Dans sa dernière note sur la
conjoncture économique, le Centre marocain de conjoncture (CMC) juge la
consolidation de la croissance en 2017 «fragile». Un constat qui s’explique par
la nature contrastée des configurations sectorielles entre les principales activités
productives. «Le processus de convergence à terme vers un régime de croissance
suffisamment régulier et auto-entretenu s’en trouve fortement contrarié»,
peut-on lire dans le dernier numéro d’Info CMC. Ainsi, après le redressement
attendu de l’activité en 2017, les principaux éléments d’anticipation pour
l’année à venir donnent déjà quelques signes de relâchement des ressorts de la
croissance.
Le taux de croissance projeté dans
le scénario prévisionnel de 2018 ne dépasserait pas 3,7% en termes réels, ce
qui équivaudrait à une contraction de plus d’un demi-point du taux de
croissance projeté pour l’année en cours. «Une perspective timide eu égard aux
objectifs visés tant sur le plan des revenus que de l’emploi et des niveaux de
vie soulignant encore une fois l’urgence d’une accélération des programmes de
restructuration économique et des réformes qui en constituent les bases afin de
consolider le cycle de croissance et lui conférer plus de vigueur et de
régularité», estime le CMC.
Pour l’Observatoire national de
l’économie, cette situation s’explique par l’absence de changements profonds
dans les données structurelles agissant sur l’offre. Ainsi, les performances
des activités agricoles demeurent, pour une large part, tributaires des
conditions climatiques et de la régularité des précipitations et leur
répartition sur les principales régions. Pour effectuer une telle prédiction,
le CMC retient la moyenne des performances de l’activité agricole des trois
dernières années. L’organisme estime qu’il est fort peu probable que les
conditions d’une campagne prolifique telle que celle de 2016-2017 se
reproduisent. Ce scénario accule le secteur agricole et l’ensemble des
activités primaires au ralentissement durant l’année 2018. Pour les activités
industrielles, les performances prévisionnelles de production dépendent d’un
certain nombre de paramètres portant sur le taux d’utilisation des capacités,
les prix de l’énergie et des matières premières, les coûts du travail et la
productivité. Sur chacun de ces paramètres, les hypothèses les plus plausibles
ne permettent pas d’envisager des changements significatifs pouvant induire des
modifications importantes dans les configurations de l’offre tant en ce qui
concerne les charges de production que les facteurs de productivité ou les
conditions de la concurrence sur les marchés.
Le ralentissement attendu de la
demande sur le plan interne, dans un contexte contraignant tant du point de vue
des revenus que de l’emploi et du niveau de vie, pourrait même ajouter aux
difficultés réelles qui se profilent à l’horizon non seulement pour le secteur
industriel, mais aussi pour l’ensemble des activités productives. «Même le
soutien que pourrait apporter le budget dans ces conditions à travers la
dépense publique, notamment celle de l’investissement, serait difficilement
envisageable compte tenu des contraintes de ressources et les priorités
assignées à la politique budgétaire», note le CMC. Dans ce contexte, les
engagements pris dans le cadre de la Ligne de précaution et de liquidité
imposent la poursuite d’une politique budgétaire visant la réduction
progressive du déficit public pour atteindre, à terme, la cible de 3%. À cet
effet, les perspectives budgétaires pour l’année 2018 ne semblent pas offrir de
marge de manœuvre suffisante avec un tel objectif, et compte tenu du niveau
atteint aujourd'hui en matière de fiscalité comme d’endettement public.