Certes, les exportations marocaines
vers la Turquie ont beaucoup progressé entre 2006 et 2017, selon le dernier
rapport économique et financier accompagnant le PLF 2019. Elles sont passées de
1,1 à 6,9 milliards de DH, soit 2,8% de l’ensemble des exportations du Maroc.
Mais en même temps, les exportations
turques vers le Maroc ont atteint 19,3 milliards de DH contre 5,5 milliards en
2006, soit 4,4% du total des achats marocains.
D’où un déficit commercial à la
défaveur du Maroc qui a dépassé 12,4 milliards de DH en 2017 contre 4,4
milliards de DH en 2006, et un faible taux de couverture des importations par
les exportations de 35,7%.
Des
mesures de défense commerciale pour contrer la déferlante turque
Il faut dire que les exportateurs
turcs sont plus agressifs et leur offre est plus diversifiée et à plus forte
valeur ajoutée. Certains opérateurs marocains, pénalisés par la déferlante
turque, accusent même ce pays de subventionner certains secteurs pour leur
permettre de percer à l’international.
Face à cette situation, les
entreprises marocaines n’hésitent pas à user des instruments de protection
commerciale prévus par la réglementation et l’accord de libre-échange avec la
Turquie. C’est le cas des textiliens et de Maghreb Steel qui ont demandé et
obtenu l’instauration de mesures de sauvegarde contre les produits turcs.
Notons que sur les 19,3 milliards de
DH de marchandises achetées par le Maroc à la Turquie en 2017, 13,5 milliards
rentrent dans le cadre de l’accord de libre-échange, soit une part de 70%.
Les principaux produits importés
sont les voitures de tourisme et utilitaires, les produits textiles, l’acier et
le fer, les produits électroménagers…
De son côté, le Maroc exporte
principalement des véhicules routiers, des engrais, des aliments pour animaux,
du sucre et des produits à base de sucre, de l’or, des matériaux non ferreux et
du poisson.
Forte
augmentation des IDE turcs au Maroc
En dehors du commerce, les turcs se
montrent également plus agressifs en termes d’investissements directs
étrangers. « Depuis une dizaine d’années, l’intérêt pour le marché marocain a
pris une grande ampleur auprès des investisseurs turcs et le nombre des
entreprises turques installées au Maroc a considérablement augmenté. Il dépasse
aujourd’hui les 80 sociétés opérant le textile, l’alimentation, le mobilier,
l’immobilier, la construction et les infrastructures (autoroutes et chemins de
fer) », précise le rapport économique et financier.
Ainsi, les IDE turcs à destination
du Maroc ont atteint 448 MDH en moyenne annuelle sur la période 2013-2017 (1,2%
des IDE totaux reçus par le Maroc) contre 96 MDH en 2008-2012 (0,3%).
Certes, les IDE représentent des
rentrées de devises étrangères dont le Maroc a besoin. Mais en même temps ils
génèrent des sorties de dividendes en devises également, concurrencent les
opérateurs marocains et les privent d’un certain nombre de marchés publics (des
emplois et de la valeur ajoutée en moins).
En face, la Turquie ne figure même
pas dans la liste des IDE marocains à l’étranger.