Le travail « subit de plein fouet
les nuisances d’un impact qui porte, à la fois, sur l’offre, en raison d’une
paralysie quasi totale du processus de production des biens et services et sur
la demande qui se rétracte sous l’effet de la baisse de la consommation et de
la contraction de l’investissement... », a expliqué l’Observatoire privé qui
annonce la publication de son rapport annuel intitulé « 2020-2021 : Ruptures »
(N°51).
« Plusieurs milliers de postes
d’emploi sont mis en suspens quand ils ne sont pas définitivement détruits
provoquant une recrudescence inégalée de chômage », a souligné le Centre
indiquant que des secteurs entiers sont sinistrés et font face à un avenir
incertain comme le tourisme et les transports qui sont gravement touchés dans leur
segment aérien.
Dans ce bulletin, publié dans le
cadre de la série « Maroc perspectives», le Centre craint que cette situation
délétère menace de faillites les entreprises dans leurs différentes tailles, de
perte d’emplois sans distinction entre secteurs structurés ou informels et
partant de détériorations manifestes de revenus pour une vaste partie de la
population.
Dans son rapport, qui présente le
bilan économique et social relatif à l’année 2019 tout en faisant état des
prévisions et cadrage des années 2020 et 2021, le CMC ne s’est pas focalisé que
sur « La dynamique du marché du travail ». Il s’est également intéressé Ã
d’autres axes, notamment ceux liés à la « Politique économique : Quels
ajustements face à la pandémie ? », à l’« Economie mondiale : La pandémie
déclenche une crise économique historique », aux « Comptes extérieurs : Les
flux des échanges sous l’onde de choc de la pandémie » et à la « Chute des
cours du pétrole : Une aubaine asphyxiée par le Covid-19 mais pas que... »,
entre autres.
Ainsi, sur la question de la
politique économique, le CMC a noté que le déclenchement de la crise sanitaire
a complètement perturbé la dynamique du système économique et ses ressorts
internes, remettant en cause à la fois les programmes préétablis et les objectifs
correspondants. Outre l’arrêt presque immédiat de l’activité des secteurs les
plus exposés comme l’hôtellerie, les transports, la restauration, le commerce,
la construction ou les industries manufacturières, le CMC a relevé aussi des
répercussions importantes sur les équilibres financiers. Notamment la baisse
des recettes fiscales au cours des premiers mois de l’année, la forte
contraction des exportations et des flux financiers en provenance de
l’extérieur... Bref, une situation inédite qui « incite à la réflexion sur les
nouveaux ajustements nécessaires à la politique économique pour plus
d’efficacité et de cohérence », a-t-il estimé.
Au niveau mondial, il a noté que la
pandémie a déclenché une crise économique historique qui a entraîné un double
bouleversement de l’économie : « Le confinement a forcé de nombreuses
entreprises à ralentir voire à stopper leur activité et a, par ailleurs,
provoqué un effondrement de la consommation. Un double choc de demande et
d’offre est à l’œuvre », a-t-il fait savoir.
Comme l’a relevé le FMI en avril
dernier, le monde devrait connaître, en 2020, une récession historique dont
l’ampleur s’élèverait à 3 % du PIB. Le commerce mondial accuserait un recul
compris entre 13% et 32%, les cours des produits de base chutent et les
investissements directs étrangers pourraient baisser de 40%, a relevé le Centre
soulignant que si les risques sont plutôt baissiers, l’incertitude est en
revanche grande.
Concernant les flux commerciaux, le
Centre a noté qu’ils « ont connu une nette décélération au terme de l’exercice
écoulé. Les exportations de marchandises ont enregistré une progression d’Ã
peine 2,4 % en 2019 contre 10,7 % l’année précédente. La même tendance est
relevée au niveau des importations dont la valeur globale a augmenté durant le
même exercice de 2 % ».
L’Observatoire a toutefois concédé
que « la baisse de régime des flux commerciaux s’est accompagnée d’une
stabilisation du déficit commercial et même d’une légère amélioration de
l’équilibre des transactions courante à la faveur de l’excédent des échanges de
services et des flux financiers de la migration ».
Qu’à cela ne tienne, les données
montrent que « le déclenchement de l’épidémie du coronavirus à la fin du
premier trimestre et la série de mesures drastiques prises pour en atténuer les
effets sur la santé de la population ont complètement déstabilisé les flux des
échanges », a constaté le CMC notant que les données couvrant les quatre
premiers mois de l’année font état d’une contraction sans précédent des
transactions sur les marchandises et les services ainsi que des flux
d’investissement.
S’agissant des cours du pétrole, il
ressort que sous l’emprise du coronavirus, ceux-ci se sont effondrés dans un
effet combiné d’une demande velléitaire et d’une offre surabondante.
Mais alors que les prix ont atteint
leur plus bas niveau historique, « les projections manquent d’audace et
d’ingéniosité pour prédire l’avenir d’un contexte géopolitique réputé alambiqué
», a constaté le CMC soulignant que la crise sanitaire a frappé violemment le
marché pétrolier mondial.
Face à cette situation, le Centre
rappelle que « la stratégie énergétique du Maroc, largement tributaire des
importations de charbon, de pétrole et de gaz, s’emploie à poser les jalons
pour une promotion des sources domestiques de production d’énergie ».
Signalons que le rapport s’articule
aussi autour de six autres axes : « Secteurs productifs : Des évolutions
timides », « Un dispositif de garanties pour soutenir les entreprises : Le
système financier à l’épreuve de la pandémie », « Climat des affaires : Le
Covid-19, redistributeur des cartes ? », « Notation de l’économie marocaine :
Perspectives 2020 : Un sévère recul de l’activité », « Perspectives économiques
: 2020 : Année des ruptures » et « Cadrage macroéconomique : 2021 : Le tournant
».