Dans l’ordre, ils expliquent que
l’essoufflement du modèle de développement actuel est dû à la persistance des
inégalités sociales et territoriales, la faiblesse de la capacité de création
d’emploi et l’aggravation du chômage, l’essoufflement de la croissance et la
déficience du système de gouvernance.
Selon l’enquête, réalisée au premier
trimestre de l’année 2018, ces derniers pointent aussi du doigt la faible
diversification productive, l’insuffisance de la compétitivité et la faiblesse
du secteur exportateur, la faible convergence vers les standards des pays émergents, l’attractivité et la
faiblesse des rendements des investissements et la détérioration des équilibres
financiers.
Pour juger de la pertinence du
modèle de développement adopté au Maroc,Â
les opérateurs économiques sondés se basent en première position sur la
performance économique et financière (15,7%), la capacité à contribuer
efficacement au développement social (14,9%), la qualité des institutions du
pays (13,4%), les progrès au niveau de la répartition, de l’équité et de la
justice sociale (13,3%) et la diversification de ses structures productives
(12,6%), souligne le CMC dans une note rendue publique récemment.
Bien qu’ils soient tout aussi
intéressants, les chefs d’entreprise jugent moins prioritaires les facteurs
d’évaluation tels que le niveau de la productivité et de la compétitivité
(11,8%), la capacité à faire face aux changements du contexte (10,4%) et la
protection de l’environnement de manière durable (7,5%).
Dans le cas d’une éventuelle
révision du modèle de développement de l’économie nationale, l’enquête a révélé
qu’une majorité des patrons portent leurs choix sur «une stratégie combinant le
développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux
», a noté le CMC.
Il ressort ainsi que « 85,7% des
industriels sondés ont fait ce choix contre seulement 28,6% qui proposent aussi
une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés
internationaux et d’exportation et 11,9% qui n’écartent pas une stratégie axée
principalement sur le développement du marché intérieur », a précisé le Centre.
Dans ce cas, la majorité des chefs
d’entreprise (75%) sondés ont estimé que la réussite d’une telle stratégie doit
s’appuyer en priorité sur le développement régional et la réduction des
inégalités.
Plus de la moitié (59,5%) ont placé
en seconde position l’amélioration des performances économiques, et presque
autant des enquêtés (54,8%) ont soutenu une stratégie portée sur la convergence
vers les standards des pays émergents.
Parmi les leviers sur lesquels il
faudrait agir pour relever ce défi, les opérateurs économiques ont placé selon
l’ordre de priorité : l’éducation, la formation et le renforcement des
compétences et le développement du capital humain (18%), l’accélération des
réformes visant notamment l’amélioration du climat des affaires, des
performances de l’administration, du système fiscal, du système judiciaire et
la décentralisation (16%), l’amélioration du système de gouvernance (14%), le développement
des infrastructures de base (11%) ainsi que la promotion des activités de
recherche et développement dans les secteurs public et privé (11%).
D’autres leviers paraissent aussi
importants aux yeux des chefs d’entreprise. Il s’agit de l’intensification de
l’investissement et du processus d’accumulation du capital physique (9%),
l’amélioration de la compétitivité et l’intégration plus poussée des marchés
internationaux à travers les flux de biens, services et capitaux (9%) et la
facilitation des moyens de financement de l’entreprise (8%).
A noter que l’enquête a montré
qu’une majorité des patrons marocains (66,7%) estime que l’Etat en tant que
puissance publique doit jouer un rôle d’accompagnement dans le nouveau modèle
de développement, précisément de facilitateur, de régulateur, de partenaire et
d’accompagnateur des initiatives privées.
« Un Etat intervenant par le
truchement du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié
que par 23,8% des personnes sondées alors qu’un Etat fixant les choix
stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège)
est souhaité par 50% des opérateurs », a relevé le CMC.
Selon le Centre, les responsables du
secteur privé se disent prêts dans cette perspective « à participer à une
dynamique qu’impose la nécessaire évolution du modèle de développement de
l’économie marocaine. Ils sont tous unanimes à le confirmer (100%) ».
Pour tirer la croissance de
l’économie marocaine dans le nouveau modèle de développement, les patrons ont estimé qu’il faut dynamiser
davantage et en priorité le secteur industriel (27,3%) et les activités de
service (21,3%). L’enquête a aussi révélé queÂ
l’agriculture (19,5%), l’énergie (18,6%) et le secteur touristique
(13,4%) viennent dans l’ordre dans le classement des priorités.
Soulignons enfin que pour les
industriels, les grandes options stratégiques du nouveau modèle de
développement devraient à l’avenir s’appuyer prioritairement sur le
développement de l’économie sociale et solidaire (37,7%), le développement de
l’économie numérique (35,3%) et le développement de l’économie verte (27,0%).