Le pari difficile du «consommer marocain»

«Produire et consommer marocain, un pari utopique et porteur de risques». La crise sanitaire a exacerbé le patriotisme économique et la tendance à produire et consommer national, voire local. Le Maroc a mis en place des mesures pour favoriser le made in Morocco.
Source : L’économiste
Posté Le : Jeudi 12 novembre 2020

Les droits d’importations sur les produits finis de consommation ont été relevés de 30 à 40%. La préférence nationale est opérationnalisée au niveau de la commande publique et les maîtres d’ouvrages sont tenus de faire référence, dans les cahiers des charges des marchés publics, à l’application des normes marocaines ou assimilées. Il s’agira aussi de limiter le recours aux produits importés au cas où il n’existe pas de produit local.

Pour le Centre marocain de conjoncture, il existe des obstacles importants du côté de l’offre marocaine. Pour être viable, une politique du «consommer marocain» doit s’accompagner d’une amélioration sensible au niveau de l’offre, de la qualité, de la variété et de la quantité.

«Un retour en arrière dans le temps à l’époque où les barrières douanières rendaient la consommation du produit local obligatoire rappelle à quel point un marché protégé porte préjudice aux consommateurs sans donner les bonnes incitations aux producteurs», soulignent les économistes du CMC.

Le secteur privé est tenu d’abandonner sa zone de confort, en révisant ses marges, et en améliorant la qualité des produits offerts. Globalement, le Maroc doit élaborer une vision à long terme claire et indépendante pour renforcer sa résistance aux chocs extérieurs.

Pour le CMC, la souveraineté économique n’exige pas l’isolement mais un choix résolu en faveur des priorités économiques, sociales et écologiques. «Il faut être plus sélectif en ce qui concerne les IDE et les exportations, et évaluer les choix économiques à l’aune de leur impact global, économique, social et environnemental», souligne le Centre marocain de conjoncture.

La priorité devrait être ainsi accordée aux industries locales, celles qui mobilisent les ressources propres et répondent aux besoins réels de la population. Sans se fermer au monde, le Maroc devrait favoriser une plus grande densité industrielle, la sécurité alimentaire et une plus grande indépendance énergétique.