D’abord, pour les analystes du CMC,
le système fiscal est considéré comme un déterminant important du climat des
affaires. Il contribue également dans l’évolution de la croissance et la lutte
contre les inégalités. Ils citent les conclusions du rapport «Paying taxes»,
qui s’intéresse, dans son édition de 2018, à l’impact de la digitalisation sur
les systèmes fiscaux. Selon ce rapport, le Maroc fait figure de bon élève
puisqu’il n’a cessé d’améliorer son classement : il est au 25e rang sur un
total de 190 pays. Cependant, selon le FMI, le système fiscal marocain, comme
dans beaucoup de pays de la région Moyen Orient Afrique du Nord (MENA), souffre
d’un déficit d’efficacité et est peu équitable. D’où l’urgence de sa réforme.
Ainsi, en dépit de tous les efforts
fournis dans ce sens, le Maroc est l’un des pays d’Afrique qui connaissent le
taux de prélèvement obligatoire (prélèvements fiscaux et cotisations sociales)
le plus élevé. En 2017 ce taux atteint 29%.
Partant de ce constat, la question
que se posent les experts du CMC est celle de savoir «si le niveau de
prélèvement est socialement acceptable dans la durée?»
Selon ces analystes, «la progression
soutenue des prélèvements obligatoires au cours des dix dernières années a
induit une forte pression fiscale sur les contribuables, entreprises et
ménages». Avec un taux apparent se situant à 28,7%, le Maroc se classe
actuellement parmi les pays en développement à forte pression fiscale.
La restructuration de l’impôt,
engagée depuis plus de trois décennies, a induit par ailleurs un glissement
sensible de la fiscalité de la consommation vers la fiscalité sur le capital et
le travail. Les estimations effectuées par le CMC à ce sujet montrent que le
taux d’impôt implicite du facteur travail a gagné près de 10 points en l’espace
d’une quinzaine d’années, contre 3,2 points pour le facteur capital. Selon le
CMC, que dirige Habib El Malki, «le soutien à la compétitivité des entreprises
nécessite un redressement de cette tendance à travers le transfert d’une partie
des charges fiscales attachées au facteur travail vers la consommation finale».
Ainsi, face au tiraillement engendré
par l’important besoin de financement du budget de l’Etat et la difficulté
d’accéder à plus de ressources, et compte tenu de la pression fiscale, les
pouvoirs publics sont de plus en plus amenés, disent-ils, à faire face à un
lancinant dilemme: «Comment trouver le juste équilibre entre, d’une part, une
fiscalité accommodante pour accompagner la croissance, et, d’autre part, un
système d’imposition pour renflouer les ressources de l’État?»