Ces insuffisances « concernent
l’état de l’information et son utilisation par ses différents détenteurs, ce
qui limite considérablement toute tentative de développement des méthodes
d’évaluation de l’activité économique », a indiqué l’observatoire privé et
indépendant de l'économie marocaine soulignant un besoin de données plus
adaptées et plus pertinentes. S’intéressant aux évolutions économiques de très
court terme, l’analyse conjoncturelle a pour objectif de « fournir un
diagnostic sur l’évolution récente et future de l’activité économique et
anticiper ses tendances », a d’emblée relevé le CMC notant de ce fait qu’« elle
apporte une aide précieuse aux différents responsables tant publics que privés
dans leur prise de décision ». Mais pour cela, « il est indispensable de
posséder une information fiable, régulièrement mise à jour et facilement
accessible », provenant de sources diverses telles que les enquêtes,
statistiques administratives, a estimé le Centre dans ce spécial dédié à «
l’entreprise marocaine dans une nouvelle conjoncture ». S’il est vrai que le
Maroc a fourni des efforts importants dans ce sens, tout porte à croire que «
beaucoup reste à faire », a estimé cet organisme qui s’est spécialisé dans l'analyse
et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact. Dans ce
spécial, outre sa réflexion sur les modèles d’analyse de la conjoncture au
Maroc et la nécessité d’avoir des données plus adaptées et plus pertinentes, le
CMC s’est également intéressé à cinq autres axes. A savoir : « Les
laissés-pour-compte de la mondialisation : contestation des politiques
publiques » ; « Epargne au Maroc : des seuils en deçà des niveaux
d’investissement » ; « Système statistique et réalité économique : mesure
statistique et réalité sous-jacente » ; « Accès des entreprises au crédit :
Small is not beautiful ! » et « Dynamique démographique, croissance et
inclusion : les enjeux de la décennie 2020 ». Concernant l’axe sur « Les
laissés-pour-compte de la mondialisation : contestation des politiques
publiques », le CMC a d’abord soutenu que les manifestations fortement
inégalitaires de la mondialisation constituent les principaux facteurs de la
remise en cause des politiques publiques, avec pour principal vecteur
l’insuffisance chronique des aides aux individus à revenus faibles ou en voie
de dégradation. Puis, il a fait remarquer que « les promesses des politiques
soutenant la mondialisation, inspirées par les économistes néolibéraux, n’ont
pas tardé à décevoir devant le recul généralisé des revenus de la majorité des
populations, à l’exclusion du décile supérieur des classes les plus riches ».
Abordant le volet sur l’épargne au Maroc, le Centre a affirmé qu’elle est la
variable qui assure la répartition intergénérationnelle de la richesse, au plan
opérationnel, et qu’elle constitue « un levier majeur de toute dynamique de
croissance », ajoutant qu’insuffisance est synonyme d’aggravation des besoins
de financement nécessitant un recours accru au financement monétaire ou à
l’endettement. S’agissant du système statistique, le CMC note que « les
systèmes d’informations et d’informations statistiques, en particulier par leur
degré de pertinence et de performance et par l’étendue de leur couverture
sectorielle et spatiale, constituent un indice révélateur du niveau de
développement du pays ». Et de souligner qu’ils reflètent l’avancement réalisé
en matière de transparence et de bonne gouvernance économique. Quant à l’axe
relatif à l’accès des entreprises au crédit, le Centre a rappelé les résultats
de l’enquête nationale réalisée par le Haut-commissariat au plan (HCP) en 2019
révélant d’une part que 63% des chefs d’entreprise TPE sont «insatisfaits» des
services offerts par les institutions financières, et d’autre part que la
faiblesse des financements externes, notamment bancaires, des entreprises
s’expliquerait, entres autres, par les garanties exigées qui seraient trop
contraignantes. Enfin, il ressort de ces réflexions sur la dynamique
démographique et des enjeux de la décennie 2020 que « les transformations en
profondeur des structures démographiques depuis plusieurs décennies
constitueront pour les années à venir l’un des facteurs déterminants qui
conditionneront non seulement le rythme de croissance mais aussi les capacités
de création d’emploi et le potentiel d’inclusion ». Le CMC, qui effectue
régulièrement des recherches et des études macroéconomiques, sectorielles,
démographiques et commerciales destinées aux entreprises privées et aux
organismes publics, a en effet relevé que « les projections effectuées à
l’horizon 2030 font apparaître des changements notables dans les structures
démographiques qui auront des répercussions directes sur l’équilibre du marché
du travail et le potentiel de production ».
Le CMC publie un spécial sur l’entreprise marocaine face à la nouvelle conjoncture
«Malgré un nombre important d’organismes chargés du suivi de la conjoncture présent sur le territoire national, des insuffisances en matière d’analyse de la conjoncture subsistent », a relevé le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans sa dernière publication mensuelle « Maroc Conjoncture » (n° 322).
Source : Libération
Posté Le : Vendredi 10 avril 2020
Posté Le : Vendredi 10 avril 2020