Rien de réjouissant donc. Il faut
dire que la crise du Covid-19, l’une des plus sévères que le monde ait connues
depuis de nombreuses décennies, a mis à l’épreuve toutes les économies de la
planète.
Comme l’a relevé le CMC dans sa dernière
publication mensuelle «Maroc Conjoncture» (n° 327), «l’ampleur de ses
conséquences économiques et sociales est considérable» et le Royaume n’y
échappe pas.
Le Maroc qui, dès l’apparition des
premières contaminations par le virus, début mars 2020, a pris un ensemble de
dispositions pour limiter les dégâts, potentiellement prévisibles du fait de la
pandémie, a rappelé le Centre dans ce spécial portant sur «Post-Covid-19 :
Stratégie et mesures pour la relance économique».
Comme partout ailleurs, cette
situation a nécessité de la part des pouvoirs publics des prises de décision
dans l’urgence pour sauver des vies humaines, éviter l’effondrement de
l’économie et empêcher une crise sociale qui plongerait le monde dans un chaos
sans précédent, a souligné le CMC dans un communiqué publié récemment.
Pour l’institution, spécialisée dans
l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact,
«les dégâts auraient été incommensurables sans le confinement, rapidement mis
en place et sans les mesures appropriées, prises au niveau des règles
sanitaires de prévention et de traitement».
Mais quand bien même ces agencements
auraient permis d’éviter des pertes humaines importantes, comme celles
observées par de nombreux pays, force est de constater qu’ils se sont avérés
coûteux en termes de disponibilité de revenus et de préservation d’emplois.
Ainsi que l’a fait remarquer le CMC
dans sa publication, «le choc combiné de l’offre et de la demande a pesé lourd
sur l’économie nationale, au point d’imposer l’urgence d’une rectification de
la loi de Finances en vigueur pour l’exercice 2020».
L’Observatoire a noté que, suite à
l’éclatement de la pandémie du coronavirus et la forte perturbation ayant
affecté le fonctionnement normal de l’ensemble des marchés dans leurs doubles
dimensions d’offre et de demande, l’Etat a pris tout un train de mesures de
nature à aider les entreprises à retrouver des niveaux d’activité d’avant la
survenue de cette catastrophe sanitaire.
A ce propos, il rappelle que la stratégie
interventionniste de l’Etat comprend deux volets. Ainsi, «au dispositif de
garanties musclé piloté par la Caisse centrale de garantie (CCG) pour le compte
de l’Etat, Bank Al-Maghrib (BAM) a inauguré une nouvelle ère dans la conduite
de la politique monétaire en phase avec la gravité de cette conjoncture inédite
dans les annales économiques du pays».
A travers cette double intervention,
les autorités entendent préserver l’intégrité du tissu productif en limitant
les fermetures et les faillites d’entreprises, et d’autre part d’assurer la
disponibilité des financements nécessaires à toute relance des activités
productives et au retour progressif à la normale, rappelle également le CMC.
Si l’engagement des Etats s’avère
sans précédent, au CMC on est persuadé qu’il est essentiel de veiller à
«reconstruire en mieux», c’est-à-dire à favoriser une reprise respectueuse de
l’environnement, soutenant le potentiel de croissance à long terme, qui
améliore l’inclusivité et réduit les inégalités.
Les économistes du Centre estiment
ainsi que «la stratégie de développement agricole devrait à l’avenir œuvrer
pour la convergence du monde rural vers les standards du milieu urbain en
termes de revenus, d’emploi, de niveau de vie et d’inclusion». Ils estiment
qu’«un tel objectif ne devrait pas perdre de vue, dans le nouveau contexte
post-épidémique, l’impératif de sécurité alimentaire».
Toujours à propos de cet axe, le
Centre rappelle que le monde rural a souffert doublement tout au long de
l’épisode épidémique notant qu’aux effets dévastateurs de la crise sanitaire
qui a pratiquement paralysé les flux commerciaux dans les campagnes se sont
ajoutées la sévérité du climat et son incidence sur les principales
spéculations.
Cela dit, « en dehors des cultures
céréalières qui ont été durement affectées par la sécheresse, les évaluations
de la production agricole au terme du premier semestre montrent une certaine
résilience du secteur qui a permis d’approvisionner de façon régulière les
marchés et de répondre à la demande intérieure en produits alimentaires de
base.
S’agissant du Système de santé
publique, autre axe abordé dans ce spécial, le CMC constate que «l’électrochoc
de la pandémie a été à l’origine d’une métamorphose du système de santé
publique qui, sans transition, a vu s’estomper toutes les récriminations, pour
faire la démonstration d’un engagement sans faille, d’un service de qualité
vanté par les pays à haute infrastructure sanitaire et donné en exemple par
l’Assemblée générale de l’OMS».
Ainsi, a-t-il poursuivi, en réponse
à sa faillite préalablement annoncée, l’hôpital public a fait preuve d’une
résilience sans faille, résultat d’un effort de l’ensemble des parties
concernées. Ce, malgré les «dysfonctionnements et autres insuffisances, à
caractère structurel, qui n’ont pas disparu pour autant».
Les déficits en ressources humaines,
en équipements et en accès équitable aux soins restent latents. La question est
désormais de savoir s’il est possible de transformer cette performance
conjoncturelle en modèle d’efficacité durable. Enfin, pour le Centre marocain
de conjoncture, «s’il est une leçon à tirer de l’épisode épidémique, c’est
qu’il devient absolument nécessaire de se prévaloir à l’avenir d’un certain
degré de résilience face aux chocs de toute nature».