Un travail réalisé depuis plusieurs
années pour mieux apprécier les potentialités avenir de l’économie nationale,
faire des projections et développer des scénarii de croissance pour les treize
prochaines années, et dont les conclusions ont été présentées lors d’une
rencontre tenue mercredi 27 septembre à Casablanca.
Pour développer ses scénarii, le CMC
est parti d’un constat. C’est que malgré les progrès réalisés en matière de
croissance notamment au cours de la décennie 2000 où le rythme de croissance
était en moyenne de 5% par an, «force est de constater que depuis les cinq
dernières années, le rythme de croissance
s’amenuise pour se situer à un taux relativement faible de 3,3», a fait
observer Tarik El Malki.
Pour ce responsable du CMC, «le rôle
des instituts de recherche tel que le nôtre c’est d’ouvrir de nouvelles pistes
de réflexion, de recherches et de réfléchir sur l’avenir tout simplement». Car,
a-t-il estimé, «on ne peut pas être juste des spectateurs, des contemplateurs
de notre époque à la lumière des différents enjeux qui guettent notre société, notamment le chômage des jeunes, la
pauvreté, les disparités sociales
territoriales, et faire comme si tout ça n’existe pas».
Mais avant, Pr. M’Hammed Tahraoui,
autre responsable du CMC, a rappelé que «la notion d’émergence est sur la scène publique depuis quelque
temps déjà . Elle a été soulevée, Ã
différentes raisons et à diverses occasions, soit par les plus hautes autorités
du pays, soit par les opérateurs économiques qui en ont souligné l’importance».
C’est ainsi qu’il semble logique
pour le CMC de se rapprocher de l’ensemble des opérateurs représentant
l’économie nationale pour recueillir leurs opinions sur la question du
développement au Maroc.
Notons que plusieurs questions leur
ont été posées dans le cadre d’un sondage dont les résultats ont été riches en
enseignements. A la question, par exemple, «Est-ce que l’économie marocaine est
une économie émergente ?», 75% d’entre eux ont répondu «non».
Une réponse qui ne surprend guère au
regard du rythme de croissance susmentionné et de bien d’autres éléments que
s’est chargé de rappeler Ahmed Laaboudi, membre du CMC, en dressant un état des
lieux qui fait que le Maroc se pose de multiples questions quant à ses
perspectives de croissance.
Si l’économie marocaine a fait
montre d’une certaine résilience en maintenant un rythme d’activité assez
soutenu, comparativement à de nombreux pays de la région, il faut cependant
noter que ce résultat dissimule de nombreuses faiblesses.
Selon les trois membres du comité
scientifique du CMC, «le rythme de croissance
manque de régularité et reste fortement dépendant des résultats des
activités primaires. Au plan social, la croissance ne génère pas suffisamment
d’emplois pour faire face à une population active qui connaîtra pour de
nombreuses années encore une forte expansion».
Lors de cette rencontre, ils ont, en
outre, fait remarquer que les performances économiques ne contribuent que
faiblement au recul de la pauvreté et à la réduction des inégalités, que la
configuration sectorielle de la croissance présente des déséquilibres de plus
en plus importants qui se manifestent depuis quelques années à travers le
ralentissement de la valeur ajoutée industrielle, entre autres.
Qu’à cela ne tienne, le CMC a
indiqué que les résultats des simulations effectuées à l’horizon 2030 montrent
que l’ économie nationale dispose d’un potentiel de croissance important si
elle parvient à mobiliser chacun des facteurs agissant sur la dynamique
productive à long terme.
Mais pour Tarik El Malki, il va
falloir penser à un mode de croissance orienté davantage vers l’export. «Nous
avons tracé nos projections en proposant des scénarios de croissance potentiels
qui peuvent s’avérer effectifs si les pouvoirs publics mettent en place des
politiques économiques adaptées en matière de réforme du marché de travail, du
système d’éducation, de renforcement et
raffermissement de politiques sectorielles, en matière fiscale,
d’assainissement de l’environnement des affaires et d’innovation».
Sur l’intérêt du CMC de mener une
telle étude, Tarik El Malki a expliqué que «notre mission est de réfléchir sur
le présent et l’avenir à travers de pareils travaux de projection et
d’interpeller les décideurs, qu’ils soient économiques ou politiques, pour
justement les pousser à réfléchir et à prendre les mesures qui s’imposent afin
de faire de ce Maroc souhaitable un Maroc possible. C’est le message principal
qu’on veut faire passer», a-t-il conclu.