« Le choc économique est tellement
fort, tel un foyer sismique, que ses impacts dépasseraient la présente année
calendaire et ses ondes iraient au-delà pour affecter les performances
économiques de 2021 et des années suivantes », affirme l’observatoire privé.
Aussi, si les choses restent en
l’état, le rebond substantiel attendu de l’économie mondiale en 2021 et annoncé
par les organisations économiques et de conjoncture « ne serait qu’un simple
nivellement de la production potentielle pour s’aligner sur l’année 2019 »,
estime le CMC sans vouloir toutefois paraître pessimiste.
Pour véritablement sortir de cette
crise, le Centre appelle dans sa dernière note intitulée «Stratégies de
relance» à la mise en place de stratégies conséquentes pour soutenir les
entreprises et trouver d’autres organisations et des modes de production
susceptibles de faire face à terme à ce genre de crise et aussi pour apporter
un fort appui à la demande qui souffre d’une atonie sans pareille.
Ainsi, face à ce résultat qu’il juge
déplorable, l’observatoire préconise un ensemble d’actions et de mesures Ã
court, moyen et long termes.
Concernant les mesures à prendre
d’urgence, le Centre plaide en premier lieu pour l’adoption d’«une politique
budgétaire plus agressive qu’à l’accoutumée à travers une loi de Finances
rectificative consistante soulageant les entreprises et la consommation des
ménages sur la base de plans de relance coordonnés ». L’idée étant d’augmenter
d’une manière significative le budget du ministère de la Santé en priorité
absolue et celui des secteurs sociaux.
Le CMC préconise aussi de prévoir
des abattements sur les charges sociales et l’impôt sur le revenu et des
moratoires sur le paiement des impôts ; permettre le rééchelonnement ou un
différé de paiement des crédits bancaires et de renforcer encore plus le
soutien par des prix préférentiels des inputs et des investissements de
l’agriculture (semences, engrais, achats d’engins agricoles…).
L’urgence recommande en outre de
généraliser la couverture médicale à l’ensemble de la population en profitant
du travail de recensement effectué auprès des personnes ayant l’AMO et celles
qui sont en dehors.
Pour les analystes du Centre, les
autorités devraient également s’appuyer sur la base de données ayant permis la
distribution des aides de subsistance pour « étudier la possibilité à partir du
mois de juillet de transformer cette aide accordée aux ménages en un système
pérenne de primes de chômage ».
Outre l’assouplissement de la
politique budgétaire, ces derniers estiment que la politique monétaire devrait
se montrer plus accommodante et innovante que ce qui a été fait à ce jour.
Une parenthèse pour dire qu’en dépit
du prix économique à payer, qui s’élève selon le ministre des Finances et de la
Réforme de l’administration à 1 milliard de dirhams par jour supplémentaire de
confinement total, le CMC pense que la prorogation de trois semaines du
confinement constitue « un acte de prudence extrême ». Mieux, « une déclaration
de fidélité absolue à la ligne politique poursuivie à ce jour visant à limiter
la propagation du virus, à sauver des vies et à protéger la santé des citoyens
», a indiqué le Centre marocain de conjoncture (CMC).
Quant à la levée du confinement, «
il pourrait s’opérer par région et par province sur la base du niveau du taux
de reproduction », affirment les analystes assurant ainsi que pour toutes les
collectivités dont le Rt est inférieur à 0,5, le déconfinement resterait
possible dans le respect des barrières sanitaires.
En préambule à l’élaboration des
stratégies, le CMC plaide à moyen et à long termes pour une accélération des
travaux de la Commission spéciale sur le modèle de développement dont les
résultats, explique-t-il, détermineront les contours du projet de société
souhaité avec plus de précisions et de détails.
Parmi les priorités proposées
figurent en bonne place la recherche et le développement dont les activités
doivent occuper une place prépondérante dans les modifications attendues des
structures productives.
Dans ce second volet, il est
question de réhabiliter l’Etat afin de promouvoir les secteurs sociaux, prendre
en charge les activités stratégiques et accompagner le secteur privé
conditionné par une gestion économique efficiente.
Le CMC plaide aussi pour des
secteurs sociaux dont les stratégies devraient intégrer comme priorités
fondamentales le développement de la santé, de l’enseignement, de l’emploi, de
la sécurité sociale et autres domaines connexes.
Le CMC propose en outre qu’une
conciliation harmonieuse et un partage équitable s’instaurent « entre le
capital et le travail sous forme de contrat social ou d’accord collectif
concerté entre les parties prenantes (les travailleurs, les entreprises, les
syndicats et l’Etat) ».
Tout comme il préconise que la
priorité soit également accordée au développement rural jugé « incontournable »
pour l’économie nationale, réconciliant l’être humain, l’environnement et la
productivité des activités économiques durables.
« Cet espace de vie doit bénéficier
de toutes les accessibilités en matière de services de santé, d’enseignement et
de loisirs susceptibles de créer une attractivité du milieu et de maintenir la
population sur place voire inverser à terme le sens de l’exode », insiste le
Centre.
Enfin, le renforcement de
l’intégration régionale. Sur ce point, le CMC indique que « le choix de
coopération Sud-Sud comme vecteur d’émergence principalement avec les pays
subsahariens (en attendant une détente éventuelle pour la construction du
Maghreb) constitue un atout considérable à renforcer.
Par ailleurs, afin de préserver un
commerce équitable entre les parties prenantes, il appelle à saisir cette même
occasion marquée par des changements profonds dans la restructuration des
économies du monde provoqués par la crise, pour revoir les accords de
libre-échange déjà établis.