climatiques, les exportations marocaines ne jouent
pas encore le rôle moteur souhaité dans l’économie nationale et l’impact de ces
initiatives sur l’emploi et les inégalités reste limité», tranche le CMC. Des
programmes encore plus ambitieux et adaptés sont donc nécessaires pour
accompagner la restructuration du secteur productif marocain et accroître son
intégration. Concrètement, l’observatoire estime que d’autres réformes
structurelles demeurent nécessaires afin d’engager le pays dans une procédure
de diversification de sa production, d’augmentation de sa productivité et de
réduction de sa dépendance à des facteurs exogènes difficilement maîtrisables
tels que le climat et l’environnement international. «Mener à bien ces
changements exige au préalable le rétablissement de la confiance des
entreprises via l’amélioration des institutions d’appui à la croissance, le
renforcement des services publics, l’investissement dans le capital humain et
la détermination des priorités de cette restructuration», estime le centre.
Concernant les stratégies sectorielles, le CMC propose plusieurs pistes
d’amélioration, notamment dans les secteurs primaire et secondaire. Du côté de
la stratégie agricole, il est recommandé de corriger et d’accélérer les
réformes. «Beaucoup de progrès restent à accomplir, et une nouvelle vague de
réformes est nécessaire». Pour le CMC, ceci nécessitera des innovations au
niveau des approches pour mieux concilier l’efficacité économique agricole, la
justice sociale, la préservation et la valorisation de l’environnement.
L’implication plus étroite et plus effective du secteur privé est jugée
indispensable pour relancer l’investissement dans ce secteur et améliorer sa
productivité. «L’enjeu actuel n’est pas de faire davantage de propositions pour
restructurer l’activité agricole, mais de consolider les acquis, d’accélérer
les réformes en cours et de mobiliser les acteurs pour mettre en place une
stratégie efficace», conclut le Centre marocain de conjoncture.
Du côté de l’industrie, les efforts
consentis ne permettent pas, aux yeux du CMC, d’acquérir la puissance
nécessaire pour impulser à l’économie nationale une croissance suffisante pour
son développement. Sa part dans la création des richesses est restée limitée Ã
16% au cours des dix dernières années, autant que le secteur primaire et
largement inférieur au secteur tertiaire, qui a presque atteint les 55% au
cours de cette période. Ces résultats témoignent de l’insuffisance du développement
du secteur industriel, particulièrement dans des branches de produits à forte
valeur ajoutée et à contenu technologique élevé. Cette insuffisance est Ã
l’origine de la lente transformation structurelle de l’économie nationale. Pour
le CMC, la restructuration en cours doit être poursuivie. «Son succès dépend
néanmoins des règles de gouvernance instaurées et de la mise en œuvre d’une
discipline rigoureuse de suivi et d’adaptations qui permettraient aux
responsables d’engager à temps les mesures nécessaires pour corriger les écarts
constatés par rapport aux objectifs fixés».