Dans ce spécial, rendu public
récemment, le CMC s’est intéressé notamment aux banques centrales, examinant le
rôle qu’elles pourraient jouer dans le nouveau contexte.
Si le statut et le rôle de la banque
centrale ont connu de profondes mutations au fil des années, le CMC a noté que
le modèle de la banque centrale indépendante s’impose progressivement aussi
bien aux économies avancées qu’aux économies en développement.
Il faut dire que les changements ont
eu des répercussions importantes sur les statuts et les missions de ces
institutions et qu’elles ont été accélérées par la mondialisation financière et
ses implications sur les différentes économies.
Pour la publication, c’est ce qui
explique « la montée en puissance de ces établissements induisant leur organisation
interne et leur structure mais leur objectif principal demeure le maintien de
la stabilité des prix ».
Autre axe abordé: la nouvelle loi
bancaire dont le n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés du 24 décembre 2014 a revu le fonctionnement du système bancaire
marocain en introduisant de nouveaux acteurs, de nouveaux services et produits
et de nouvelles règles prudentielles.
Comme l’a rappelé la publication,
elle a « introduit notamment le concept d’Etablissement de paiement, d’agent de
paiement, de la finance participative et du Comité de coordination et de
surveillance des risques systémiques».
Bien que réputé solide et résilient
eu égard à ses bases robustes, le CMC relève que le système bancaire marocain,
qui s’est mis depuis à l’ère de l’Afrique, couve, néanmoins, de nombreux
facteurs de risque.
«La rude concurrence environnante a
conduit, au cours des dernières années, à une réduction relative des marges
d’intérêts et partant vers un repli de la rentabilité», a-t-il estimé.
Le CMC assure toutefois que « ces
résultats sont atténués par les produits des opérations de marché et des
commissions sur prestations de services d’une part et par les opérations
réalisées hors du Maroc, particulièrement sur le continent africain d’autre
part».
Pour autant, la publication assure
que l’inquiétude reste de mise, s’agissant de l’explosion des créances en
souffrance qui exercent une pression croissante sur le taux de risque, en
obligeant les banques à renforcer les opérations de provisions.
L’autre axe étudié, le coût du
crédit dont les taux ont connu une tendance baissière sur deux ans et une
hausse modérée en 2017. « Cette franche tendance à la baisse n’a pas pour
autant permis un démarrage du crédit dont l’encours a augmenté de seulement
2,9% en 2017 contre 4,2% en 2016 », a constaté le CMC.
Il faut dire que la baisse des taux
exacerbée par l’intensification de la concurrence bancaire a suscité des débats
et craintes de la part de la banque centrale; le risque de taux, particulièrement
pour les prêts à l’habitat, pouvant menacer la situation financière des
établissements de crédit.
A ce propos, le CMC a aussi rappelé
que le financement de crédits à long terme à taux fixe par des dépôts d’épargne
à court terme a provoqué des crises ou difficultés bancaires, dans les années
70 au Royaume Uni et dans les années 80 aux Etats-Unis.
Examinant le cas de Bank Al-Maghrib,
le mensuel a relevé que l’un des enseignements majeurs de la crise de 2008 a
été « la montée des risques corrélativement au contexte de mondialisation
marqué par une forte interdépendance des économies qui ont fait le choix de
s’ouvrir sur le reste du monde dans l’espoir de tirer profit des potentialités
de ce développement des échanges ».
Pour espérer tirer parti des
opportunités offertes par cette mondialisation grandissante, le CMC a estimé
que les économies doivent remporter la bataille de la compétitivité en ayant
une structure des prix relatifs avantageuse.
Par contre, cet objectif ne serait
réalisable que si « le niveau des prix est inférieur à celui des concurrents,
le taux de change est en adéquation avec les exigences des exportations et le
système financier est suffisamment robuste pour accompagner les entreprises
dans leurs stratégies de conquêtes des marchés extérieurs tout en consolidant
leur présence au niveau domestique ».
D’où la décision des pouvoirs
publics de renforcer l’autonomie de BAM en matière de conduite de la politique
monétaire.
Enfin, la publication s’est
également intéressée à la flexibilisation du taux de change et son mode de
pilotage serré, faisant remarquer que la
flexibilisation progressive du régime de change est à l’œuvre au Maroc depuis
le début de l’année avec la décision d’élargissement de la bande de
fluctuations de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux devises de
référence. Cette décision qui s’inscrit dans le cadre des nouvelles
orientations en matière de politique de change élargit de 0,3 % à 2,5 % la
marge de variation de la valeur de la monnaie nationale de part et d’autre de
celle fixée par la Banque centrale.
Autant dire que le nouveau système
de change s’inscrit toujours dans une logique de fixité avec une souplesse plus
grande autour de la cotation arrêtée par la Banque centrale. L’impact redouté
sur l’activité et le pouvoir d’achat en cas de dépréciation semble, au vu de
l’étroitesse de la bande de fluctuation, fort limité. Le mode de pilotage de la
parité monétaire à travers la cotation officielle au jour le jour est de nature
à écarter tout risque de dérapage.