Selon les dernières données sur le
marché du travail, la reprise du cycle de croissance en 2017 aura généré au
total un volume de 86.000 emplois nets additionnels, soit à peine 75% de la
moyenne des emplois créés par an durant la décennie 2004-2014. Aux yeux des conjoncturistes du Centre
marocain de conjoncture (CMC), ce résultat est nettement insuffisant pour
pouvoir absorber les nouvelles populations accédant pour la première fois au
marché du travail. Cela tient, disent-ils, à l’essoufflement de la croissance
ainsi qu’aux structures productives inadaptées et faiblement compétitives.
«Cela tient également aux déficiences d’un marché où prédomine l’emploi
informel avec ses implications quant à la qualité des emplois offerts en termes
de qualification, de sécurité et de protection sociale. Ce constat devrait
orienter, à l’avenir, les stratégies à long terme en matière d’emploi», ajoute
le CMC.
Ce dernier soulève en substance la
problématique des statistiques officielles du marché du travail qui,
estime-t-il, ne sont pas assez détaillées pour que les décideurs puissent les
utiliser et orienter leurs actions. Les statistiques de l’emploi concernent
parfois les secteurs et les branches qui les composent et parfois se limitent
aux secteurs. D’autre part, ces mêmes statistiques posent un problème
d'homogénéité, ce qui rend difficile la possibilité d’analyser l’évolution ou
de faire des comparaisons entre ces mêmes statistiques. «Parfois, ces
statistiques sont des chiffres bruts et parfois des chiffres nets. Alors qu’il
fallait fournir ces chiffres en détail par secteur et par branche en brut et en
net d’une manière exhaustive pour apprécier les performances des politiques
sectorielles», soutient la note du CMC.
Par ailleurs, les conjoncturistes
reviennent sur l’impact des IDE, constatant que même si ceux-ci ont
sensiblement augmenté, leur potentiel de création d’emploi est différent selon
les secteurs. Le CMC estime que la réorientation qui se profile des
investissements vers le secteur manufacturier pourrait davantage favoriser la
création d’emplois et une meilleure répartition des richesses. Face à
l’incapacité du marché du travail à réduire le chômage au Maroc, en particulier
celui des jeunes, le CMC est convaincu du fait que les solutions à ce problème
ne sont à rechercher ni dans l’utilisation des contrats de travail, ni dans les
aides à l’embauche aux entreprises. Il s’agit plutôt de «mettre en place les
conditions d’une croissance forte et soutenue à même de rendre confiance aux
entreprises et leurs permettre de réaliser des investissements plus
productifs». La note du CMC ne manquera pas de pointer le positionnement du
Maroc parmi les pays qui connaissent les plus fortes tendances à la défaillance
des entreprises. Une situation qui résulte d’un contexte économique
insuffisamment immunisé contre les risques de par ses faiblesses à la fois
structurelles (management étriqué, faibles qualifications de la main-d’œuvre,
diversification et intégration industrielles insuffisantes…), conjoncturelles
(impact symptomatique d’un secteur agricole fortement soumis aux aléas
pluviométriques, saturation de secteurs spécifiques…) et de comportement
(défaut de posture entrepreneuriale, mimétisme…).