Certes, la vigilance vis-Ã -vis de
l’endémie doit rester de rigueur, avec à la clé le maintien et le renforcement
de toutes les mesures de protection. Il
n’empêche que la relance de l’économie s’annonce d’une extrême urgence. Du
moins dans les régions et secteurs les moins exposés à la recrudescence du
Covid-19.
Pour le Centre, deux orientations
stratégiques pourraient être mises en œuvre sans tarder. D’abord, «des actions
et mesures d’urgence pour créer un contrechoc». Dans l’objectif de stopper
l’hémorragie provoquée par l’arrêt des activités, les pertes de revenus et
l’exacerbation du chômage. Ensuite, il s’agit d’établir une nouvelle vision et
un modèle de développement répondant auxÂ
enseignements tirés de cette douloureuse expérience. Pour élaborer des
plans stratégiques globalement cohérents. Et pour cause! L’enjeu est de taille.
«Le PIB devrait s’effondrer de 4,3% cette année», estime le CMC.
Dans la conjoncture actuelle où les incertitudes planent encore sur le
devenir de la planète, les institutions internationales, tout en surpassant les
difficultés du moment et le manque d’informations, ont évalué l’ampleur de la
récession en estimant la décroissance à environ 3,8%. La nouvelle prévision
du CMC s’insère dans ce contexte en se
basant sur les indices précurseurs de conjoncture.
Face à la décroissance attendue, les
mesures à prendre d’urgence commenceraient, à l’instar de tous les pays, par
l’adoption «d’une politique budgétaire plus agressive qu’à l’accoutumée». Ceci,
à travers le projet de loi rectificative du budget, en cours de préparation.Il
s’agit d’augmenter d’une manière significative le budget du ministère de la
Santé en priorité absolue ainsi que ceux des secteurs sociaux. Le tout assorti
d’abattements sur les charges sociales et l’impôt sur le revenu avec des
moratoires sur le paiement des impôts. S’ajoute également le rééchelonnement de
paiement des crédits bancaires. Sans oublier le soutien, par des prix
préférentiels, des intrants et des investissements de l’agriculture.
Par ailleurs, il est proposé la
généralisation de l’AMO à l’ensemble de la population. La mise en œuvre de la
mesure est désormais possible, compte tenu des données qui ont permis la
distribution des aides aux ménages nécessiteux. Etudier également la
possibilité (à partir du mois de juillet) de transformer ces aides en un
système pérenne de primes de chômage.
Parallèlement à l’assouplissement de
la politique budgétaire, celle monétaireÂ
devrait se montrer plus accommodante et innovante que ce qui a été fait
à ce jour.
Dans le cadre de ses politiques
d’accompagnement, la levée du confinement pourrait s’opérer par région et par
province sur la base du nombre de reproduction. Ainsi pour toutes les
collectivités dont le RO est inférieur à 0,5, le déconfinement resterait
possible dans le respect des barrières sanitaires.
Ainsi sur les 132.000 entreprises
organisées qui sont à l’arrêt, celles localisées dans les régions où la
propagation du covid19 a pris fin peuvent déjà redémarrer en respectant les
mesures d’hygiène et de distanciation sociale. Les entreprises situées dans des
régions dont le RO est inférieur à 1 devraient reprendre leurs activités avec
un contrôle sanitaire et un suivi strict par les autorités locales.
De même, les unités se trouvant dans
des zones à risque (RO>1) et dont la production répond à une nécessité
pourraient relancer leurs activités sous la vigilance d’une cellule de
contrôle. Il en est de même des transports en commun qui doivent reprendre dans
un rayon qui leur serait fixé.
A moyen et long terme, il y a lieu
d’accélérer les travaux de la commission spéciale sur le modèle de
développement dont les résultats détermineront les contours du projet de
société souhaité avec plus de précisions et de détails. En attendant, il est
proposé le retour à l’Etat-providence. En particulier pour ce qui est de la
promotion des secteurs sociaux et l’accompagnement du secteur privé.
L’expérience et les enseignements
tirés de la propagation du covid19 ont montré d’une manière flagrante que le
Maroc n’était pas suffisamment armé pour parer à ce genre de fléau. Aussi les
stratégies à proposer devraient-elles intégrer comme priorités le développement
des secteurs sociaux : santé, enseignement, emploi, sécurité sociale...